Livre

La hausse du prix du papier : un risque pour le livre d’art ?

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 27 mars 2023 - 483 mots

En janvier 2022, tous les éditeurs, particulièrement ceux de livres d’art, faisaient un sombre constat : la pénurie de papier et la hausse des prix, amorcées six mois auparavant, s’aggravaient.

Ils n’envisageaient pas d’amélioration de la situation, compte tenu de l’envolée des prix de l’énergie mais aussi de l’offre limitée de papier, provoquée par la hausse constante de la demande en carton engendrée par le développement du commerce en ligne. Face à cette situation, les éditeurs ont été dans l’obligation d’anticiper considérablement leur travail éditorial et de passer commande aux imprimeurs ou aux fabricants de papier bien plus en amont que d’habitude. Malgré leur succès, certains ouvrages d’art et catalogues d’exposition n’ont ainsi pu être réimprimés. Des livres ont également été reportés. Le choix des papiers s’est alors adapté aux disponibilités, sans pour autant augmenter le prix de vente des livres. Un an plus tard, la guerre en Ukraine, la poursuite de la hausse des prix de l’énergie et l’envolée du coût des transports n’ont pas infléchi le cours du prix du papier. Au contraire. « Les coûts du papier peuvent avoir augmenté de 50 % par rapport à la période avant-Covid. La disponibilité s’est cependant améliorée à la commande de papier », relève-t-on chez Paris Musées. Les éditeurs n’envisagent pas pour autant de réduire le nombre de parutions au premier semestre 2023. Les bons résultats enregistrés en général au niveau des ventes en 2022, surtout en fin d’année, les conduisent à conserver le même rythme que celui enregistré au premier semestre 2022. « Nous serons dans la même moyenne », estime Sophie Laporte, directrice des éditions de la RMN-Grand Palais. De même que l’Atelier EXB qui, « pour l’instant, maintient le même nombre de titres ». « Indépendamment de la problématique de la hausse du prix du papier, nous avons toujours été – et sommes plus que jamais – dans une dynamique d’édition de ce qui nous paraît strictement nécessaire et respectueux de la demande, notamment celle des libraires », souligne Pauline Capitani, responsable de la direction production papier et numérique d’Actes Sud. Face à des coûts qui ne cessent d’augmenter et à l’impossibilité d’absorber la totalité de ces hausses constantes, les éditeurs ont toutefois été contraints d’accroître le prix de leurs ouvrages. « Cette demande a été formulée par toute la profession pour faire face à une situation inédite », précise Pauline Capitani. Elle varie entre un et quatre euros selon le type d’ouvrage pour Paris Musées, conscient comme tous les éditeurs de catalogues d’expositions ou de livres d’art que « les prix ne pourront cependant pas être augmentés sans tenir compte de l’acceptabilité du public ». « Nous devons donc rechercher davantage de soutiens publics et privés pour chacun de nos titres. Et nous ne sommes pas les seuls. Ce qui crée une forte sollicitation sur ces partenaires déjà peu nombreux », souligne-t-on à l’Atelier EXB. Quant à l’impact de ces hausses sur les achats de livres, il est encore trop tôt pour le mesurer.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : La hausse du prix du papier : un risque pour le livre d’art ?

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