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La sculpture française en Amérique

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 29 novembre 2023 - 344 mots

Les États-Unis invitent, depuis le XVIIIe siècle, les sculpteurs français ou importent des œuvres de France. Une histoire riche et largement méconnue.

C’est à un passionnant voyage que convie Laure de Margerie sur les traces de la sculpture française aux États-Unis. L’autrice nous apprend que « la première œuvre d’art jamais commandée par le Congrès américain », un monument à la mémoire du général Montgomery, l’a été avant même l’indépendance. « Jean-Jacques Caffieri fut chargé, en 1777, de la commande. Il prit bien soin de signer “de Paris” et “sculpteur du roi”. » D’autres œuvres de Caffieri, mais aussi de Jean-Antoine Houdon au XVIIIe siècle, puis de Pierre-Jean David d’Angers au début du XIXe siècle scellèrent l’amitié franco-américaine. Le goût pour cette époque persista longtemps : à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, de grands collectionneurs s’arrachaient des œuvres de Houdon importées de France. Après la Seconde Guerre mondiale, un train français chargé de témoignages de reconnaissance du peuple français fut expédié outre-Atlantique. Parmi les 50 000 objets ainsi offerts figurait une terre cuite de Pierre Taveau, une statue en pied de 2 mètres représentant George Washington et datant de 1783 ou 1784. On ne sait ce qu’elle est devenue…

Héroïne résistante et féministe, la figure de Jeanne d’Arc s’est répandue sur le territoire américain. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les modèles d’Emmanuel Frémiet (1889), de Marie d’Orléans (1836) et de Paul Dubois (1889) ont fait l’objet de nouvelles fontes pour répondre à toutes les commandes. La guerrière française était prude et donc facilement acceptée, contrairement aux nus qui, longtemps, n’ont pas eu droit de cité. Le goût largement partagé pour la sculpture animalière pourrait bien avoir été le résultat de ce puritanisme ambiant.

Heureusement, les musées sont apparus et de magnifiques collections se sont constituées, optant souvent pour des choix avant-gardistes. Cette plongée dans la culture franco-américaine s’achève par un épais dossier consacré par Antoinette Le Normand-Romain au cas d’Auguste Rodin. Une histoire dans l’histoire qui mène de 1876 aux décombres du World Trade Center, en 2001.

Laure de Margerie
avec la participation d’Antoinette Le Normand-Romain
La Sculpture française, une passion américaine,
INHA/Snoek, 2023, 496 p., 49 €.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°622 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : La sculpture française en Amérique

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