Foire & Salon

L’émulation des foires « off » de Paris+

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 2 novembre 2022 - 784 mots

PARIS

Dans le sillage de Paris+, le niveau des foires « off » est monté d’un cran, la plupart d’entre elles prenant des risques pour rester dans la course, avec plus ou moins de succès.

Paris. Parmi les foires satellites, Asia Now est – avec Paris Internationale – l’une de celles à avoir tiré le meilleur parti de l’attractivité renouvelée de Paris pendant la Semaine de l’art. Même si l’on avoue s’être un peu perdu dans le dédale des différentes sections, les collectionneurs et les professionnels du monde de l’art, venus nombreux, ont semble-t-il trouvé leur chemin entre les tentes dressées dans les cours et les couloirs de la Monnaie de Paris où se tenait cette huitième édition. En s’installant dans ce site aussi vaste que prestigieux, Asia Now faisait un pari audacieux. Mais avec 88 galeries, françaises et étrangères, et 27 000 visiteurs – Paris+, de son côté, en a attiré 40 000 –, la foire spécialisée dans les scènes artistiques d’Asie a réussi son coup. Les ventes ont été bonnes, à l’exemple d’Almine Rech (Paris, New York…) qui dit avoir trouvé preneur pour trois pièces de l’artiste coréen Minjung Kim (130 000 à 150 000 euros). La Aktis Gallery (Londres), venue avec des artistes historiques comme Zao Wou-Ki, a également réalisé plusieurs ventes, dont l’une pour un montant d’environ 100 000 euros. Un bilan positif aussi pour la galerie Jeanne Bucher Jaeger (Paris, Lisbonne) avec une dizaine de ventes (entre 6 000 et 150 000 euros).

Au-delà des transactions, tous les marchands ont souligné une fréquentation comportant « un haut niveau de collectionneurs étrangers », selon Christian Bourdais, de la galerie madrilène Albarrán Bourdais, qui présentait des œuvres de Koo Jeong A. Et une possibilité de renouveler ses contacts – « beaucoup de collectionneurs français, chinois, belges et espagnols »– confirmée par la galerie In Situ-Fabienne Leclerc (Romainville), dont c’était la première participation, avec deux solo shows, l’un d’Amir Nave (Israël) et le second, superbement mis en scène, du trio d’artistes iraniens Ramin Haerizadeh, Rokni Haerizadeh & Hesam Rahmanian.

Paris Internationale aussi avait vu grand en investissant les 3 000 mètres carrés sur quatre étages d’un immeuble près de l’Opéra. Dans cet emplacement central aux espaces lumineux, la foire, qui retrouvait un format plus conforme à son esprit d’origine, avec 59 galeries venues de 26 pays, a fait le plein de visiteurs. Les galeries présentaient beaucoup de peinture et il fallait se rendre au sous-sol, dans l’exposition « Maintenant ! », organisée en partenariat avec le Centre national des arts plastiques, pour voir des vidéos de Marcelline Delbecq et de Vincent Ceraudo, ainsi qu’un diaporama numérique de Suzanne Lafont.

Changement de nom et de lieu pour Moderne Art Fair

En abandonnant temporairement ses grandes tentes le long de l’avenue des Champs-Élysées et en changeant de nom, la Moderne Art Fair a, elle aussi, relevé un défi de taille et a rejoint la place de l’Étoile. Si le grand magasin de l’avenue de la Grande Armée où s’est tenue cette deuxième édition offrait, avec ses étages en galeries autour d’un axe central, une lointaine ressemblance avec l’architecture en spirale du Guggenheim de New York, ses espaces disposaient d’une hauteur sous plafond moins généreuse. Quant au positionnement de la foire, désormais tournée vers l’art moderne et d’après-guerre, il lui confère une identité claire et une raison d’être, car c’est bien là que l’on peut trouver des valeurs sûres à des prix plus accessibles qu’au Grand Palais éphémère : une huile sur carton (Japanese Korner, 1961) ou un collage sur toile (Dépli bleu, 1979) de Jean Degottex sur le stand de la galerie Najuma (Marseille), un tableau de Geer van Velde ou un dessin au stylo-bille de Wifredo Lam (Sans titre, circa 1961) à la galerie des Modernes (Paris), des compositions d’Arthur Aesbachbacher ou un flamboyant collage sur Isorel de Pierrette Bloch chez Véronique Smagghe (Paris)… Mais le bilan était mitigé pour plusieurs marchands qui estiment avoir vu beaucoup moins de visiteurs que les années passées, notamment de province.

Pas de grands changements à signaler du côté d’Also Known As Africa (AKAA), mis à part ses nouvelles dates qui la plaçaient cette année parmi les premières foires off. Beaucoup de tableaux hauts en couleurs sur les cimaises des 38 galeries de cette septième édition, au risque d’une impression de saturation. Dans ce contexte, la palette chromatique sombre et les lignes sinueuses du lauréat du prix Ellipse, Assoukrou Aké, se détachaient, et ses œuvres ont rencontré un bon accueil, avec plusieurs ventes, dont une à l’Institute Museum of Ghana. L’artiste intégrera bientôt la galerie Cécile Fakhoury (Paris), qui le montrera sans doute dans des foires généralistes. AKAA joue ainsi son rôle de tremplin, mais il lui faudra sans doute se montrer plus sélective pour durer.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°598 du 4 novembre 2022, avec le titre suivant : L’émulation des foires « off » de Paris+

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