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ART SACRÉ

L’art sacré selon Jean Lambert-Rucki

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2024 - 501 mots

Le galeriste Jacques De Vos poursuit l’exploration de l’œuvre du peintre et sculpteur moderne d’origine polonaise.

Paris. Jacques De Vos, spécialiste de l’Art déco, est un fervent promoteur de l’œuvre de Jean Lambert-Rucki (1888-1967) depuis cinquante ans. « J’ai acheté ma première œuvre de lui en 1971 à Drouot, soit un couple enlacé en ébène. Quand, en 1980, ses filles sont venues m’annoncer le décès de leur mère, j’ai décidé de m’intéresser à lui. Depuis, je n’ai jamais cessé d’acheter. » Le marchand a également contribué à le faire connaître en éditant ses bronzes, lui qui n’en avait réalisé qu’un seul de son vivant.

Cette 8e exposition qui se tient dans l’espace de la rue Bonaparte est consacrée à l’art religieux, auquel le peintre et sculpteur polonais, naturalisé français, s’est adonné tout au long de sa carrière, en marge de ses œuvres profanes. L’ensemble comprend une cinquantaine de pièces allant de 1921 à 1961 (sculptures, peintures, dessins, plâtres, terres cuites, bronzes, cuivres…), dont environ 30 % sont déjà vendues.

Une collaboration avec Jean Dunand

Né à Cracovie en Pologne, Lambert-Rucki arrive à Paris en 1911 et fréquente le milieu de l’avant-garde de Montparnasse. Engagé dans l’armée française en 1914, il se retrouve à Salonique où il apprend la mosaïque de verre en restaurant l’église Sainte-Sophie. À son retour en France en 1920, il intègre la galerie de Léonce Rosenberg, L’Effort moderne, où il expose, entre autres, des objets avec inclusion de mosaïque, à l’image d’un bénitier, une pièce unique de 1921. En 1923, il commence une collaboration qui durera près de vingt ans avec Jean Dunand ; l’exposition actuelle comprend plusieurs œuvres qui en sont issues : Christ en Majesté, (1932, [voir ill.]), un panneau de bois et stuc doré à l’imitation de la mosaïque, maquette préparatoire pour une future mosaïque de verre (acheté par un musée polonais), ou encore Prosternation (1925-1928), un bronze avec application de laque et coquille d’œuf.

Épris de modernité et de liberté, son travail, original et personnel, s’exprime à travers une géométrisation des formes. Certains sujets sont récurrents, comme Marie-Madeleine, saint François d’Assise ou la Fuite en Égypte. Ses inspirations sont multiples – byzantines, égyptiennes, art roman, Renaissance italienne et flamande mais aussi africaines, comme Ecce Homo, en terre cuite polychromée de 1937 (une pièce unique) ou La Sainte Face, vers 1942, en cuivre oxydé et tôle patinée. « Je prépare d’ailleurs pour 2025 une exposition sur Rucki et les masques », annonce le galeriste.

Côté prix, il faut compter entre 9 000 et 120 000 euros, sachant que son record aux enchères est de 150 000 euros. Mais les pièces réalisées en collaboration avec Dunand grimpent plus haut, à l’exemple de Paravent aux animaux fantastiques (1926), adjugé 415 200 euros chez Christie’s en 2006.

Cette exposition fait partie d’un cycle que le marchand projette de poursuivre : « En accord avec mon fils, je me suis donné trois ans pour organiser l’ensemble des expositions que j’aimerais réaliser dans ce lieu. J’ai démarré avec Joseph Csaki, puis Quentin Garel et maintenant Rucki. »

Jean Lambert-Rucki et le sacré,
jusqu’au 27 janvier, galerie Jacques De Vos, 7, rue Bonaparte, 75006 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°625 du 19 janvier 2024, avec le titre suivant : L’art sacré selon Jean Lambert-Rucki

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