Biennale

Biennale Paris

Les arts du XXe siècle règnent en maître

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 5 septembre 2018 - 926 mots

Si l’art ancien reste présent malgré plusieurs défections de marchands, c’est le XXe siècle, tableaux et mobilier compris, qui se taille la part du lion.

Paris. Bien que la Biennale Paris prône la transversalité des disciplines, elle met toutefois l’accent sur certaines spécialités, tandis que d’autres sont sous-représentées. En effet, une discipline se distingue fortement des autres cette année : l’art moderne et contemporain, qui compte en tout vingt galeries, soit un tiers des exposants. Si l’on y inclut les arts décoratifs du XXe siècle, l’art du XXe siècle (tableaux, objets, meubles…) regroupe au total 29 galeries, soit 47 % des exposants (30 % en 2017). « C’est une volonté de notre part. Ce n’est pas pour dénaturer la Biennale, car le Syndicat national des antiquaires (SNA) est très attaché au mobilier XVIIIe siècle, à l’archéologie… mais la Biennale doit être ancrée dans le présent, s’ouvrir à plus de modernité pour qu’un dialogue s’instaure entre les objets anciens et modernes », explique Mathias Ary Jan.

Pour les tableaux du XXe siècle, cinq marchands ne sont pas revenus, dont les galeries londoniennes Richard Green et Robilant + Voena. En revanche, la manifestation accueille cinq nouveaux arrivants, telles les galeries Jacques Bailly (Paris) ou Rosenberg de New York, qui montre un pastel de Paul Éluard, Le cirque (Triptyque) 1913 (autour de 45 000 €). La Galerie de la Présidence expose Porquerolles, le fort Sainte-Agathe, vers 1938, d’Albert Marquet (entre 250 000 et 300 000 €), tandis qu’Opera Gallery met à l’honneur une œuvre monumentale de Georges Mathieu, père de l’abstraction lyrique : Hommage aux frères Boisserée, 1967, exposée la même année au MoMA de New York (600 000 €-700 000 €). Côté arts décoratifs, deux poids lourds ont déserté l’événement (les galeries Downtown et Chastel-Maréchal) mais Martel-Greiner et Clara Scremini font leur entrée. Jacques Lacoste, lui, est venu avec une paire de fauteuils modèle « œuf » (vers 1952) de Jean Royère et une table de salle à manger en métal brossé (vers 1940) commandée par le marquis et la marquise de Casa Valdés. Les paires d’appliques en métal chromé (vers 1935), par Eileen Gray, provenant de la chambre et de la salle de bains de la Villa Tempe a Pailla (Menton) – conçue par la créatrice – sont visibles sur le stand de la galerie Mathivet (autour de 150 000 €).

Art ancien

Côté art ancien, si l’on regroupe ensemble les objets d’art, le mobilier, la sculpture européenne, l’archéologie et les arts extra-européens, le secteur compte en tout 27 marchands, dont 21 déjà présents l’an passé. Mais en détaillant chacune des sous-sections, on constate que certaines ont fait une cure d’amaigrissement. C’est le cas notamment de l’art ancien européen (mobilier, objets d’art, sculpture), qui recense 13 exposants contre 24 l’an passé. Si des galeries historiques comme Steinitz et Perrin sont toujours là, la section souffre de plusieurs défections, notamment dans le mobilier avec les départs des galeries François Léage et Gismondi. Pour les contrebalancer, Marc Maison, La Pendulerie ou encore Charles Hoorman font leur entrée. Ce dernier dévoile une paire de fauteuils à châssis en bois doré et sculpté estampillée « Père Gourdin », époque Louis XV. Issue d’une série de huit, livrée pour le château d’Asnières vers 1755, cette paire a appartenu à Coco Chanel (entre 500 000 € et 1 M€). Bruno Sugères (Clermont-Ferrand) montre pour sa part un encrier en bronze ciselé, doré et ébène, début XIXe siècle, dont un modèle similaire est présenté sur le bureau de l’Empereur au château de Malmaison (85 000 €), tandis que la galerie São Roque (Lisbonne), qui revient pour la deuxième fois, expose un plateau d’apparat (Salva) aux Armes royales portugaises, fin du XVIe siècle, en émail et cuivre doré, gravé et repoussé (425 000 €). L’archéologie, elle, ne comptabilise que deux marchands (contre cinq l’an passé) : Cahn et Kevorkian ; ce dernier montre une statue masculine en cuivre, Sud Liban, IIIe ou début du IIe millénaire av. J.-C. (entre 500 000 € et 800 000 €). Les galeries Sycomore, Eberwein et Cybèle ne sont pas revenues.

Arts extra-européens

Pas de profonds remaniements en revanche pour les arts extra-européens. En art tribal, trois marchands ont répondu présents, Yann Ferrandin et la galerie Bacquart n’ayant pas répondu à l’appel. Ainsi, les galeries Meyer et Mermoz reviennent, tandis que Laurent Dodier participe à la Biennale pour la première fois. Même constat pour la section d’arts asiatiques qui accueille quatre marchands, avec un retour remarqué des galeries Jacques Barrère et Tanakaya. Elles viennent rejoindre la galerie Ming-k’i (Belgique) et le Parisien Éric Pouillot. Celui-ci en profite pour montrer un cheval en terre cuite de Chine, Dynastie des Weï du Nord (386-534) proposé à 55 000 euros.

Peinture ancienne

La peinture ancienne est la section la plus sérieusement réduite – plus de la moitié. Seulement cinq exposants exclusivement spécialisés dans ce domaine sont présents. Jacques Leegenhoek, Michel Descours, Philippe Mendès et Éric Coatalem ont rejoint le salon Fine Arts Paris, qui se tient en novembre, tandis que Giovanni Sarti a décidé de ne pas participer non plus à cette édition. Parmi les fidèles de la manifestation, on compte la galerie Florence de Voldère qui mise sur un Paysage panoramique avec les moissons, de Josse de Momper le Jeune et Jan Breughel de Velours (vers 1610-1620) ; Ana Chiclana, qui présente une nature morte de Pedro de Camprobin Passano représentant une corbeille de fleurs du XVIIe siècle (220 000 €) ou Alexis Bordes, qui montre un Portrait de Marie-Adélaïde de France, fille de Louis XV (1784), par Johan Ernest Heinsius, une commande royale affichée autour de 180 000 euros.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°506 du 7 septembre 2018, avec le titre suivant : Les arts du XXe siècle règnent en maître

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