Une huile sur panneau de Bernhard Strigel

Ce panneau est le pendant de L’Ange à l’encensoir, acquis par le Louvre Abu Dhabi en 2009. Ces deux chefs-d’œuvre de la Renaissance allemande faisaient partie d’un même retable, peut-être celui peint pour l’église Notre-Dame de Memmingen, dispersé lors de la Réforme. « Grâce à cette comparaison, nous avons retrouvé sa trace dans les ventes du XIXe et pu reconstituer la paire », souligne l’expert Philippine Motais de Narbonne (cabinet Turquin).

Le retable ayant probablement été démantelé dans les années 1530, la trace du tableau ci-contre est perdue jusqu’en 1816, où il réapparaît dans la vente de la collection Dubois. À l’époque, l’œuvre est donnée à Dürer. Achetée par le comte de Saint-Morys, elle est revendue à sa mort à Berthon. On la perd ensuite de vue jusqu’à sa redécouverte par la commissaire-priseur Pauline Maringe (Artpaugée) chez un particulier près de Toulouse où elle était conservée depuis les années 1950.

L’œuvre est peinte sur un panneau de chêne, d’une seule planche, non parqueté. Il s’agit du panneau d’origine, ni retravaillé, ni aminci. « Il est comme le peintre l’a voulu », observe l’expert.

Bernhard Strigel a effectué deux séjours à Vienne, en 1515, puis en 1520. Grâce à ces voyages, il a découvert l’art, entre autres, de Cranach et Dürer, qui travaillaient à la cour de l’empereur. « Notre tableau présente typiquement l’influence de ces artistes », note l’expert. D’ailleurs, jusqu’à la fin des années 1510, le style de Strigel est proche du gothique tardif mais à partir des années 1520, il intègre toutes les innovations de la Renaissance.

À titre de comparaison, le tableau d’Abou Dhabi avait été adjugé 1,1 million d’euros en 2008 à Drouot, un record pour l’artiste.