Art contemporain

Madame Lalanne

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 14 mai 2018 - 469 mots

PARIS

L’œuvre de Claude Lalanne est présentée en solo show à la Galerie Mitterrand.

Paris. On dit toujours les Lalanne, ou Claude et François-Xavier Lalanne. Mais jamais uniquement François-Xavier, disparu en 2008, ou Claude (née en 1925, elle vit près de Fontainebleau). C’est pourtant bien à cette dernière que la Galerie Mitterrand consacre aujourd’hui, pour la première fois au monde, une exposition personnelle. Celle-ci rappelle que, contrairement à l’idée communément admise, mari et femme ont beau avoir toujours été associés, ils ont développé une œuvre personnelle. Et même, ils n’ont réalisé que très peu de pièces à quatre mains (ainsi La Pomme de Ben) – elles peuvent quasiment se compter sur les doigts… d’une main justement. La trentaine de sculptures ici rassemblées rend donc à Claude ce qui est à Claude et notamment le célèbre Homme à la tête de chou cher à Gainsbourg, lequel, fasciné par cette sculpture en bronze exposée à la galerie Paul Facchetti, rue de Lille, en 1976, va acheter l’un des huit exemplaires et s’en inspirer pour l’album qui porte son nom.

Choux sur pattes

C’est encore une histoire de chou dont il est question avec les emblématiques et surréalistes choux sur pattes (de poule), les fameux « Choupatte », déclinés ici en trois tailles, du Giant Choupatte (180 x 187 x 180 cm) au plus petit, aux allures de magnifique bibelot. Le chou et le banc au dossier fait de feuilles de ginkgo biloba montrent l’importance du végétal dans son œuvre. Ce thème la distingue de son époux qui reste, lui, plus axé sur les animaux (les fameux moutons), même si l’on retrouve une tendance animalière chez Claude, notamment avec un FauteuilSingerie ou un BureauCrocodile, en peau de crocodile. L’exposition souligne également la grande différence de techniques entre Claude, qui s’appuie sur l’empreinte, le moulage, la galvanoplastie (procédé d’orfèvrerie qui consiste à recouvrir une forme de métal grâce à un bain d’électrolyse), et la pratique plus classique de François-Xavier (il dessinait, préparait, construisait ses formes), comme on pourra le voir lors de son exposition personnelle, dans cette même galerie du 1er juin au 28 juillet. Autrement dit, deux personnes, deux visions, deux productions.

Entre 80 000 euros et 2,4 millions d’euros, les prix sont élevés. Ils s’expliquent par les récents records en ventes publiques, et notamment celui établi par le Bar aux Autruches, adjugé 6,2 millions d’euros (frais compris) lors de la vente « Jacques Grange » chez Sotheby’s en novembre 2017. Des résultats liés à la provenance de ces œuvres issues de prestigieuses collections internationales (citons encore l’architecte Peter Marino, Yves Saint-Laurent…) et qui obligent la galerie à ajuster ses prix pour ne pas laisser trop de place à une spéculation entre le premier marché (la galerie) et le second (les ventes aux enchères).

Claude Lalanne, jusqu’au 27 mai, Galerie Mitterrand, 79, rue du Temple, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°501 du 11 mai 2018, avec le titre suivant : Madame Lalanne

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