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Le Perelman Center, le nouveau pari de New York

NEW YORK / ETATS-UNIS

Les autorités new-yorkaises ont donné leur accord pour la construction d’un centre artistique et culturel sur le lieu hautement symbolique du World Trade Center, financé en partie par le milliardaire Ronald Perelman.

Perelman center © Luxigon
Perelman center
© Luxigon

New York. Entre les tours massives du Lower Manhattan, le quartier du World Trade Center (ou Ground Zero) est une plaine urbaine inattendue. Ce lieu tristement célèbre pour avoir été frappé par trois avions détournés le 11 septembre 2001, faisant 2 977 morts, est depuis un chantier permanent. Après l’inauguration en 2011 de deux mémoriaux, des fontaines bâties sur les fondations des deux tours détruites, celle du musée consacré à l’attentat en mai 2014, l’ouverture du plus haut building de New York en novembre 2014 et la mise en service d’une gare au design détonant, la dernière « pièce du puzzle » censée reconstruire les 650 mètres carrés ravagés vient d’être approuvée par les autorités de New York : la construction du Ronald O. Perelman Performing Arts Center, dit Perelman Center.

Difficile d’imaginer le résultat sur cette place aujourd’hui défigurée par les travaux. Selon les plans du cabinet d’architectes REX, sélectionné pour réaliser ce projet, le nouveau centre artistique et culturel dirigé par l’ex-icône de la chanson Barbra Streisand aura une forme cubique, surmontée d’un cercle de verdure et ouvert d’une sorte de brèche à sa base, qui servira d’entrée au bâtiment. « New York compte parmi les institutions culturelles et créatives les plus renommées dans le monde et avec ce nouveau centre des arts du spectacle, Manhattan scellera sa réputation de carrefour international pour les arts », promet le gouverneur de New York Andrew Cuomo, dans un communiqué paru le 15 février, annonçant le feu vert des autorités de la ville pour la construction du bâtiment de 18 500 mètres carrés.

Une naissance compliquée

Le Perelman Center se décrit lui-même avec une ambition assumée : le centre « sera un nouveau genre d’espace artistique pour la prochaine génération de spectateurs et d’artistes, redéfinissant Manhattan comme la première destination culturelle et sociale », peut-on lire sur le site du projet. Il a cependant peiné à exister depuis 2003, date à laquelle il est inclus dans le plan d’ensemble pensé par l’architecte Daniel Libeskind pour reconstruire Ground Zero. D’abord designé par l’architecte Frank Gehry et passé entre les mains du New York City Opera, puis du Signature Theater Company, suivi du Joyce Theater et même du centre artistique The Shed, qui ouvrira au printemps 2019 et promet de concurrencer son futur voisin, le projet de PAC (pour Performing Arts Center) a finalement profité d’un sursaut en 2016, avec le don de 75 millions de dollars de l’homme d’affaires et milliardaire Ronald O. Perelman.

Avec une levée de fonds de près de 300 millions de dollars au total, soit 82 % du budget nécessaire à la construction du centre, le projet a pris une tournure concrète au mois de février, conduisant à la signature d’un bail symbolique de 99 ans renouvelable, moyennant un dollar par an, avec le conseil des commissaires de Port Authority. Les travaux de fondation du Centre Perelman, qui pourrait ouvrir ses portes dès la saison 2020-2021, seront même achevés « d’ici la fin de l’année », promet le gouverneur Cuomo. Dernière tournure concrète du projet : la nomination d’un directeur artistique, Bill Rauch, metteur en scène connu pour ses productions avant-gardistes, qui quittera cet été l’Oregon Shakespeare Festival qu’il dirige, pour rejoindre la forêt de gratte-ciel de la Grosse Pomme.

Une ambition internationale

Mais que trouvera-t-on dans cette Mystery Box, le nom donné au design du cabinet REX, qui promet de renverser la scène artistique new-yorkaise, voire mondiale ? Le centre se déclinera en trois salles modulables permettant d’accueillir jusqu’à 1 200 personnes – à titre comparatif, le théâtre de la Ville à Paris affiche quant à lui une capacité de 1 000 personnes. « Danse, théâtre, opéra de chambre contemporain, musique et espace d’accueil pour le festival du film de Tribecca » : le futur centre n’est pas avare de promesses en matière de genres artistiques qu’il compte promouvoir, héberger – et même produire. Le Perelman Center compte par ailleurs installer « des équipements de pointe dans les espaces consacrés au public et aux performances » pour devenir un modèle en matière de hautes technologies du spectacle.

« Le Perelman sera un centre artistique dans lequel les artistes pourront traverser les frontières entre les disciplines, les œuvres classiques et nouvelles, entre les artistes professionnels et communautaires », précise Bill Rauch. « Nous célébrerons une diversité la plus large possible dans les cinq arrondissements de New York, en invitant les artistes professionnels du monde entier à créer des œuvres d’art provocatrices, puissantes et accessibles, souvent en collaboration avec les communautés locales », ajoute-t-il, précisant qu’il se rendra à New York chaque mois jusqu’à son déménagement définitif pour « lever des fonds, bâtir une équipe, une stratégie et planter les premières graines pour les projets de la saison inaugurale ». Pour lui, « c’est vraiment le genre d’opportunité que l’on n’a qu’une fois dans une vie ».

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°496 du 2 mars 2018, avec le titre suivant : Le Perelman Center, le nouveau pari de New York

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