Ventes aux enchères

La collection Ebsworth sauve Les ventes d’art moderne

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 28 novembre 2018 - 569 mots

Grâce à la dispersion de la collection Barney Ebsworth, Christie’s et Sotheby’s maintiennent le niveau de leurs ventes d’art moderne et impressionniste à New York. Mais ce résultat ne peut faire oublier les nombreux lots invendus dans les autres vacations.

New York. Les ventes du soir d’œuvres dites de divers amateurs de Christie’s et Sotheby’s n’ont pas atteint leurs estimations basses respectives, tout comme la collection de l’homme d’affaires américain Barney Ebsworth en dessous de son estimation globale de 300 millions de dollars avec un résultat de 323 millions frais compris (1) (autour de 275 M$ sans les frais). Toutefois, les 110,5 millions amassés pour l’art moderne issu de cette collection ont permis à la catégorie de récolter en tout 705 millions de dollars (contre 749 M$ en 2017). Clou de la collection, axée sur l’art américain, Chop Suey, 1929, d’Edward Hopper [voir illustration] s’est vendu 91,8 millions de dollars, dans la fourchette de son estimation (70 à 100 M$), un record pour l’artiste.

Les autres vacations, elles, ont cumulé 150 millions de dollars de moins que l’année dernière (-20 %). En cause, une myriade de lots phares qui n’ont pas trouvé preneur. Ainsi, chez Christie’s, la vente du 11 novembre, dont il était espéré qu’elle atteigne 305 millions de dollars, n’en a récolté que 279 contre 479 millions de dollars en 2017 (- 42 %). Principal responsable de cette baisse, Coin de jardin avec papillon (1887), de Van Gogh, resté invendu alors qu’il était estimé 40 millions de dollars. L’an passé, Christie’s n’avait pas eu de mal à céder de la main du maître Laboureur dans un champs pour 81 millions de dollars (est. 50 millions). Autre déconvenue, Femme au béret orange et au col de fourrure (Marie-Thérèse) (1937), de Picasso, est également resté sur le carreau (est. 15 à 20 M$). En revanche, Le Bassin aux nymphéas (1919) de Monet a trouvé acquéreur, mais pour un prix bien inférieur à son estimation haute (50 M$), soit 31,8 millions de dollars.

Le lendemain soir chez Sotheby’s les œuvres s’échangeaient pour 315,4 millions de dollars en tout (+17 %), loin encore de l’estimation basse (374 M$) – là aussi en raison d’un nombre de lots non vendus trop important (16 sur les 65 offerts). Parmi ceux-ci, Pre-War Pageant (1913), du peintre américain Marsden Hartley. Trop gourmande, la maison de ventes en attendait autour de 28 millions de dollars, tandis que le précédent record de l’artiste, Lighthouse (1915), n’avait pas même dépassé les 7 millions en 2008. L’œuvre reste donc invendue, puisqu’elle était assortie d’une garantie interne. Malgré tout, grâce à la garantie d’un tiers cette fois, la maison de ventes peut se targuer d’avoir enregistré un record du monde aux enchères pour René Magritte : Le Prince du plaisir, 1917, un portrait d’Edward James, a été adjugé 26,8 millions de dollars, au-delà de son estimation (15 à 20 M$). Beaux résultats également pour les trois œuvres de Kandinsky, vendues respectivement 20, 22 et 24 millions de dollars. « Les Chinois étant moins actifs, du fait notamment de la politique de répression financière en Chine, ce sont les Américains qui font le marché. Or, ils sont férus de l’art de leur pays, bien sûr – d’où les bons résultats de la vente Ebwsorth, mais aussi de Kandinsky, qui leur paraît plus proche que Van Gogh… », a analysé Christian Ogier, marchand à Paris.

(1) Les résultats sont indiqués frais compris et les estimations hors frais.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°512 du 30 novembre 2018, avec le titre suivant : La collection Ebsworth sauve Les ventes d’art moderne

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