La foire de Monaco pénalisée par l'attentat de Nice

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 27 juillet 2016 - 725 mots

MONACO [27.07.16] - Coincée entre plusieurs événements, en pleine période estivale, l’European Art Fair de Monaco n’a pas accueilli le public attendu. L’attentat de Nice quelques jours plus tôt n’a rien arrangé.

La foire de Monaco, appelée Point Art Monaco il y a un an encore, est sans doute restée trop longtemps confidentielle ‒ jusqu'à l’année dernière, il fallait une invitation pour fouler les 1 200 m2 d’exposition. « Pourtant, c’est un beau salon, avec une bonne organisation », précise la Galerie Omagh. « Des visiteurs m’ont dit qu’ils se seraient crus à Maastricht ! », rapporte Renaud Siegmann, directeur exécutif de la foire. Certes, mais sans la décoration luxueuse ! Un salon de bonne tenue, donc, avec de très larges allées mais, comme le reconnaît Adriano Ribolzi, l’un des membres fondateurs, si « la qualité est présente chez certains exposants, d’autres sont de niveau plus faible. Nous souhaitons nous améliorer mais cela reste compliqué de trouver des exposants, la concurrence est grande entre les foires. »

L’absence du public est sans aucun doute ce dont la foire a le plus souffert. « Nous n’avons vu que des Italiens qui habitent Monaco », soupire Giovanni Sarti (Galerie Sarti, Paris). Thierry Chaudière (Galerie Makassar, Paris) a vu quelques Anglais, Russes et Suisses et beaucoup d’Italiens, « tous intéressés. Le soir du vernissage, il y avait du monde ! », précise-t-il. Le prince Albert II de Monaco était d’ailleurs présent : « Il a tenu à être présenté aux nouveaux venus », rapporte Adriano Ribolzi. Un autre marchand qui a souhaité rester anonyme se fait plus explicite : « La fréquentation n’est pas à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer. Il n’y avait pas d’Américains. Il faut dire que les assurances américaines ne couvrant pas les pays en état d’urgence, les milliardaires ne se déplacent pas. De plus, l’aéroport est à Nice et, en ce moment, ce nom fait peur. » Pourtant, « c’est un salon plein d’espoir, d’assez belle tenue et j’ai pu rencontrer des clients que je ne connaissais pas », temporise Thierry Chaudière. « La conjoncture est très mauvaise et Monaco connaissant en ce moment énormément de travaux, beaucoup de vacanciers ne sont pas venus cette année. Il n’y a qu’à voir le taux de remplissage très bas des hôtels de la ville ! Depuis le 14 juillet, beaucoup ont pris la poudre d’escampette », explique un visiteur monégasque.

Du point de vue des transactions, « tous ont peu travaillé », précise un marchand sous couvert d’anonymat. « Certains n’ont rien vendu. » D’autres, comme Adriano Ribolzi qui accrochait un ensemble de sérigraphies de Warhol issues de la collection d‘Eugenio Falcioni, ont vendu « un petit peu mais, en tout cas, pas de pièces majeures ». « Ni vente ni touche », déplore quant à elle la Galerie Omagh (Paris) qui présentait notamment une Victoire de Samothrace de Yves Klein affichée à 300 000 euros et du mobilier de Carlo Bugatti. « Je n’ai rien vendu », indique le marchand Dario Ghio, précisant qu’il n’avait vu que des Monégasques et qu’une foire, pendant l’été, « c’est pénalisant : les gens sont en vacances et ne pensent qu’à ça ». De son côté, la Galerie Univers du bronze (Paris) a vendu une sculpture de Marino Marini « à un résident » (autour de 25 000 euros). « C’est très calme, il n’y a personne avant 18h. Mais j’ai cinq ou six touches sur des œuvres d’Umberto », indique Michel Poletti. Pourtant, la Galerie Yufuku de Tokyo a fait un carton… avec quatre pièces vendues. C’est dire. Plusieurs marchands pointent du doigt un problème de communication : « Il n’y a aucune affiche ni même de dépliant dans les hôtels de la ville. Les gens ne sont même pas au courant de la tenue du salon. Même les banques n’ont eu aucun écho. Il y a vraiment un effort à faire de ce côté-là ! »

Si certains marchands n’avaient rien à faire là, certaines œuvres présentaient un intérêt, comme une tête de femme de Francis Picabia chez Toninelli (Monaco). Chez Moretti, on pouvait admirer une Allégorie de Ludovico Carracci (1555-1619). Maison d’Art était venue avec des œuvres importantes, comme Paysage de Port Lligat de Salvador Dalí (1950) et Bord de Seine à Argenteuil de Renoir (1880-1890, prix sur demande). « Ces œuvres ont suscité beaucoup d'intérêt et certains tableaux sont réservés », rapporte Marietta Vinci-Corsini. A Pallesi (Monaco) montrait le Concertino de Magnasco. Quant à Giovanni Sarti, il avait accroché l’Allégorie de l’astronomie (ou de la cosmographie) d’Artemisia Gentileschi (1640-1650) tandis que la Galerie Lampronti dévoilait également une œuvre de l’artiste féminine assistée de Bernardo Cavallino.

Légende Photo

Affiche de la European Art Fair à Monaco - Source EAF Monaco

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