Art contemporain

Serge Legs en « Gravurlesques »

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2019 - 338 mots

PARIS

À la Galerie ALB, l’artiste expose ses gravures anciennes parasitées par des signes de la consommation culturelle contemporaine.

Paris. Imaginez des gravures, portraits ou scènes de genre, en noir et blanc, des XVIIIe ou XIXe siècles, celles que Serge Legs (né en 1960) chine chez des antiquaires ou sur Internet et qu’il s’amuse à détourner. Dans un premier temps, l’artiste, dont c’est ici la première exposition personnelle en galerie, numérise la planche. Puis il dessine un élément ou prend une photo d’un objet qu’il va ensuite intégrer, avec ludisme et fantaisie – d’où le titre de son exposition « Gravurlesque(s) » – dans l’image initiale, sur écran, avant d’en tirer une impression papier.

Quelquefois l’intervention saute aux yeux, comme dans cet autoportrait de François Boucher dans lequel Serge Legs a substitué l’image de sa propre main faisant un doigt d’honneur à celle du peintre. Dans d’autres œuvres, son intrusion est moins immédiatement lisible, à l’exemple de ce portrait de Victor Hugo assis, dont ne voit pas tout de suite qu’il tient dans sa main gauche un billet enroulé, un peu de cocaïne s’étale sur le livre à côté de lui. La plupart du temps, Serge Legs combine de façon complexe les détournements rapidement perceptibles et ceux qui nécessitent plus de temps pour être découverts. Ainsi, dans cette œuvre figurant Christophe Colomb de retour des Amériques agenouillé devant la reine et le roi d’Espagne [voir ill.], on voit immédiatement un petit Balloon Dog bleu de Jeff Koons. Mais juste à côté, de façon discrète, figurent aussi des boîtes de Campbell Soup, une paire de Nike, une sérigraphie de Marylin Monroe ou, sur la tête d’un garde et d’un cardinal, un casque de Mickey… Au-delà de l’aspect surréaliste, décalé, amusant, chaque œuvre imprimée en haute définition sur un très beau papier bambou redonne tout son grain à la gravure et révèle de belles qualités plastiques.

Les prix, très raisonnables, vont de 350 à 1 200 euros en fonction de la taille et du nombre d’exemplaires (entre 10 et 50) de chaque édition.

Serge Legs, gravurlesque(s),
jusqu’au 2 février, galerie ALB-Anouk Le Bourdiec, 47, rue Chapon, 75003 Paris

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°515 du 18 janvier 2019, avec le titre suivant : Serge Legs en « Gravurlesques »

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