Dessine-moi un Salon

Vingt et un marchands au George V

Le Journal des Arts

Le 1 avril 1996 - 742 mots

La cinquième édition du Salon du Dessin regroupera vingt et un exposants dans les salons de l’Hôtel George V, du 11 au 16 avril. Toujours aussi sobrement présenté et intimiste, voire confidentiel – quelque six cents œuvres et six mille visiteurs, dont de très nombreux collectionneurs et conservateurs de musée, en 1995 –, le Salon accueille pour la deuxième année consécutive quatre galeries étrangères.

PARIS - Sélectionnés par les organisateurs du Salon, les étrangers viennent tous cette année de l’Europe germanophone : les galeries Katrin Bellinger et Arnoldi-Livie, de Munich, Thomas Le Claire, de Hambourg, et Arturo Cuellar de Zurich, qui s’enthousiasme : "C’est le meilleur salon pour les dessins, le plus sérieux et le plus prestigieux". Trois marchands français – les galeries Natalie Seroussi, Antoine Laurentin et Cazeau-La Beraudière – participent au Salon pour la première fois, tandis que Bob Haboldt, spécialiste des maîtres anciens, absent l’année dernière, y revient.

Paris sous la Commune
Établie depuis dix ans comme spécialiste des dessins anciens, Katrin Bellinger montrera Portrait d’une dame, 1868, de Meissonier, une Étude pour Saint Pierre  de Bernardo Strozzi, des études anatomiques de Rubens et un nu à la craie rouge du Florentin Baccio Bandinelli. La galerie Arnoldi-Livie exposera quelques dessins allemands du début du XIXe siècle, dont Oaktree de Caspar David Friedrich, à 350 000 francs, tout en privilégiant les dessins français du XVIIe au XIXe siècle, avec notamment des sanguines de Boucher, des œuvres de Corneille, Cochin, Grandville, Bresdin, une étude de chiens par Desportes et sept dessins de Gustave Doré, parmi lesquels une vue de Paris sous la Commune, L’Observatoire et la batterie de Montmartre au Moulin Debray, à 150 000 francs.

L’art moderne sera particulièrement bien représenté. La galerie Cazeau-La Beraudière exposera une vingtaine d’œuvres de maîtres impressionnistes et modernes, à partir de 20 000 francs. Pour les plus spectaculaires, citons une aquarelle de Renoir, Étude de paysanne, un carton d’invitation à une exposition de Picasso de 1921, peint par l’artiste lui-même, à 500 000 francs, et une gouache d’Albert Leizes, New York, 1915, à 400 000 francs.

Autre nouvelle venue, la galerie Natalie Seroussi accrochera des dessins surréalistes et modernes par une quinzaine d’artistes, de Masson à Dalí en passant par Kandinsky, Léger, Picabia et Max Ernst, de 20 000 à 500 000 francs. La galerie Aittouares montrera, à des prix inférieurs à 60 000 francs, des œuvres du XIXe siècle jusqu’aux années 1960 : des dessins de Victor Hugo, des personnages de Le Corbusier, exécutés entre 1943 et 1945, Matisse (Nu couché, 1930, 260 000 francs), Derain et Tal Coat.

Deux esquisses de Rubens
Présent pour la première fois, Antoine Laurentin a sélectionné des dessins du XIXe siècle représentatifs du Romantisme, tels la troublante Fiancée de Lammermoor de Delacroix, et une esquisse préparatoire de Corot pour le tableau Le Coup de vent, vers 1865–1870, conservé au Musée des beaux-arts de Reims et exposé au Grand Palais. Parmi les œuvres plus tardives du début du mouvement Nabi, figurent une esquisse préparatoire de Maurice Denis, non retenue pour la version finale du Portrait de la famille Mellerio au Musée d’Orsay, et Lutteur de foire, une esquisse au pastel de Henri-Gabriel Ibels, un ami de Toulouse-Lautrec.

La galerie Brame et Lorenceau a réuni, à des prix allant de 20 000 à 200 000 francs, des dessins de Géricault (Soldat albanais, 600 000 francs), Bonnard, Chassériau, Delacroix, Lhermitte, Jules Noël et Jacques Villon, entre autres. Se plaignant que "le dessin vraiment ancien ne se vend plus", Jean-François Baroni exposera, à côté de quelques feuilles des XVIe et XVIIe siècles, des dessins des XVIIIe et XIXe siècles, "nettement plus décoratifs", en dessous de 30 000 francs.

Deux importantes esquisses de Rubens, des sujets romains, seront accrochés sur le stand de Bruno de Bayser. La galerie Talabardon montrera deux dessins représentant des scènes de la vie d’Hercule, exécutés pour le Trianon de marbre à Versailles par Noël Coypel, et un petit Scherzo di fantasia de Giambattista Tiepolo. Didier Aaron exposera plus de vingt dessins du XVIIIe et du début du XIXe siècle, la galerie Grunspan-Terrades des feuilles principalement françaises et italiennes des XVIIe et XVIIIe siècles, dont un Médée et Jason, 1757, de Carl Van Loo, que l’on croyait perdu. La galerie Huguette Berès présentera un ensemble de manuscrits et de carnets d’artistes – Cross, Signac, Gauguin, Carpeaux –, et la galerie Fischer-Kiener des dessins de la fin du XVIIIe au début du XXe siècle, de 10 000 à 100 000 francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Dessine-moi un Salon

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