Bruxelles l’éclectique

La Foire des antiquaires de Belgique confirme son succès

Le Journal des Arts

Le 2 mars 2001 - 735 mots

La situation de Bruxelles au carrefour de l’Europe, à proximité de Paris, Londres et Amsterdam, fait de la capitale belge une place importante du marché de l’art européen. En témoigne cette 46e Foire des antiquaires de Belgique qui s’est encore distinguée par la richesse et la diversité des objets présentés. Certains professionnels la comparent au tout jeune et dynamique Pavillon des antiquaires.

BRUXELLES - Les débuts du salon semblent avoir été prometteurs à en croire la majorité des 54 exposants dont quatre Français et quatre Allemands. Cette foire reste marquée par une grande diversité de spécialités et par une grande homogénéité qualitative. Les objets prédominent par rapport aux tableaux et aux meubles. Et les antiquaires généralistes comme le Lyonnais Michel Descours ne sont pas légion. “Les visiteurs s’orientent en priorité vers les objets de petite taille mais très raffinés, souligne l’antiquaire. Les gens viennent ici pour se faire plaisir.” Le marchand avoue se sentir un peu seul dans sa spécialité. “Bruxelles est un salon de spécialistes. J’achète en ce qui me concerne ce qui me plaît au moment où je le découvre. Ce salon offre, en effet, de très belles opportunités d’achats pour les professionnels comme pour les particuliers. En terme de qualité, ce salon m’apparaît comme le frère cadet de la Biennale et l’équivalent du Pavillon des antiquaires.”

Parmi les autres antiquaires figure De Leye qui propose une magnifique commode parisienne en marqueterie d’époque Louis XV. Du côté des arts décoratifs, Marc Heiremans, dont l’activité est centrée sur les arts des années 1930-1940, a brillamment réussi son entrée sur la scène nationale. Les négociants en argenterie, à l’instar de Philippe d’Arschot, Francis Janssens van der Maelen et Bernard De Leye, ont très bien vendu, tout comme les marchands de céramique. “Le ton est donné dès les deux premières journées”, témoigne le Français Vincent L’Herrou. Présent pour la quatrième fois dans les murs du Palais des beaux-arts dessinés par Victor Horta, le marchand cible de mieux en mieux son offre. “Le public est extrêmement connaisseur et assorti d’un pouvoir économique fort. Les Belges présentent l’avantage d’être, par tradition, ouverts sur différentes cultures. Cela se ressent dans leurs choix esthétiques. Le mélange des genres et des origines ne leur fait pas peur.”

La section tableaux anciens est dominée par quelques figures dont celle de Georges De Jonckeere. “C’est la deuxième journée qui compte, avec son cortège de gens passionnés, souligne-t-il. Les acheteurs vont se décider dans les deux ou trois jours du salon. Pour nous, comme pour nos confrères, le plus important est de trouver de nouveaux clients. Il en arrive toujours, mûris par le temps et dotés de moyens financiers suffisants pour se lancer dans cette spécialité. On remarquait, par ailleurs, lors de l’ouverture la présence de nombreux marchands allemands, hollandais ou français.” Tous sont conscients des atouts de Bruxelles, située au centre d’une zone géographique que le Thalys place à proximité des capitales les plus puissantes d’Europe. Jacques Leegenhoeck particulièrement. Pour ce Brugeois de naissance et Parisien d’adoption, “Bruxelles est une terre connue.” Ses choix d’accrochage tiennent compte des attentes des collectionneurs locaux. Après avoir tenté d’élargir le champ d’intérêt des amateurs avec des sujets religieux, italiens en particulier, il est revenu aux paysages du nord de l’Europe. “La peinture flamande du XVIIe siècle demeure la pierre angulaire du commerce dans un pays comme celui-ci. Les sujets ont aussi leur importance. Portraits, thèmes religieux ou sujets d’histoire antique ne retiennent guère l’attention. Pour réussir, il faut des paysages.”

“C’est un peu les vacances”
Les galeries spécialisées en arts premiers et arts d’Orient ont, elles, débuté la foire en fanfare comme Bernard de Grunne, Pierre Dartevelle ou les Zen galleries. Guy Ladrière, antiquaire parisien spécialiste des objets Haute Époque, semblait aussi très enthousiaste. “Bruxelles c’est un peu les vacances.” Avec ses éclats de rire habituels, le négociant du quai Voltaire semblait s’amuser comme jamais. Sans stress, en territoire conquis tant il connaît de monde sous ces latitudes, le marchand travaille sans complexe. “Les gens sont devenus fous de terres cuites et les antiques continuent de leur plaire”, précise l’antiquaire. Tous s’accordent à reconnaître que Bruxelles est un salon d’ambiance, et non une machine à gonfler les chiffres d’affaires. Si les Français se montraient, dans les premiers jours du salon, satisfaits de leur déplacement, il en allait tout autrement des Allemands dont les circonlocutions pouvaient laisser penser que la foire n’avait pas encore satisfait toutes leurs espérances.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°122 du 2 mars 2001, avec le titre suivant : Bruxelles l’éclectique

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