Adams chez Bonhams

Des acheteurs séduits et des vendeurs heureux

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1996 - 581 mots

La vente Adams, qui s’est déroulée chez Bonhams les 8, 9, 22 et 23 mai, a fait l’objet d’une publicité flatteuse, d’estimations fantaisistes et des rumeurs les plus diverses parmi les professionnels. Elle a néanmoins obtenu d’excellents résultats, même si certains n’ont pas manqué de surprendre.

LONDRES (de notre correspondante) - Bonhams dispersait les biens accumulés par Miss Sylvia Phyllis Adams entre les années trente et cinquante, avant qu’elle ne s’associe avec les marchands Leitch et Kerin et qu’elle ne crée sa propre galerie avec Charles Copper. Dotée d’un goût sûr, la collectionneuse s’est intéressée aux bronzes, aux bas-reliefs de petite taille et à divers objets de la Renaissance, payés fort cher avant la Grande Guerre, mais dont la cote avait chuté durant les années d’incertitude de l’entre-deux-guerres. Les prix de ces œuvres sont demeurés bas jusqu’à présent, mais la vente Adams devrait faire date sur ce marché, certains objets ayant été vendus au prix que l’on en aurait demandé avant 1916.

Cinq catalogues avaient été établis : mobilier de Grande-Bretagne et de l’Europe continentale ; sculptures, œuvres d’art et porcelaines de Sèvres des XVIIIe et XIXe  siècles ; œuvres d’art, sculptures et majoliques ; plaquettes de la Renaissance ; bronzes de la Renaissance et de l’âge baroque. En tout, la vente a rapporté 4,8 millions de livres (38,4 millions de francs), et les différents catalogues respectivement 505 750 livres (4,04 millions de francs), 182 090 livres (1,45 million de francs), 581 245 livres (4,64 millions de francs), 278 340 livres (2,22 millions de francs) et 3 275 300 livres (26,2 millions de francs).

Certains marchands ont jugé que les estimations du mobilier étaient très élevées pour des pièces qui n’étaient pas toujours remarquables, mais certaines d’entre elles ont créé la surprise. Ainsi, une table Pembroke, estimée entre 15 000 et 25 000 livres, a été payée au prix record de 60 000 livres (480 000 francs) par un collectionneur privé. Un marchand londonien a déboursé 40 000 livres (320 000 francs) pour une petite table en bois doré d’époque reine Anne, dans la manière de John Pelletier, estimée entre 8 000 et 12 000 livres.

Dix fois l’estimation basse
L’intérêt s’est accru lors de la troisième vente, consacrée aux œuvres d’art, sculptures et majoliques. Le catalogue comprenait l’un des lots les plus convoités, un portrait sur ivoire d’une dame de la noblesse, de sa fille et d’un whippet, dû à David Le Marchand. Estimé entre 40 000 et 60 000 livres, il a été adjugé 170 000 livres (1,36 million de francs) au marchand londonien Daniel Katz, qui enchérissait pour le compte d’un collectionneur canadien.

Pour les connaisseurs, les pièces les plus rares se trouvaient dans les deux derniers catalogues. Le quatrième, consacré aux plaquettes de la Renaissance, proposait pour quelques centaines de livres des objets que Sylvia Adams avait acheté à Londres lors de la vente Rosenheim, chez Sotheby’s en 1923, et lors de la vente Oppenheimer, chez Christie’s en 1936.

La plaquette signée Riccio, représentant La mort de Didon, a été acquise par Daniel Katz pour 63 000 livres (504 000 francs), contre une estimation de 8 000 à 12 000 livres. La dernière vente a une nouvelle fois illustré la difficulté d’estimer la sculpture de la Renaissance et de l’époque baroque. Une statuette d’Hercule en bronze doré a été acquise par le marchand londonien Eric van Vredenburgh pour 2,8 millions de livres (22,4 millions de francs), alors que Bonhams en demandait de 300 000 à 500 000 livres…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Adams chez Bonhams

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