Foire & Salon

Les foires spécialisées attirent les fins connaisseurs

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2023 - 777 mots

PARIS

Trois foires spécialisées – en archéologie, livres rares et céramique – ont permis aux marchands parisiens de présenter des pièces de première importance à des collectionneurs venus nombreux.

Paris. La 2e édition d’Opus Art Fair - Ancient Art, foire consacrée à l’archéologie, s’est tenue à la galerie Joseph, en plein cœur du Marais, jusqu’au 24 septembre. Au même moment, mais de l’autre côté de la Seine, dans le Carré Rive Gauche, se déroulait le 16e Parcours de la céramique, tandis qu’à quelques encablures de là, au Grand Palais éphémère, le Salon du livre rare et des arts graphiques battait son plein.

Cette année, Opus Art Fair était particulièrement bien organisée : une quinzaine d’exposants, dans une spécialité définie et dans un espace clos. « Les salons spécialisés sont très caractéristiques de notre temps et typiquement parisiens. La petite foire spécialisée a vraiment de l’avenir », considère le marchand suisse Jean-David Cahn. « Pour nous, les meilleurs salons sont ceux de spécialités », renchérit Antonia Eberwein (Paris), ajoutant : « Les clients sont des initiés. Je n’ai pas besoin d’expliquer ce qu’est un Ouchebti, par exemple. Aussi, je sélectionne des pièces plus pointues, plus techniques, que je n’aurais pas l’idée d’emporter dans un salon généraliste. » C’était le cas de deux modèles de sculptures en calcaire, de la fin de la Basse Époque, début de l’époque Ptolémaïque.

De nouveaux acheteurs très spécialistes

Très bien accueilli, « le salon Opus est l’affirmation de tout un domaine, en ces temps bousculés. C’était vraiment important que nous montrions que nous sommes là », souligne Jean-David Cahn. « J’ai vu plus d’étrangers que l’an passé », se réjouit le galeriste Antoine Tarantino (Paris). Notamment des Anglais, des Suisses, des Allemands et même des Australiens.

Du côté du Salon du livre rare, le fait que le congrès de l’Association internationale de bibliophilie (AIB) se soit tenu à Paris aux mêmes dates a été une aubaine. « D’éminents spécialistes internationaux de bibliophilie sont venus, ce qui nous a permis de rencontrer de nouveaux clients », rapporte Hervé Valentin (librairie Walden, Paris). « Nous avons vu des gens et notamment des étrangers que nous n’avions pas l’habitude de voir », confirme Bertrand Meaudre (librairie Lardanchet, Paris), qui a conclu dix ventes.

Très contente de cette édition, la libraire parisienne Camille Sourget, qui avait deux acheteurs intéressés par son exemplaire de l’Apocalypse d’Albrecht Dürer, en bel état, a réalisé onze ventes, entre 7 500 et 75 000 €, « dont cinq à de nouveaux clients. Je suis enchantée car c’est l’objectif premier d’une participation à ce type d’événement ».

Sur le Parcours de la céramique, les clients français ont aussi fait bonne figure. « Notre clientèle française a été fidèle au rendez-vous », note l’antiquaire parisien Didier Cramoisan, qui est, avec Bernard Dragesco, spécialisé en porcelaine française. Le Service à thé en grisaille aux portraits des généraux de la Révolution, en porcelaine de Paris, fin du XVIIIe siècle, a suscité l’intérêt de deux musées.

Pour Opus Art Fair, Jean-David Cahn précise : « Nous avons conclu quelques bonnes ventes, dont une au-delà de 100 000 euros, à des collectionneurs français qui ont fait preuve d’intérêt durant tout le Salon. »

Des objets recherchés

Face à un public de connaisseurs, les marchands ont sorti leurs plus belles pièces – et d’autres tout à fait accessibles, à partir de 100 euros. « Je ne fais pas de différence et j’apporte les mêmes pièces, au niveau des prix, qu’à Tefaf de Maastricht », confie Jean-David Cahn. Parmi elles, une Tête monumentale chypriote du Ve siècle, qui a été exposée au Metropolitan Museum of Art de New York (280 000 €) ou encore une Tête cycladique, du maître de Goulandris (270 000 €).

La librairie Walden a créé la surprise en présentant deux manuscrits originaux du poème « Liberté », de Paul Éluard – un texte qui marquera son entrée en résistance. La première version du poème publié à Alger en 1942 par Max-Pol Fouchet sous le titre « Une seule pensée » – titre biffé pour « Liberté » (vendu 110 000 €) –, et l’autre manuscrit plus tardif, titré « Liberté » (également vendu). Hervé Valentin se félicite : « Une excellente édition et un nombre de livres ayant trouvé preneur en forte hausse. »

Laurence Vauclair (Paris), qui centrait son exposition sur le céramiste Théodore Deck et son influence (visible jusqu’au 19 octobre), a exposé un immense vase bleu de 1 mètre de haut [voir ill.], vraiment déroutant : « Si tout fait penser à Deck, il porte par deux fois la signature de Gustave Doré. Peut-être une collaboration ? » L’antiquaire Michel Vandermeersch, qui avait invité dans ses espaces du quai Voltaire (7e) France Cruège de Forceville et ses œuvres de René Buthaud, il montrait un rare plat en faïence d’Iznik, XVIe siècle, de l’ancienne collection Adda (45 000 €).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°618 du 6 octobre 2023, avec le titre suivant : Les foires spécialisées attirent les fins connaisseurs

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