A New York, Picasso mène le bal...

Le Journal des Arts

Le 3 décembre 1999 - 477 mots

Une conjoncture boursière favorable, beaucoup de liquidités disponibles et des nouveaux acheteurs ont consacré le succès des ventes impressionniste et moderne new-yorkaises. Cependant, certains lots ont gonflé le total.

NEW YORK (de notre correspondante). Même si les acheteurs, en majorité américains, sont plus prudents qu’ils ne l’ont été, les ventes de Christie’s et Sotheby’s à New York, du 8 au 11 novembre, ont totalisé  plus de 402 millions de dollars (2,6 milliards de francs). Ce résultat doit cependant être relativisé car il a été obtenu en partie grâce aux prix exceptionnels atteints par quelques œuvres, dont deux portraits de Picasso.

Selon Diana Brooks, présidente de Sotheby’s, l’absence d’acheteurs très actifs était peut-être due au nombre trop important de lots de plus d’un million de dollars. Et même si de nombreux collectionneurs auraient pu être intéressés, pour la plupart des lots, seuls deux à quatre acheteurs ont fait monter les enchères. En effet, dans la vente Sotheby’s du 11 novembre, huit des neuf lots invendus étaient estimés à plus d’un million de dollars, dont Les premières fleurs de Paul Gauguin, peint à Pont Aven en 1888. À des estimations élevées, s’est ajoutée la qualité moyenne de certaines œuvres. Le 8 novembre, Christie’s proposait une dizaine de petites toiles de Cézanne provenant de la collection Pellerin, qui semblaient davantage être des esquisses à l’huile que des œuvres achevées. Trois sont demeurées invendues, quatre ont été adjugées à un prix inférieur à leur estimation basse, tandis que les trois autres partaient à un prix dans la fourchette de l’estimation. Toutefois, un certain nombre d’œuvres ont largement dépassé leur estimation grâce à leur qualité et leur rareté, réalisant même quelques records d’artistes. Un plâtre d’une danseuse de Degas a été adjugé au téléphone 12 millions de dollars, un record pour une sculpture de l’artiste. De même, un grand paysage, Printemps sur les Alpes, de Giovanni Segantini a été acquis par un marchand américain à 9,5 millions de dollars, dépassant largement les 6 millions de son estimation haute et établissant ainsi un record pour un artiste rarement présent sur le marché américain. Les deux auctioneers mettaient chacun en vente un portrait de Picasso qui a obtenu, de loin, la meilleure adjudication. Chez Christie’s, le 9 novembre, le portrait de Marie-Thérèse Walter, Nu au fauteuil noir (1932), de la succession Madeleine Haas Russell, a fait l’objet d’un duel acharné entre deux enchérisseurs au téléphone, pour être adjugé 45,1 millions de dollars. Chez Sotheby’s, le portrait de Dora Maar, Femme assise dans un jardin, de la collection Eleanor et Daniel Saidenberg, s’est vendu 49,5 millions de dollars, également au téléphone. Sotheby’s et Christie’s ont constaté l’apparition de nouveaux acheteurs, particulièrement attentifs, et souvent accompagnés de leur conseiller artistique. “C’est aussi la première foi, que je voyais autant d’enchérisseurs plus jeunes que moi”, raconte Tobias Meyer qui, à 35 ans, tenait le marteau chez Sotheby’s.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°94 du 3 décembre 1999, avec le titre suivant : A New York, Picasso mène le bal...

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