Bibliophilie

SLAM - La librairie tient bon

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 6 mai 2013 - 730 mots

Malgré un calendrier peu propice et un climat économique maussade, les bibliophiles et amateurs d’œuvres sur papier ont fait honneur au SLAM.

PARIS - La date retenue pour le Salon international du livre ancien, de l’estampe et du dessin, un week-end de départs en vacances de printemps, n’était pas la mieux choisie pour tenter de ferrer le bibliophile et le collectionneur d’œuvres sur papier. « Je craignais que le salon soit peu profitable en raison de la conjoncture. Mais, j’ai été agréablement surpris », lance Jean-Michel Belle fidèle du salon parmi les fidèles. Présent à la Conciergerie à la fin des années 1980, le libraire (librairie de l’Escurial) a exposé ensuite à la Maison de la mutualité de 1993 à 2006, avant de rejoindre le Grand Palais en 2007. « Le déménagement sous la grande verrière a permis d’élargir considérablement le nombre des visiteurs et d’attirer de nombreux collectionneurs et professionnels étrangers », confie le libraire niçois. Celui-ci a cédé plusieurs livres illustrés par Dali dont un tirage limité d’une édition des Amours de Cassandre de Pierre de Ronsard, orné de 18 cuivres originaux signés par Dali, parti à 4 500 euros. En revanche, l’édition française de la Vénus aux fourrures de Sacher-Masoch, illustrée de vingt cuivres originaux du peintre surréaliste, n’a pas trouvé preneur à 12 000 euros. Venus de Vence, Stéphane Averty et Didier Bonnet (Librairie de la Basse Fontaine) qui partageaient leur stand avec Jean-Michel Belle, ont cédé, de leur côté, trois tirages de 1937 de Raoul Ubac – des épreuves gélatino-argentiques avec photomontage et solarisation – chacun entre 10 000 et 12 000 euros.

20 000 visiteurs et de belles ventes
« Le salon s’est bien passé contre toute attente », confirme Étienne Bertran, libraire à Rouen, visiblement satisfait. Celui-ci a vendu, à des marchands notamment, des livres entre 200 et plusieurs milliers d’euros, dont un exemplaire de premier tirage imprimé à Paris de L’Esprit des lois de Montesquieu à 2 500 euros. « J’ai réalisé de très belles ventes dans une fourchette de prix allant de 750 euros à 60 000 euros. Ce fut un salon exceptionnel », jubile de son côté le libraire parisien Laurent Coulet qui a noté la présence de bibliophiles américains et britanniques. « Le salon du livre ancien offre un moyen efficace d’élargir sa clientèle. Je reviens, à chaque fois, avec un annuaire rempli de plusieurs dizaines de nouveaux contacts », souligne le libraire du boulevard Hausmann. Celui-ci exposait notamment Relation de la Feste de Versailles, une édition originale illustrée d’un des livres de fêtes majeurs du règne de Louis XIV (25 000 euros). « Ce salon est une manifestation grand public », tonne Anne Lamort, la présidente du Syndicat national de la librairie ancienne et moderne. Celle-ci s’est offusquée du refus de Claude Bartolone, le président de la chambre basse, que la bibliothèque de l’Assemblée nationale expose, l’an prochain, sous les verrières du Grand Palais en raison du caractère prétendument « élitiste » du salon.

50 spécialistes du dessin
Éric Fosse est un libraire qui travaille uniquement sur rendez-vous et a enregistré, cette année au Grand Palais, une progression de 30 % de son chiffre d’affaires par rapport à l’édition précédente. Il présentait notamment cette année, à quelques mois du cinquantième anniversaire de la mort de Jean Cocteau, disparu le 11 octobre 1963, un ensemble de livres, lettres autographes et dessins de l’auteur des Parents terribles. Parmi eux, un beau poème autographe intitulé Hymne à la Grèce, accompagné d’un dessin au crayon figurant un portrait d’homme (3 500 euros). On pouvait admirer un autre bel ensemble de dessins et estampes de Jean Cocteau sur le stand de Dominique Bert. Le marchand parisien de la rue de Penthièvre était l’un des 50 galeristes spécialisés en estampes et dessins réunis dans la partie nord de la nef du Grand Palais. En raison de la crise, la taille des stands était plus petite que les années passées. Ce qui n’a pas empêché bon nombre de professionnels dont Annie Martinez-Prouté et Franck Baulme notamment de se réjouir d’un niveau d’affaires satisfaisant. « Ce salon est très enthousiasmant. Il nous permet de faire découvrir notre spécialité et de partager notre passion auprès d’un large public. Mais, c’est aussi un investissement financier important pour nous en cette période économiquement difficile », insiste Mireille Romand, la présidente de la Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°391 du 10 mai 2013, avec le titre suivant : SLAM - La librairie tient bon

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