Italie - Biennale

La Biennale de Venise refuse d’exclure Israël 

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 1 mars 2024 - 439 mots

VENISE / ITALIE

Elle réagit à une pétition signée par des milliers d’acteurs culturels qui réclame le retrait d’Israël de l’édition 2024.

Le pavillon israélien dans les Giardini lors de la biennale de Venise en 2017 © Photo Ludovic Sanejouand pour Le Journal des Arts
Le pavillon israélien dans les Giardini lors de la biennale de Venise en 2017.
© Ludovic Sanejouand pour Le Journal des Arts

Faisant suite à une campagne en cours, la Biennale de Venise a officiellement annoncé mercredi 28 février qu’elle n’exclurait pas le pavillon national israélien. La Biennale d’art contemporain précise dans une déclaration que « tous les pays reconnus par la République italienne peuvent demander de manière autonome de participer officiellement » et qu’à ce titre, elle ne « prendra en considération aucune pétition ou appel visant à exclure la participation d’Israël ou de l’Iran ».

La Biennale rappelle que plusieurs artistes palestiniens participeront aussi à l’événement, et que la décision de fermer le pavillon russe à la 59e exposition internationale d’art en 2022 n’était pas de son ressort, puisqu’elle avait été prise par le commissaire d’exposition désigné par le ministre de la Culture de la Fédération de Russie.

Cette déclaration répond directement aux critiques qui lui ont été adressées dans une lettre ouverte du collectif Art Not Genocide Alliance (ANGA), signée par des milliers d’artistes, d’architectes et de curateurs qui appelle la Biennale à exclure Israël de l’édition 2024. La lettre souligne que la Biennale de Venise avait déjà banni l’Afrique du Sud en raison de sa politique d’apartheid, et qu’elle a exclu la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine en 2022. Pourtant, elle serait « restée silencieuse sur les atrocités commises par Israël contre les Palestiniens » alors que près de 30 000 personnes ont été tuées à ce jour dans la bande de Gaza depuis l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre 2023. « Toute représentation officielle d’Israël sur la scène culturelle internationale est une approbation de ses politiques et du génocide à Gaza », ajoute-t-elle.

Gennaro Sangiuliano, le ministre italien de la Culture, a condamné cette lettre dans un communiqué du mardi 27 février, la qualifiant d’« inacceptable », « honteuse » et estimant qu’elle « menace la liberté de pensée et de création ». Il affirme qu’« Israël a non seulement le droit d’exprimer son art, mais a aussi le devoir de représenter son propre peuple au moment où celui-ci a été durement frappé par surprise par des terroristes sans pitié ».

La 60e exposition internationale d'art de la Biennale de Venise aura lieu du 20 avril au 24 novembre 2024, sous la direction du commissaire d’exposition brésilien Adriano Pedrosa. Elle a pour thème « Stranieri Ovunque – Foreigners Everywhere » (Étrangers partout) et mettra à l’honneur les artistes étrangers, notamment ceux issus de l’immigration et de l’exil. Pour l’occasion, les quatre-vingt-dix pays invités pourront comme à l’accoutumée exposer leurs œuvres dans des pavillons nationaux au sein des Giardini, mais aussi à l’Arsenal et dans d’autres endroits de la ville.

L'installation Archéologie du présent de Tsibi Geva sur le pavillon israélien en 2015 qui évoque les rapports tendus entre les peuples. © Photo Ludovic Sanejouand pour Le Journaldes Arts
L'installation Archéologie du présent de Tsibi Geva sur le pavillon israélien en 2015 qui évoque les rapports tendus entre les peuples.
© Ludovic Sanejouand pour Le Journal des Arts

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