Livre

À son image

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 29 août 2018 - 214 mots

Alors quoi ? À peine l’héroïne, Antonia, entre-t-elle en scène qu’elle perd la vie : que nous veut-on ? Le reste du récit, après la découverte du corps de la jeune photographe, est celui de la messe de son enterrement.

Couverture de <em>A son image</em>, de Jérôme Ferrari.
Couverture de A son image, de Jérôme Ferrari.

Elle est célébrée par un prêtre, le parrain de la jeune femme. À travers sa voix intérieure, qui s’interroge sur le déchirement qu’il vit – entre sa douleur face au corps fracassé de sa filleule chérie et sa foi en Dieu qui sauve de la mort –, à travers aussi la présence de ceux qui ont aimé Antonia et qui ressurgissent dans les souvenirs évoqués au fil des pages, la photographe défunte semble reprendre vie. Faut-il souligner que le roman se déroule en Corse, et que la messe est chantée en polyphonie ? Derrière la voix principale, se révèle ainsi le sujet véritable de ce roman en douze chapitres de Jérôme Ferrari : une réflexion qui explore les liens de la photographie avec la vie en train de s’écouler et qu’elle fige comme le fait la mort, mais aussi avec le Mal, dont elle peut se rendre complice. Avec force et sensibilité, dans un rythme littéraire qui emporte, cet écrivain professeur de philosophie transforme un questionnement qui pourrait être théorique en un enjeu vital.

Jérôme Ferrari, A son image
 
Actes Sud, 224 p., 19 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : À son image

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