Italie - Archéologie

PATRIMOINE ITALIEN

Rome, réouverture du mausolée d’Auguste

ROME / ITALIE

Rouvert en 2021 après une importante restauration, le site avait de nouveau été fermé pour des travaux dans les abords.

L’enceinte circulaire du Mausolée d’Auguste à Rome © Fondation TIM
L’enceinte circulaire du Mausolée d’Auguste à Rome.
© Fondation TIM

Rome (Italie). Le chantier a été colossal. Plus de 11 millions d’euros, publics et privés, ont été mobilisés pour la restauration et l’aménagement du mausolée de l’empereur Auguste (construit à partir de 28 av. J.-C., voir ill.). Les cyprès et les mauvaises herbes masquant ses 87 mètres de diamètre et ses 40 mètres de haut ne sont plus qu’un lointain souvenir. L’ampleur des travaux réalisés est impressionnante : des fouilles archéologiques complexes à environ six mètres sous le niveau de la rue, la création d’une zone piétonne autour du monument ainsi qu’un nouveau parcours muséal de douze salles voûtées avant d’accéder à une passerelle panoramique sur le toit. Quelque 14 000 mètres carrés de maçonnerie du bâtiment ancien ainsi que des ajouts postérieurs ont ainsi pu être restaurés. Cependant, le projet visant à le surmonter d’un dôme d’acier et de verre pour le protéger des aléas climatiques est suspendu faute de ressources financières suffisantes.

Le renouveau d’un site touristique majeur

Fermé pendant quatorze ans, le mausolée a rouvert au public en 2021 avant de fermer de nouveau pour les travaux de réaménagement de la place Augusto Imperator qui s’achèveront d’ici la fin de l’année, juste avant le Jubilé, en 2025, qui devrait attirer des millions de touristes dans la capitale italienne. Cette échéance devrait satisfaire la Fondation TIM, qui a financé les travaux à hauteur de 8 millions d’euros, et qui souhaite « faire revivre un site qui sera prochainement parmi les plus visités au monde ».

Malgré l’ampleur du plus grand tombeau circulaire de l’histoire et son importance historique, le mausolée était jusqu’à présent absent des programmes des guides touristiques. Ils n’auraient pourtant pas été à court d’anecdotes. Le monument a connu au fil des siècles plusieurs usages passant d’une tombe à une forteresse, à un jardin suspendu puis à un amphithéâtre pour accueillir des corridas ou tirer des feux d’artifice avant de servir de salle concert. Fermé depuis 1936 par Mussolini, dont la mégalomanie avait désigné le site comme lieu de sa dernière sépulture, il n’est plus un monument disgracieux de Rome, mais le cœur battant de son centre-ville.

Bulgari, grand mécène à Rome

Le mausolée d’Auguste sera prochainement de nouveau ouvert avant l’inauguration, en 2026, d’un musée en son sein. Son aménagement a été confié l’architecte néerlandais Rem Koolhaas, lauréat du prix Pritzker en 2000. Si la rénovation du monument a été rendue possible par le mécénat de la Fondation TIM, la création du musée bénéficie d’un apport financier de 700 000 euros par la Fondation Bulgari. Le joaillier connaît bien les lieux pour avoir ouvert au printemps dernier un hôtel de luxe sur la place Augusto Imperator dans un bâtiment de 14 000 m2 et de sept étages. Rome est le berceau de la maison Bulgari et la société s’est imposée ces dernières années comme l’un des plus importants mécènes pour la préservation et la valorisation de son patrimoine. Six monuments ont bénéficié de son financement. Après avoir activement participé à la réhabilitation de l’escalier de La Trinité-des-Monts sur la place d’Espagne et contribué à la restauration des mosaïques colorées des thermes de Caracalla, Bulgari a récemment financé la restauration de l’Area Sacra de Largo Argentina. Ce complexe archéologique à l’abandon en plein cœur de la ville a pu rouvrir au public l’an dernier. « Nous sommes très fiers de ce lien et heureux que Bulgari continue à le renforcer », s’est félicité le maire de Rome Roberto Gualtieri en insistant sur « les travaux en cours qui ont été un peu ralentis par les nombreuses découvertes archéologiques, mais qui rendront le mausolée d’Auguste encore plus riche pour les visiteurs ». Une référence à l’élégante tête en marbre de la déesse Vénus retrouvée l’été dernier à l’occasion des fouilles archéologiques dans le cadre du chantier de la place Augusto Imperator.

Vue aérienne du mausolée d’Auguste, Rome. © Fondation TIM
Vue aérienne du mausolée d’Auguste.
© Fondation TIM

Le projet est désormais entré dans sa phase finale. Les travaux de la place menés par l’architecte Francesco Cellini seront définitivement achevés avant la fin de l’année. « Ce sera une très belle place qui reliera sa partie antique et la partie moderne avec, en son centre, l’extraordinaire mausolée d’Auguste », assure l’architecte. L’aspect de la place a déjà radicalement changé. Au cours des dernières décennies, elle avait fini par perdre son identité, ravalée au rôle de simple lieu de transit et de stationnement illégal. La restauration du mausolée et l’ambitieux investissement hôtelier de Bulgari lui ont déjà rendu toute sa dignité. Il ne reste qu’à découvrir les détails du projet de Rem Koolhaas pour le nouveau musée qui parachèvera la renaissance du mausolée.

Mausolée d’Auguste,
place Augusto Imperatore, 00186 Rome, Italie.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°632 du 26 avril 2024, avec le titre suivant : Rome, réouverture du mausolée d’Auguste

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