Si, à compter de la Renaissance, l’intérêt de l’Europe pour le portrait n’a jamais faibli, l’avènement de la photographie au XIXe et son appropriation du genre ont provoqué un engouement qui s’apparenterait presque à du fanatisme. Aujourd’hui, en effet, après deux siècles d’emballement technologique, l’humain s’expose partout, son visage en tête. Médias, livres d’histoire et albums de famille étalent des milliers de trombines, au risque d’user notre regard. Pas étonnant alors que, face à cette frénésie, le portrait photographique ait perdu de sa magie originelle. Loin d’être le miroir de l’âme, il n’est également plus le voleur de l’être, suggéré par Balzac. Car, avant d’être un individu, une « identité », le portrait est une image plane, plate ; une « opinion » dit Richard Avedon.
Les trois cents photos réunies par l’auteur pour dégager les tendances du « nouveau portrait » en font la démonstration. De Désirée Dolron et ses visages désincarnés à Elisabeth Heyert et ses portraits diablement vivants de masques mortuaires, en passant par Valérie Belin et ses mannequins, les portraitistes actuels comme Éric Nehr (couverture) questionnent l’essence même d’un genre en pleine renaissance. Troublant.
William A. Ewing, Faire faces, Actes Sud, 242 p., 49 €.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le nouveau portrait après deux siècles de photographie
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Le nouveau portrait après deux siècles de photographie