Une exposition déconseillée aux moins de 16 ans au British Museum

Par Sarah Barry · lejournaldesarts.fr

Le 28 juin 2013 - 490 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [28.06.13] – Cet automne, le British Museum présente une exposition sur l’art érotique japonais, qui s’appuiera sur des gravures anciennes au contenu sexuellement explicite. Les enfants de moins de 16 ans devront être accompagnés d’un adulte. De telles pratiques se sont multipliées ces derniers temps.

Récemment distingué pour la 5e année consécutive comme l’attraction touristique la plus populaire du Royaume-Uni, le British Museum va instituer une limite d’âge pour l’accès à l’exposition qu’il présentera à l’automne 2013. Consacré aux shunga, gravures anciennes japonaises à caractère érotique, celle-ci sera accessible aux enfants de moins de 16 ans que s’ils sont accompagnés d’un adulte.

Littéralement, shunga signifie « image du printemps ». Ces estampes ont connu un véritable âge d’or aux XVIIe et XVIIIe siècles, séduisant hommes et femmes toutes classes confondues. S’y déploient des scènes érotiques hétérosexuelles et homosexuelles, où le personnage le plus récurrent est la courtisane (la geisha). Les œuvres d’Utagawa Toyoharu représentent par exemple les courtisanes de la maison Tamaya : « c’était une école où se formaient les prostitués », indique Neil MacGregor, directeur du musée, « cela montre toutes les compétences qu’une prostituée de talent devait posséder ».

Une telle interdiction de la part d’un musée n’est pas nouvelle, mais demeure rare. En France, l’exemple le plus récent est la rétrospective consacrée à Larry Clark en 2010 par le Musée d’art moderne de la Ville de Paris (MAMVP) : face au caractère sexuel et violent des photographies du réalisateur américain, la mairie avait décidé d’interdire l’accès aux moins de 18 ans, soulevant une vive polémique qui avait aussi contribué à la notoriété de l’exposition.

Les mesures visant à préserver les plus jeunes des éventuels contenus érotiques d’une manifestation muséale ne vont pas de soi. Actuellement présenté au Louvre dans le cadre de l’exposition sur le dessin dans l’Égypte ancienne, le papyrus de Turin et sa retranscription moderne déroulent aux yeux de tous des scènes de lupanar, qui au XIXe siècle avaient choqué Jean-François Champollion : « des débris de peinture d’une obscénité monstrueuse et qui me donnent une bien singulière idée de la gravité et de la sagesse égyptiennes ».

Autres pratiques : la séparation physique et le panneau d’avertissement. Lors de l’exposition consacrée à Paul Jacoulet au Musée du Quai Branly, le discours muséographique avait pu se mettre au service d’une certaine bienséance, des rideaux cachant les images taboues pour les Micronésiens de personnes révélées dans toute leur nudité. La manifestation « Lanterne magique et film peint » à la Cinémathèque française présentait quant à elle des images pornographiques et scatologiques ; ces dernières avaient été isolées et précédées d’un avertissement écrit.

Objet d’un succès retentissant avec 1,7 million de visiteurs depuis le mois d’avril, l’actuelle exposition du British Museum, « Vie et Mort à Pompéi et Herculanum » compte dans son parcours une statue du dieu Pan s’accouplant avec une chèvre. Un avertissement sollicitant une vigilance parentale a été mis en place.

Légende photo

Attribué à Utagawa Toyoharu , Courtesans of the Tamaya House, 1770-1780, Japon - source British Museum

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