Art moderne

Ranson, le Nabi oublié

Le Musée Maurice Denis organise sa première rétrospective

Par Jacques Dodeman · Le Journal des Arts

Le 7 novembre 1997 - 389 mots

Plus d’une centaine d’œuvres – tableaux, dessins, tapisseries, papiers peints, céramiques, marionnettes – illustrent toutes les facettes du talent mal connu de Paul Elie Ranson dans la première rétrospective qui lui soit consacrée, près de 90 ans après sa mort. Les musées français ont "raté" les Nabis, comme ils auraient raté les impressionnistes si quelques donateurs déterminés ne leur avaient forcé la main. La majorité des œuvres exposées viennent donc de collections privées et sont de ce fait largement inédites. La surprise n’en est que meilleure.

SAINT-GERMAIN-EN-LAYE. Celui qu’Agnès Humbert appelle le "Nabi oublié" avait resurgi à l’occasion de l’exposition des Nabis au Grand Palais en 1993, à travers une quinzaine d’œuvres, mais il fallait une exposition monographique pour apprécier véritablement la variété et la qualité de l’œuvre de Ranson, et l’importance de sa contribution au mouvement nabi. Ce n’est pas le moindre mérite du musée de Saint-Germain-en-Laye que de faire redécouvrir au public, année après année, les artistes clés du tournant du siècle. "Il n’y a pas de tableaux, il n’y a que des décorations", proclamait le Nabi Jean Verkade. Peinture sur le motif ou carton de tapisserie, quel que soit le support ou l’intention, on retrouve chez Ranson – que Maurice Denis qualifiait de "décorateur lyrique" – une totale adhésion à un système d’art décoratif où tout sujet devient matière à décor. L’arabesque est reine, le trait sinueux, le cerne japonisant et les motifs végétaux, annonciateurs de l’Art nouveau, se chargent volontiers de symboles. La volonté commune aux Nabis de supprimer toute barrière entre les arts “majeurs” et les arts appliqués joue ici totalement. Le Nabi oublié se révèle ainsi plus nabi que nature, et la primauté donnée à l’esprit décoratif est certainement sa contribution la plus intéressante au mouvement. Tous ceux qui ont été touchés par l’exposition des Nabis de 1993 doivent franchir sans tarder les 30 minutes de RER qui séparent Saint-Germain-en-Laye du Grand Palais.

PAUL ELIE RANSON (1861-1909), DU SYMBOLISME À L’ART NOUVEAU, jusqu’au 25 janvier 1998, Musée départemental Maurice Denis "Le Prieuré", 2bis rue Maurice Denis, 78100 Saint-Germain-en-Laye, tél. 01 39 73 77 87, tlj sauf lundi et mardi 10h-17h30, samedi, dimanche et JF 10h-18h30 ; représentations du Théâtre de Marionnettes de Paul Elie Ranson le dimanche à 16h30. Catalogue coédité avec Somogy, 216 p., broché 175 F, relié 250 F, ISBN 2-85056-297-1.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°47 du 7 novembre 1997, avec le titre suivant : Ranson, le Nabi oublié

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