Alain Leroy, commissaire-priseur, SVV EVE, Paris

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 15 octobre 2008 - 691 mots

« Les vacations thématiques permettent de se démarquer »

Comment est née l’idée de la vente d’art belge que vous présentez le 31 octobre à Drouot ?
L’idée n’est pas partie d’une collection mais d’une discussion avec mon ami Philippe Heim, marchand parisien spécialisé dans les artistes voyageurs et qui connaît l’école belge à travers les œuvres africanistes se rapportant au Congo. Nous nous sommes dit que, à qualité égale, la cote des peintres belges était un peu moins élevée que celle des peintres français, à l’exception des artistes du premier plan. Pendant six mois, j’ai glané des œuvres en sollicitant mon réseau de clients et en attirant des vendeurs à renfort de publicité. Les vacations thématiques comme
celles que j’organise sur les cadres anciens avec l’expert Vincent Guerre sont une manière de me démarquer. Et aussi de sortir du train-train quotidien de mon métier qui consiste à attendre que des clients me proposent des objets à vendre, souvent selon la règle des « trois D » (dettes, décès, divorces).

Que contient cette vente d’art belge ?
J’ai réuni un ensemble de tableaux et sculptures des XIXe et XXe siècles, malheureusement sans grosse locomotive tels René Magritte ou Paul Delvaux. Je présente notamment Grille et jardin du Royal Palace à Ostende (vers 1908-1909), grand dessin signé Léon Spilliaert (est. 60 000 euros), ainsi qu’un paysage brabançon réalisé vers 1925 par Anto-Carte (est. 50 000 euros). Ce dernier a bénéficié d’une rétrospective au Musée des beaux-arts de Mons (Belgique) en 1995. La vente inclut Le Collectionneur de tableaux, huile sur carton exécutée en 1923 par le peintre liégeois Armand Rassenfosse (est. 20 000 euros), et un petit paysage automnal peint entre 1880 et 1890 par Émile Claus, grand nom de la peinture belge (est. 20 000 euros).

Pensez-vous toucher un public de collectionneurs belges ?
Pas exclusivement. Mon but est aussi de faire découvrir la peinture belge aux Français. J’ai collecté plusieurs tableaux venant de la galerie bruxelloise Giroux (qui faisait la promotion des artistes belges entre les deux guerres), parmi lequels une peinture impressionniste de Georges Lemmen représentant la baie de Menton, Méditerranée (1911). Je l’ai estimée 12 000 euros, mais, si elle avait été de la main du peintre français Armand Guillaumin (elle en a la qualité), elle vaudrait 40 000 euros. De Paul Leduc, je présente une Vue de Martigues (est. 5 500 euros) et le Marché aux fleurs sur la Grande Place de Bruxelles (est. 7 500 euros), qui sont deux thèmes recherchés pour cet artiste ; de Marcel Jefferys, j’ai trois attrayantes vues de Versailles de 1912 et 1913 (est. 3 000 à 4 500 euros pièce). Pour Jacques Callot sur la route d’Italie, peinture historique signée Joseph Van Severdonck (est. 55 000 euros), j’espère voir un musée lorrain manifester de l’intérêt. Une petite section africaniste inclut Maternités africaines, un grand fusain de Paul Daxhelet (est. 12 000 euros), et Marché d’Afrique, toile de Floris Jespers (est. 14 000 euros).

Qu’avez-vous réuni pour la section sculptures?
La sélection, intéressante et variée, comprend Chien à la puce, plâtre à patine grise, signé et daté 1909, du sculpteur animalier Edgar Strauss (est. 9 000 euros) ; Femme avec guirlande, bronze à patine noire et or, signé Édouard Vereycken (est. 5 500 euros), d’influence rodinienne, ou encore Femme orientale, bronze à patine verte d’Ernest Wynants (est. 13 000 euros).

Comment réagirez-vous en cas de crise du marché de l’art ?
La logique voudrait qu’en temps de crise je réduise les frais de fonctionnement. Mais il serait dommage de réduire les frais de catalogues et de publicité. Car c’est par une bonne promotion que l’on peut toucher les collectionneurs et donner envie de vendre et d’acheter. Pour le moment, je vais de l’avant. Je ne vais pas laisser tomber mes projets en cours, comme la vente de sculptures et tableaux animaliers prévue en février 2009

TABLEAUX ET SCULPTURES BELGES DES XIXe ET XXe SIÈCLES

Vente le 31 octobre à Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV EVE, tél. 01 53 34 04 04 ; exposition publique : le 30 octobre 11h-18h et le 31 octobre 11h-12h, www.auctioneve.com. Estimation : 700 000 euros, nombre de lots : 219

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°289 du 17 octobre 2008, avec le titre suivant : Alain Leroy, commissaire-priseur, SVV EVE, Paris

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