Collection

Le bronze d’un sculpteur virtuose

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 26 septembre 2023 - 442 mots

Avec sa dernière acquisition, le Musée de la vie romantique braque les projecteurs sur un des artistes les plus atypiques et flamboyants de son temps.

Fasciné par Alexandre Dumas

Mélingue brûle les planches et campe de nombreux rôles du répertoire d’Alexandre Dumas. L’écrivain est totalement fasciné par ce personnage flamboyant au parcours rocambolesque. Dumas relate d’ailleurs la destinée de celui qui « semblait modelé sur une statue » dans La Vie d’artiste, narrant la trajectoire de ce fils d’un douanier de Caen, formé à l’école gratuite de dessin, qui nourrit des rêves de grandeur, s’enrôle dans de petites troupes et vit de modestes cachets jusqu’à embrasser la gloire.

Un artiste aux multiples talents

Peintre, sculpteur, lithographe et même miniaturiste, Étienne-Marin Mélingue n’est pourtant guère connu des amateurs d’art du XIXe siècle. Il est en revanche une référence pour les amoureux des planches. Car, outre ses solides compétences plastiques, cet artiste complet possédait en effet un grand talent de comédien. À tel point qu’il est même considéré comme l’un des meilleurs de la monarchie de Juillet et du Second Empire, la star des pièces de cape et d’épée qui triomphent alors.

Capable de modeler une statue sur scène

Artiste complet, Mélingue incarne cette fusion des arts tant vantée par les romantiques. C’est d’ailleurs en faisant montre de ses multiples facettes qu’il est plébiscité par le public, puisque c’est dans la peau du sculpteur Benvenuto Cellini qu’il rencontre son plus grand succès. Les spectateurs sont sidérés par ce comédien qui modèle une statue sur scène. Il réitérera la performance en se glissant dans le costume du peintre baroque Salvator Rosa et charmera son audience en maniant les pinceaux.

La sainte patronne des musiciens

Homme de scène, Mélingue a logiquement réalisé de nombreuses effigies de personnalités phares du théâtre et de célébrités littéraires et musicales. L’une de ses pièces les plus importantes est ainsi sa statue de Corneille, un Normand comme lui. Sainte Cécile est plus atypique dans son corpus, même si, plus qu’une représentation religieuse, il faut voir davantage dans cette figure l’exaltation non seulement d’une belle femme, mais surtout de la patronne des musiciens, l’art suprême à l’époque romantique.

Emblématique d’une époque

Cette statuette de 41 cm est remarquable par sa finesse d’exécution, notamment dans les détails de l’orgue et du costume. Très précis, ce dernier illustre la vogue historiciste de l’époque. Elle est caractéristique de l’engouement pour les petits bronzes qui avaient vocation à décorer une commode, un bureau ou une cheminée. Ils sont emblématiques de l’art de vivre de la monarchie de Juillet et de l’essor de la société bourgeoise, qui raffole de ces objets abordables qui permettent de décorer efficacement une demeure.

À voir
Depuis le 23 septembre, les dernières acquisitions du Musée de la vie romantique sont exposées dans une salle dédiée. Musée de la vie romantique, 16 rue Chaptal, Paris-9e. museevieromantique.paris.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°768 du 1 octobre 2023, avec le titre suivant : Le bronze d’un sculpteur virtuose

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