Livre - Photographie

Émile Zola, l’écrivain photographe

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 3 janvier 2024 - 328 mots

Émile Zola est connu pour ses écrits, moins pour ses photographies. Pourtant elle fut sa passion durant les huit dernières années de sa vie.

En 2017, la préemption de 2 000 négatifs originaux par la Médiathèque du patrimoine et de la photographie, lors de la vente publique par Artcurial d’un fonds important de photographies et de documents de l’écrivain, aboutit sept ans plus tard à la publication d’un ouvrage fouillé et richement documenté. Les différents textes sur la présence de la photographie dans l’œuvre ou sur les différentes caractéristiques de la production photographique du romancier offrent un panorama des plus exhaustifs sur sa créativité.

Zola a 48 ans quand il découvre, lors d’une cure à Royan, la photographie et son amour pour Jeanne Rozerat qui lui donnera deux enfants, Denise et Jacques. La grande fresque des Rougon-Macquart achevée, l’amateur éclairé devient quelques années plus tard un professionnel ardent et doué, sans pour autant chercher à vendre, exposer ou publier ses tirages. L’écrivain, également journaliste et critique d’art, a trouvé dans le médium le moyen de scruter autrement le réel et d’exprimer différemment ses émotions et perceptions du monde et de les mémoriser. Il s’intéresse autant à la prise de vue, aux appareils photographiques qu’aux techniques de tirage. Portraits de ses enfants, de leur mère Jeanne, de son épouse Alexandrine, de ses amis et autoportraits seul ou avec eux plongent le lecteur dans la vie intime de Zola. Certains portraits flirtent avec l’art pictural de son temps, les peintures d’Édouard Manet en particulier. Natures mortes liées à son univers littéraire et artistique, paysages, vues de Rome, de Londres pendant son exil ou de Paris, développement du chemin de fer ou de l’automobile, Exposition universelle de 1900 : sa pratique ne s’attache à aucun genre. « À mon avis, vous ne pouvez pas dire que vous avez vu quelque chose si vous n’en avez pas pris une photographie, révélant un tas de détails qui, autrement, ne pourraient pas être discernés », disait-il.

Dir. Mathilde Falguière-Léonard, Céline Grenaud-Tostain, Jean-Sébastien Macke, Bruno Martin, Émile Zola et la photographie. Une page d’amour,
éd. Hermann, 2023, 250 pages, 35 €.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°624 du 5 janvier 2024, avec le titre suivant : Émile Zola, l’écrivain photographe

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