Revue

« Arts sacrés » renaît

Par Jean-Luc Toula-Breysse · Le Journal des Arts

Le 30 août 2016 - 438 mots

Créée en 2009 et arrêtée en 2014, la revue spécialisée reparaît dans une formule trimestrielle.

De renaissance en résurrection, de débats en interrogations sur les bouleversements esthétiques du XXe siècle, la revue baptisée Arts sacrés prend un nouveau départ en adoptant pour ligne éditoriale la haute vulgarisation, ce que l’homme de théâtre Antoine Vitez défendait sous la formule lapidaire de l’« élitaire pour tous ». Comment ? Par une approche universitaire, sensible et plurielle quelles que soient les traditions spirituelles. Son rédacteur en chef, frère Philippe Markiewicz, construit les sommaires en prônant « un équilibre entre le patrimoine et le contemporain, privilégiant l’ouverture, l’interreligieux et l’œcuménisme ». Le corpus est, selon lui, infini. Influencé par dom Angelico Surchamp, moine bénédictin de l’abbaye de la Pierre-qui-Vire, fondateur, au début des années 1950, de la revue Zodiaque, il n’exclut aucun champ artistique.

Il y eut des hauts et des bas. L’histoire mouvementée commence par L’Art sacré (1935-1969), revue fondée par Joseph Pichard, un laïc, dirigée ensuite par deux dominicains, le Père Marie-Alain Couturier avec la complicité du Père Pie-Raymond Régamey, historien de l’art. Le Père Couturier, grand missionnaire de l’art moderne, converti à l’abstraction par Fernand Léger, ne peut concevoir la liturgie sans beauté. Il ne cessera de prêcher une réconciliation entre l’art chrétien et les plasticiens du XXe siècle, considérant qu’« il vaut mieux s’adresser à des hommes de génie sans la foi qu’à des croyants sans talent ».

Renée Moineau reprend le flambeau en dirigeant Chroniques d’art sacré (1985-2007), dernier avatar d’une longue saga. Après audits, l’épiscopat décide de l’arrêt de cette publication pour des raisons financières. Frère Philippe, membre du comité de rédaction dans les derniers moments de cette aventure, planche sur un projet indépendant de nouvelle revue. Arts sacrés verra le jour en septembre 2009 chez Faton, maison d’édition dijonnaise, et sera publiée jusqu’en 2014.

Le groupe Artège (Les Éditions du Rocher, Desclée de Brouwer, Le Senevé et Artège, maison catholique créée en 2010) rachète l’année dernière ce titre qui reparaît aujourd’hui dans une nouvelle formule. Le président d’Artège, Bruno Nougayrède, n’a pas hésité, voyant ici « un potentiel, une passerelle entre un monde confessionnel et un monde profane ». Tirée à 4 000 exemplaires, Arts sacrés devient trimestriel, au lieu de bimestriel, et n’est plus en vente en kiosque mais diffusé en librairie par Gallimard et par abonnement.

Un comité scientifique, composé d’universitaires, d’historiens de l’art, de conservateurs et de commissaires d’exposition, conseille, propose des auteurs selon les sujets et critique les articles publiés. Le numéro d’été consacre un dossier à l’art chrétien d’Orient et aborde notamment le travail d’Olafur Eliasson, artiste danois actuellement invité au château de Versailles, et les offrandes musicales du shintoïsme, religion originelle japonaise.

Arts sacrés

revue trimestrielle, www.arts-sacrés.fr

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°462 du 2 septembre 2016, avec le titre suivant : « Arts sacrés » renaît

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