La Dia Art Foundation poursuivie en justice par ses fondateurs

Par Kate Deimling (Correspondante à New York) · lejournaldesarts.fr

Le 12 novembre 2013 - 511 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [12.11.13] - Heiner et Fariha Friedrich veulent empêcher la vente imminente d’œuvres de la collection évaluées à 20 millions de dollars.

Dans une plainte déposée le 7 novembre à la Cour suprême de l’Etat de New York et révélée par le New York Times, Heiner et Fariha Friedrich, qui ont fondé avec Helen Winkler la Dia Art Foundation en 1974, reprochent à ses dirigeants de vouloir vendre des œuvres en violation du contrat.

Philippe Vergne, le directeur de la fondation, veut en effet vendre chez Sotheby’s le 13 et 14 novembre des œuvres de Cy Twombly, John Chamberlin et Barnett Newman, parmi lesquelles une série de 24 dessins de Cy Twombly, Poems to the sea, évaluées de six à huit millions de dollars.

Dans leur plainte, les Friedrich affirment que « les œuvres d’art en question viennent de la collection initiale de Dia et ont été données ou prêtées par les plaignants à Dia dans les années 1970 et 1980 ». Ils soutiennent que certaines œuvres de la vente, dont Poems to the sea, sont des prêts et non pas des dons, mais ils reconnaissent ne pas avoir trouvé les documents qui éclairciraient les termes sous lesquels ces œuvres ont été transmises à la fondation. La plainte décrit ainsi les intentions des artistes et des fondateurs : « Les artistes ont confié leurs œuvres à Dia en raison de l’intention exprimée par les plaignants de conserver les œuvres exposées et accessibles au public de façon permanente et de ne pas vendre leurs œuvres sur le marché. Les artistes ont fourni aux plaignants quelques-unes de leurs plus grandes œuvres en se fondant sur cet accord ». Les Friedrich affirment aussi avoir pu acheter plusieurs œuvres à des prix inférieurs à ceux du marché parce que les artistes croyaient à la mission de la fondation.

Depuis 2003 la Dia Art Foundation expose sa collection permanente dans une ancienne usine à Beacon au nord de la ville de New York. En 2004, la fondation a fermé ses deux espaces d’exposition dans le quartier de Chelsea à Manhattan, avant d’acheter plus récemment une ancienne marbrerie dans ce même quartier au prix de 11,5 millions de dollars. En 2012, la fondation a annoncé un projet architectural sur ce site qui lui offrirait 1 450 mètres carrés d’espace d’exposition, mais Philippe Vergne n’a ni estimé les coûts ni indiqué le moyen de financement des travaux.

A la différence des autres Etats américains, l’Etat de New York dispose de lois sur l’aliénation des biens par les organisations muséales comme la Dia Art Foundation, selon Nicholas O’Donnell, avocat et auteur du blog The Art Law Report. Il a évoqué ces lois lors d’une récente conférence à la faculté de droit de Columbia University. L’Etat permet l’aliénation des biens pour l’acquisition de nouvelles œuvres ou pour la préservation et l’entretien des collections. Mais avant d’en venir à l’application de la loi, évidemment il faut établir qui est propriétaire des œuvres concernées — une question peut-être suffisamment épineuse pour que la cour empêche leur vente la semaine prochaine.

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Sotheby's à New-York - © Photo Ana Ulin - 2005 - Licence CC BY-SA 2.0

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