Espagne - Galerie

« Apertura » veut internationaliser l’art espagnol

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 30 septembre 2022 - 714 mots

MADRID / ESPAGNE

Le Madrid Gallery Weekend, rendez-vous annuel des galeries qui a ouvert la saison madrilène, entend promouvoir les artistes hispaniques.

Madrid. Du 8 au 11 septembre, l’association des galeries d’art moderne et contemporain de Madrid, Arte Madrid, a ouvert la saison avec la treizième édition d’Apertura, son Week-end des galeries sur le modèle de ceux organisés dans d’autres capitales européennes, telles Berlin ou Paris. L’objectif poursuivi est une « internationalisation de l’art espagnol », explique l’association fondée en 2000. Quatre jours durant, les galeries, aux horaires d’ouverture étendus, ont accueilli 25 000 personnes (contre 17 500 les années précédentes). « Nous voulons inviter le grand public à visiter les galeries et à participer aux activités pour découvrir de grands artistes et des projets incroyables », a déclaré Nerea Fernández, galeriste et présidente d’Arte Madrid lors du lancement d’Apertura 2022 au Musée Reina-Sofía.

Plus de 70 artistes ont été présentés par les 55 galeries participantes, parmi lesquels le sculpteur Joel Shapiro chez Cayón, Lucio Fontana à la galerie Helga de Alvear, ou encore la photographe Isabel Muñoz chez Blanca Berlín. Les galeristes ont principalement fait le choix d’expositions monographiques. Chez Lucía Mendoza, le public était invité à découvrir l’artiste espagnole Luna Bengoechea avec « Proyecto Salinas », un retour sur ses installations in situ réalisées dans les salines des îles d’El Hierro, La Palma et Lanzarote, dans l’archipel des Canaries. Des photographies, vidéos et installations documentent le projet.

Du côté des vétérans, Guillermo de Osma, ancien président d’Arte Madrid, recevait les visiteurs dans sa galerie nichée dans un élégant appartement du Barrio de Salamanca, berceau des galeries madrilènes, où des collections privées de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie étaient présentées après guerre. « À l’époque de la création d’Apertura, lorsque j’étais président de l’association des galeries madrilènes [en 2009], il n’y avait pas beaucoup d’autres villes qui organisaient ce genre d’événements. Le nom d’Apertura est venu de l’idée d’ouverture, celle de la saison culturelle et celle des galeries, qui présentent de nouvelles expositions d’automne », relate le galeriste. Il a conçu cette année une exposition historique à partir des jouets [voir ill.] de l’artiste hispano-uruguayen Joaquín Torres García (1874-1949), le premier artiste qu’il a exposé à l’ouverture de sa galerie en 1991.

Joaquín Torres García (1874-1949), Arlequin articulé, c. 1921, bois, 41 x 10 x 5 cm. © Galerie Guillermo de Osma
Joaquín Torres García (1874-1949), Arlequin articulé, c. 1921, bois, 41 x 10 x 5 cm.
© Galerie Guillermo de Osma
Un rayonnement local

La plupart des galeries madrilènes ont un rayonnement surtout local, bien que certaines d’entre elles travaillent avec de grands noms de l’art et participent à d’importantes foires internationales, comme Elvira González. Représentant l’œuvre d’Olafur Eliasson, de Robert Mapplethorpe et de Richard Serra, la galerie propose cet automne une exposition monographique de l’artiste autrichien Adolfo Schlosser (1934-2004). Résident espagnol durant les quatre dernières décennies de sa vie, il a exploré la relation entre nature et culture en sculpture, peinture ou dans des pièces sonores. « Nous exposons les travaux de Schlosser à Madrid depuis plusieurs années et nous souhaitons donner plus de visibilité à son œuvre, qui a peu été montrée récemment », explique Elvira González.

De nombreux événements culturels accompagnaient la manifestation, principalement dans les galeries, afin de leur accorder une plus grande visibilité après deux ans de pandémie. Les visiteurs pouvaient participer à des visites guidées ou bien faire le choix d’une visite autonome avec l’application d’Arte Madrid, qui recense les galeries participantes et les activités programmées : performances, spectacles de danse et visites guidées par les artistes eux-mêmes.

Le prix Apertura est remis lors de chaque édition par le ministère espagnol de la Culture à un ou plusieurs artistes vivants participant à l’événement. Cette année, la lauréate est Irene Grau, dont les peintures, évocations de paysages, sont nées du motif de la fissure dans les murs de pierre et de sa matière même, « poudre » de pierre mêlée au pigment [voir ill.]. L’une de ses œuvres, intitulée 3 mm, exposée à la galerie Juan Silió, rejoindra bientôt la collection du Centre d’art Dos de Mayo (CA2M), situé dans le quartier de Móstoles (Madrid).

Afin d’accroître la visibilité des artistes représentés par les galeries madrilènes, une nouvelle collaboration avec le ministère de la Culture a également été inaugurée cette année. Une sélection d’œuvres a été exposée dans des musées de la ville : le Musée national du romantisme présente sous le titre « Ultraleve » les travaux de Pipo Hernández Rivero, tandis que « La Densidad de la urdimbre » révèle l’œuvre de Federico Mirón au Musée national des arts décoratifs, jusqu’au 25 septembre.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°595 du 23 septembre 2022, avec le titre suivant : « Apertura » veut internationaliser l’art espagnol

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