La quatrième Semaine asiatique de New York

Des ventes remarquables

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 19 mars 1999 - 714 mots

La crise en Asie, l’effritement des marchés boursiers en Europe et aux États-Unis ont affecté les ventes d’œuvres d’art asiatique à New York, Hong Kong et Londres, à l’automne et cet hiver. Les pièces chinoises ont submergé un marché replié du fait de la situation en Extrême-Orient, et les prix ont chuté, principalement pour les objets provenant de fouilles. Une sélection rigoureuse s’impose donc davantage, mais les ventes organisées par Christie’s et Sotheby’s durant cette Semaine asiatique new-yorkaise proposent des œuvres remarquables.

NEW YORK - Chez Sotheby’s, Carlton Rochell est optimiste en ce mois de mars : “La bourse aux États-Unis se porte beaucoup mieux, et nous présentons un grand nombre de pièces nouvelles provenant de collections privées. L’Asian Art Fair et les expositions associées des marchands profitent toujours au marché de l’art asiatique”. Le 25 mars, se tiendra une vente très attendue des arts de l’Inde, de l’Himalaya et de l’Asie du Sud-Est, “la plus importante que nous ayions jamais organisée, avec un produit estimé entre de six et huit millions de dollars”, souligne-t-il. Un domaine plus recherché par les collectionneurs new-yorkais que par ceux de l’Asie du Sud-Est. La pièce phare en sera une grande statue en bronze doré du XVe siècle, parfaitement conservée. Réalisée dans les ateliers de la Chine impériale, au début de la dynastie Ming, sa provenance est connue à partir de 1904. Elle représente Yamantaka – une émanation féroce de Manjusri, dieu de la sagesse –, dont les dix-huit jambes piétinent d’atroces démons et les trente-six bras brandissent quantité d’attributs divers. On s’attend à un record mondial pour cette œuvre d’une force et d’une maîtrise d’exécution remarquables (est. 700-900 000 dollars).

Sotheby’s consacre sa vente du 23 mars au mobilier chinois classique. “Si les prix se sont maintenus pour les très belles pièces, ils ont chuté sur le marché intermédiaire. Nous avons essayé de rester dans des estimations raisonnables, ce qui est beaucoup plus facile quand on vend des objets provenant de collections déjà anciennes”, explique Lark Mason, chez Sotheby’s. Seront notamment proposées des pièces de la collection rassemblée en Chine dans les années quarante par le dernier consul américain à Pékin, Edmund Clubb, et son épouse Mariann, parmi lesquelles un brûle-parfum du XVIe siècle en huanghuali et loupe d’orme (est. 30-50 000 dollars). Le reste de la vente est constitué de lots issus de différentes collections américaines. La vedette revient à un lit à baldaquin à quatre colonnes en bois de zitan, fin du XVIIe siècle-début du XVIIIe (est. 300-400 000 dollars). L’usage de ce bois asiatique très foncé, d’une dureté exceptionnelle, était réservé aux ateliers impériaux, et très peu de pièces de cette importance ont survécu hors des collections du Palais impérial. Également remarquable, un fauteuil en huanghuali, XVIe siècle-XVIIe siècle, au dossier en forme de fer à cheval dont la partie centrale est sculptée de dragons, acheté à Pékin avant 1949 et conservé dans la famille du collectionneur américain jusqu’à nos jours (est. 30-50 000 dollars). Une pièce semblable se trouve dans les collections du Musée du Palais, à Pékin.

Les ventes de Christie’s comporteront un choix d’objets plus limité mais de meilleure qualité qu’en septembre, indique Theow-Huang Tow. Parmi les pièces majeures de la vacation d’objets chinois, le 22 mars, un imposant cheval Sichuan de la dynastie Tang (est. 120-200 000 dollars) et une figurine en terre cuite dorée et polychrome représentant un courtisan faisant une révérence (est. 300-500 000 dollars). Les grandes ventes ayant lieu en septembre, très peu de meubles sont proposés. La peinture et la calligraphie chinoises sont davantage du ressort de Hong Kong, où il semble que ce marché se concentre.

La vente du lendemain, consacrée à l’Inde et au Sud-Est asiatique, offrira une large gamme d’objets. Spécialiste des œuvres d’art de cette partie du monde, le Dr. Hugo Weihe souligne que “le bouddhisme, et l’art tibétain en particulier, suscitent actuellement un engouement considérable. Nous allons essayer d’élargir ce champ d’intérêt à l’art de toute l’Asie du Sud-Est. Lors de la vente de septembre, les acheteurs étaient à 70 % américains, avec beaucoup de nouveaux collectionneurs. Le marché ici est donc très solide”. Parmi les pièces les plus intéressantes, un stupa du Gandhara en bronze (est. 100-150 000 dollars), une construction de colonnes et de parasols haute de 131 cm.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°79 du 19 mars 1999, avec le titre suivant : La quatrième Semaine asiatique de New York

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