Exposition

À Paris, en régions et dans le monde

Les expositions à ne pas manquer en 2023

Si l’époque est moins aux méga-rétrospectives avec des prêts venant de toute la planète, les musées feront encore une fois preuve d’inventivité en mettant en scène des artistes moins connus mais tout aussi intéressants ou en organisant des expositions thématiques inédites.

Johannes Vermeer, La Laitière, vers 1658-1659, huile sur toile, 45,5 x 41 cm © Amsterdam, The Rijksmuseum.
Johannes Vermeer, La Laitière, vers 1658-1659, huile sur toile, 45,5 x 41 cm
© The Rijksmuseum

PARIS | RÉGIONS | MONDE  

À PARIS

Germaine Richier, sculptrice moderne
Centre Pompidou, Paris. « Germaine Richier ». Du 1er mars au 12 juin.
L’œuvre de Germaine Richier (1904-1959), dont la place dans l’histoire de la sculpture est incontestable, est rarement exposée dans son ensemble. La rétrospective, qui réunira près de deux cents œuvres, tente de montrer que Richier est un chaînon entre Auguste Rodin et le premier César. Cette production plastique originale tend à abolir les frontières entre les espèces : l’animal se confond avec le végétal, l’homme avec l’insecte et des éléments de la nature éloignés de l’humain viennent s’incarner dans des formes anthropomorphes.

Elliot Erwitt par l’image
Musée Maillol, Paris. « Elliot Erwitt ». Du 23 mars au 15 août.
Le Musée Maillol aime la photographie. Après avoir accueilli l’étape parisienne du « show » Steve McCurry concocté par le producteur belge Tempora, il a fait de nouveau appel à ce prestataire pour une rétrospective du photographe américain né à Paris en 1928 et qui a longtemps travaillé pour Magnum (l’agence a d’ailleurs participé à la production de l’exposition). Erwitt a presque tout photographié (sauf les guerres) notamment les chiens qu’il adore, avec un point commun entre tous ces clichés : l’humour.

Haine et religion
Musée de l’armée, Paris. « La haine des clans. Guerres de religion, 1559-1610 ». Du 5 avril au 30 juillet.
C’est l’une des pages les plus sanglantes, et les moins glorieuses, du roman national français. Les guerres de religions du XVIe siècle feront l’objet d’un grand parcours aux Invalides. Le Musée de l’armée y retracera les mécanismes qui ont mené à cette guerre civile et présentera les grands protagonistes du drame, objets à l’appui. L’exposition sera aussi l’occasion de découvrir que fake news, pamphlet et images sensationnelles ne sont pas un outil de propagande nouveau dans les conflits : les guerres de religion en offrent un bon exemple.

Jeux de mains : Warhol et Basquiat
Fondation Louis Vuitton, Paris. « Basquiat x Warhol, à quatre mains ». Du 5 avril au 28 août.
Après l’importante exposition de Jean-Michel Basquiat (1960-1988) en 2018, la fondation proposera une partie moins connue de son œuvre, réalisée à quatre mains entre 1984 et 1985 avec Andy Warhol (1928-1987). Si les quelques toiles déjà présentées en 2018 n’ont pas vraiment convaincu, on attend les cent soixante œuvres à venir pour se faire une opinion sur cette collaboration. L’autre intérêt de l’exposition sera l’ensemble des travaux de Keith Haring, Jenny Holzer, Kenny Scharf, qui permettra de restituer la scène artistique new-yorkaise des années 1980.

Un combat de Titans
Musée d’Orsay, Paris. « Manet / Degas ». Du 28 mars au 23 juillet.
On connaît l’histoire du tableau d’Edgar Degas (1834-1917), Édouard Manet et sa femme (vers 1865) : la figure de Suzanne Manet au piano déplut au couple et Édouard Manet (1832-1883) découpa la partie de la toile où on la voyait. Furieux, Degas reprit le tableau. Les deux peintres eurent d’autres occasions de se fâcher et de se réconcilier. L’exposition montrera leurs profondes divergences artistiques, mais aussi l’admiration que Degas portait à Manet. Organisée avec le Metropolitan Museum of Art de New York qui la présentera ensuite, elle permettra de confronter certaines œuvres pour la première fois.

Sarah Bernhardt, monstre sacré
Petit Palais, Paris. « Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star ». Du 14 avril au 27 août.
Le portrait de l’actrice Sarah Bernhardt (1844-1923) peint en 1876 par Georges Clairin, est l’un des joyaux du Petit Palais. Le musée conserve aussi le buste qu’elle a sculpté de son ami peintre vers 1875, car elle était aussi une artiste plasticienne reconnue par ses pairs, tels Gustave Doré, Louise Abbéma ou Alfons Mucha parmi tous ceux qui l’ont représentée. L’exposition fera revivre à travers quatre cents œuvres, photographies, objets, documents ou vêtements cette star internationale qui fut le premier « monstre sacré » selon les termes inventés pour elle par Jean Cocteau.

Rétrospective Anna-Eva Bergman
Musée d’art moderne de Paris, Paris. « Anna-Eva Bergman. Voyage vers l’intérieur ». Du 31 mars au 16 juillet.
Anna-Eva Bergman (1909-1987) est plus que la femme de Hans Hartung. Pourtant, malgré quelques expositions et un cercle d’admirateurs qui s’étoffe, l’artiste norvégienne reste relativement méconnue en France. La grande rétrospective de l’ensemble de l’œuvre plastique (peintures, photos, dessins), essentiellement les paysages du Nord qui doivent plus à l’imaginaire qu’à la topographie, devrait changer cette situation. Les archives en provenance de la Fondation Hartung-Bergman, parfois inédites, contribuent également à l’intérêt de cette présentation.

Arts préhistoriques
Musée de l’homme, Paris. « Arts et préhistoire ». Jusqu’au 22 mai.
Et « Picasso et préhistoire ». Du 8 février au 12 juin.

Les créations artistiques de l’Homo Sapiens comme sources d’inspiration pour l’art contemporain ? Face aux chefs-d’œuvre de l’art préhistorique venus du monde entier, avec comme vedette incontestée la Vénus de Lespugue [voir ill.], découverte en Haute-Garonne en 1922, seront montrés des travaux de Jean Arp ou de Brassaï, ou encore un voyage dans le temps où des installations audiovisuelles plongeront les visiteurs dans l’espace des grottes. Le voyage sera prolongé par une quarantaine d’œuvres de Pablo Picasso, qui possédait un moulage de la Vénus de Lespugue.

Bellini et les autres
Musée Jacquemart-André, Paris. « Giovanni Bellini, influences croisées ». Du 3 mars au 17 juillet.
Dans la lignée de ses récentes expositions Renaissance, le Musée Jacquemart-André cherche les influences et les logiques d’ateliers derrière l’une des figures fondatrices de la Renaissance vénitienne : Giovanni Bellini (1430-1516). La pureté de la touche picturale et les compositions du peintre inspirent l’intemporalité, certes, mais Bellini appartient bien à son époque. C’est ce qu’essaiera de démontrer le musée parisien, en confrontant ses œuvres à celles de ses inspirateurs et de ses contemporains – Andrea Mantegna, Antonello da Messina –, en remontant le fil de ses influences jusqu’à Byzance et la peinture des Flandres.

Senghor et les arts
Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Paris. « Senghor et les arts ». Du 7 février au 12 novembre.
Le Musée du Quai Branly s’éloigne progressivement des expositions d’art au bénéfice des expositions de société. Avec celle-ci, il franchit un pas de plus pour s’intéresser à la politique et la diplomatie culturelle du premier président de la République du Sénégal. Léopold Sédar Senghor (1906-2001) fut un homme politique éclairé. Il a été élu à l’Académie française en 1983 pour ses poèmes et essais sur la négritude. C’est aussi une manière, en cette année d’ouverture de la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts, de rendre hommage à l’un des pères fondateurs de la francophonie.

Le monde comme il va (mal)
Bourse de commerce, Paris. « Avant l’orage ». Du 8 février au 11 septembre.
Le dérèglement climatique sert de toile de fond à ce nouveau cycle d’expositions qui investira l’intégralité de la Bourse de commerce en réunissant les œuvres, dont certaines inédites, d’une quinzaine d’artistes. Ce sera l’occasion de voir ou revoir des pièces phares de Pierre Huyghe, telles que (Untilled) Human Mask (mise en scène de la vie à l’œuvre dans un compost). Installations (d’Hicham Berrada, Diana Thater, Robert Gober), mais aussi peintures de Thu Van Tran, cocons végétaux d’Anicka Yi, hybridations d’Alina Szapocznikow entreront en résonance avec l’urgence d’une thématique d’actualité.

Gertrude Stein vue par Picasso
Musée du Luxembourg, Paris. « Gertrude Stein et Picasso, l’invention d’un langage ». Du 13 septembre 2023 au 21 janvier 2024.
Personnage mythique, Gertrude Stein, riche immigrée américaine, poète, écrivaine et mécène, est connue surtout à travers ses rapports avec l’avant-garde parisienne au début du XXe siècle et, en particulier, à travers sa rencontre avec Pablo Picasso. Son portrait, réalisé en 1905 par le peintre espagnol, ouvre déjà la période cubiste. À l’aide d’une trentaine d’œuvres et de documents, l’exposition reconstituera cette période qui aboutit aux Demoiselles d’Avignon (1907). Puis, elle présentera des travaux d’artistes inspirés par l’esprit libre de cette femme d’exception – Robert Rauschenberg, Fluxus ou Bruce Nauman.

La tournée Ramsès fait une halte à la Villette
Grande Halle de la Villette, Paris. « Ramsès et l’or des pharaons ». Du 7 avril au 6 septembre.
En 2019, l’Égypte avait suscité l’engouement de 1,4 million de visiteurs venus admirer les artefacts associés à Toutânkhamon sous la Grande Halle de la Villette. Cette fréquentation record sera peut-être égalée par un autre pharaon, Ramsès, qui prendra ses quartiers d’été dans le même lieu. Produite par la société privée World Heritage Exhibition, avec le soutien du Conseil suprême des antiquités égyptiennes, l’exposition montrera des objets originaux et fera neuf escales dans le monde. Une formule qui avait plutôt réussi à l’exposition « Toutânkhamon », spectaculaire mais sérieuse.

Chana Orloff chez Ossip Zadkine
Musée Zadkine, Paris. « Chana Orloff ». Du 15 novembre 2023 au 31 mars 2024.
Encore peu connue en France, Chana Orloff (1888-1968) s’installe à Paris en 1910. Elle fréquente l’Académie Marie Vassilieff où elle rencontre de nombreux artistes de Montparnasse et avant tout Amedeo Modigliani qui fait son portrait. Sans être une véritable rétrospective, l’exposition, chrono-thématique, proposera un dialogue entre l’œuvre de Chana Orloff et celle d’Ossip Zadkine. Les deux sculpteurs ont exploré, l’un comme l’autre, le portrait, le corps féminin ou le bestiaire. L’exposition est organisée en partenariat avec les Ateliers-Musée Chana Orloff, situés dans le 14e arrondissement à Paris.

Nicolas de Staël connu et inconnu
Musée d’art moderne de Paris, Paris. « Nicolas de Staël ». Du 15 septembre 2023 au 21 janvier 2024.
Trop souvent exposé, Nicolas de Staël (1915-1955) ? Outre les symphonies de couleurs éblouissantes qui séduisent le spectateur, l’homme jouit d’une aura mythique grâce à sa biographie romantique. La rétrospective parisienne, chronologique, mettra en scène non seulement ses œuvres phares, mais aussi les toiles et les dessins moins connus. Face au paysage, dans son atelier ou encore fasciné par un match de football, Nicolas de Staël reste un artiste inclassable. L’exposition devrait révéler quelques aspects encore méconnus d’un artiste qui a toujours travaillé dans l’urgence.

Le testament de Van Gogh
Musée d’Orsay, Paris. « Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois ». Du 3 octobre 2023 au 24 janvier 2024.
Soixante-treize tableaux, trente-trois dessins : la production de Vincent Van Gogh (1853-1890) dans les deux derniers mois de sa vie, à Auvers-sur-Oise, constitue un testament. L’exposition, coorganisée par le Musée d’Orsay et le Musée Van Gogh d’Amsterdam qui la présentera à l’été 2023, suivra le parcours du peintre arrivant plein d’enthousiasme dans le village jusqu’à la crise finale et au suicide. Cet acmé de l’œuvre sera analysé grâce à d’exceptionnels prêts publics et privés. Ce sera aussi l’occasion de replacer l’artiste dans son temps et de comprendre comment s’est construite sa postérité.

Gilles Aillaud du zoo à l’Afrique
Centre Pompidou, Paris. « Gilles Aillaud ». Du 4 octobre 2023 au 26 février 2024.
Gilles Aillaud (1928-2005), membre de la Figuration narrative, a eu comme thèmes de prédilection la représentation des parcs zoologiques et des paysages. Si son œuvre est à première vue peu chargée politiquement, le regard qu’il pose sur le monde animalier est une dénonciation de la manière dont l’homme traite les animaux en captivité. Ses toiles, qui semblent froides et distantes, ne manquent pas de poésie. L’exposition se concentrera sur les images de zoos et celles, réalisées en Afrique, où Gilles Aillaud, grand voyageur, a souvent séjourné.

Paris se met à table
La Conciergerie, Paris. « Paris, capitale de la gastronomie, du Moyen Âge à nos jours ». Du 13 avril au 16 juillet.
Au pied du sapin, le livre On va déguster Paris de François-Régis Gaudry était une valeur sûre du Noël 2022. Rendez-vous en avril 2023 pour découvrir l’exposition concoctée par le critique culinaire, accompagné par l’historien Loïc Bienassis et le chercheur en cultures culinaires Stéphane Solier. Sous-titrée « du Moyen Âge à nos jours », cette exposition gastronomique se tiendra dans les murs de la Conciergerie et bénéficiera de nombreux prêts d’institutions françaises pour dérouler l’histoire gourmande de la capitale.

Modigliani au prisme de son marchand
Musée de l’Orangerie, Paris. « Modigliani et son marchand, Paul Guillaume ». Du 19 septembre 2023 au 14 janvier 2024.
L’œuvre d’Amedeo Modigliani (1884-1920) séduit. Ses Cariatides, des figures de femmes proches de la statuaire antique, et surtout ses visages ovoïdaux aux yeux en amande plaisent au grand public. Le choix de l’Orangerie sera d’examiner les rapports de l’artiste avec le galeriste et collectionneur Paul Guillaume (1891-1934). Ce dernier, qui partage avec Modigliani un intérêt pour l’art africain et pour la poésie, s’investit dans la promotion de son œuvre. On ne compte pas moins d’une centaine de toiles et une dizaine de sculptures de Modigliani à être passées par les mains du marchand – dont certaines seront exposées au musée. 

EN RÉGIONS

Matisse vu par lui-même
Musée Matisse, Nice. « Matisse. Cahiers d’art. Le tournant des années 1930 ». Du 24 juin au 24 septembre.
Fidèle à sa vocation, le Musée Matisse à Nice continue d’explorer l’œuvre du maître, en se concentrant cette fois sur les années 1930. C’est à cette époque que la revue Cahiers d’art créée par Christian Zervos publie une monographie importante sur l’artiste (1936). C’est aussi le moment où Henri Matisse (1869-1954) commence à faire photographier les états successifs de ses tableaux, comme c’est le cas avec les vingt-quatre états photographiés du Grand nu rose [voir ill.] qui montrent la stylisation progressive de la figure. Conçue avec le Musée des beaux-arts de Philadelphie et le Centre Pompidou, l’exposition bénéficiera de prêts importants.

Bis Repetita
Centre Pompidou-Metz, Metz. « Répétition ». Du 4 février 2023 au 27 janvier 2025.
A priori, le terme de répétition s’accorde mal avec la volonté souvent affichée par les artistes d’aboutir à un chef-d’œuvre, unique et singulier. Partant d’une toile de Marie Laurencin, La Répétition (1936), le parcours mettra en scène les travaux des artistes contemporains qui exploitent les infimes variations d’un même thème ou motif. Persister, multiplier, accumuler, redoubler, recommencer sont parmi les gestes auxquels font appel des artistes dont les pratiques sont pourtant éloignées, comme Bernd et Hilla Becher, Aurélie Nemours, Jean-Pierre Pincemin ou encore Djamel Tatah.

Toutes les nuances de Maillol
La Piscine, Roubaix. « Aristide Maillol : la quête de l’harmonie ». Du 25 février au 28 mai.
La monographie d’Aristide Maillol (1861-1944) qui s’est tenue au Musée d’Orsay s’installera à La Piscine qui conserve son Île-de-France (1925) dans sa belle galerie de sculptures. Outre les statues du Musée d’Orsay, des jardins du Carrousel et de la Fondation Dina Vierny, le parcours montrera des prêts exceptionnels de la Fondation Oskar Reinhart de Winterthur (Suisse) ainsi que des dessins inédits. Il mettra aussi en valeur des aspects moins connus de son travail comme la peinture et les arts décoratifs. L’occasion de reconsidérer un artiste qui a fait du retour au classicisme un nouveau modernisme.

Alexandrie, antique et moderne
Mucem, Marseille. « Alexandrie : futurs antérieurs ». Du 8 février au 8 mai.
Présentée au Musée des beaux-arts de Bruxelles cet automne, cette coproduction franco-belge arrivera au Mucem en février. Prenant une ville pour thème, cette exposition aura pour ambition de battre en brèche les visions stéréotypées sur la ville fondée par Alexandre le Grand dans le delta du Nil. Pour la méthode, elle confrontera le très ancien – les vestiges archéologiques – au très contemporain – des créations de dix-sept artistes actuels. Un parcours qui résonnera avec « Connectivités », l’une des expositions permanentes du musée marseillais, consacré aux grandes cités portuaires de la Méditerranée.

Œuvres en miroir
Musée d’art de Nantes, Nantes. « Hyper sensible, un regard sur la sculpture hyperréaliste ». Du 7 avril au 3 septembre.
Au-delà du visible et de l’effet de ressemblance troublante, cette exposition s’intéressera à la dimension sensible des représentations hyperréalistes. En réunissant une trentaine de sculptures des pionniers du mouvement américain né dans les années 1960 et d’artistes contemporains tels que Gilles Barbier (né en 1965) ou Berlinde De Bruyckere (née en 1964), elle soulignera également le regain pour cet art figuratif centré sur l’être humain. Seule collection publique française à conserver une œuvre de Duane Hanson (1925-1996, voir ill.), le musée a obtenu d’importants prêts étrangers pour l’occasion.

L’art comme économie de moyens
Musée d’art de Rouen, Rouen. « Martin Barré, les œuvres de la Fondation Gandur pour l’art ». Du 11 février au 18 septembre.
Cette exposition se concentre sur la décennie, entre 1956 et 1967, au cours de laquelle Martin Barré (1924-1993) systématise sa quête d’un minimalisme pictural radical. Palette réduite à quelques tonalités de noirs et de bruns, formes concentrées, emploi parcimonieux de la matière, application directe des tubes de couleurs, usage novateur de la bombe aérosol… Parmi les quatorze œuvres présentées – mises à disposition par la Fondation Gandur pour l’art – figurera, pour la première fois depuis 1967, la maquette pour le rideau d’avant-scène de la grande salle de la Maison de la culture de Grenoble.

Dans les yeux de Méduse
Musée des beaux-arts, Caen. « Sous le regard de Méduse. De la Grèce archaïque aux arts numériques ». Du 13 mai au 17 septembre. « Une histoire de l’art condensée »,
voilà ce que proposera le Musée des beaux-arts de Caen à partir de la figure de Méduse. De Botticelli à Damien Hirst, de Rubens à Anish Kapoor, la figure mythologique sera présentée sous ses formes anciennes et modernes. En réunissant ces œuvres, le musée normand souhaite écrire une histoire de l’iconographie de Méduse, Gorgone mythologique qui a fasciné l’art occidental. Traversant les époques et les médias (peinture, sculpture, photographie, cinéma, jeu vidéo), le parcours réunira quatre-vingt-dix œuvres très différentes pour tenter de pétrifier le visiteur.

Redécouvrir Valadon
Centre Pompidou-Metz, Metz. « Suzanne Valadon. Un monde à soi ». Du 15 avril au 11 septembre.
Si elle n’a jamais cessé d’être exposée, Suzanne Valadon (1865-1938) n’avait pas fait l’objet d’une grande rétrospective en France depuis celle de 1967 au Musée national d’art moderne. C’est dire qu’en 1996, la présentation de près de cent cinquante peintures et papiers à la Fondation Pierre Gianadda (Suisse) a fait date. S’appuyant sur les collections nationales riches de ses œuvres, Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, mettra en valeur l’épopée romanesque et la modernité d’une peintre qui a su s’imprégner de l’art de ses grands contemporains pour créer un style personnel très puissant.

Voyage dans les ruines
Musée des beaux-arts, Lyon. « Les formes de la ruine ». Novembre 2023.
Paru en 2020, Une histoire universelle des ruines : des origines aux Lumières de l’historien Alain Schnapp a engagé une véritable réflexion sur nos vestiges. Au Musée des beaux-arts de Lyon, cette réflexion se prolongera sous la forme d’une exposition conçue comme un « périple dans les ruines ». Faisant dialoguer les diverses civilisations du globe, le parcours évoquera la mémoire, l’oubli, l’aspect politique des ruines et la contradiction entre matériel et immatériel.

Hockney, un peintre toujours de son temps
Musée Granet, Aix-en-Provence. « David Hockney, collection de la Tate ». Du 28 janvier au 28 mai.
En partenariat avec la Tate Gallery, qui prête la plupart des œuvres, le Musée Granet accueillera la dernière étape – après Bruxelles, Vienne et Lucerne – d’une rétrospective itinérante consacrée à David Hockney (né en 1937). Celle-ci embrasse l’ensemble de son parcours, des années 1950 à aujourd’hui et met en exergue les recherches de l’artiste britannique concernant la perspective et la représentation, une constante qui traverse son œuvre peinte, mais aussi gravée, ses dessins, et que l’on retrouve dans ses photographies et ses collages ou encore dans ses compositions plus récentes à partir de technologies numériques.

Albert Marquet pose sa palette en Normandie
Musée d’art moderne André-Malraux, Le Havre. « Albert Marquet en Normandie ». Du 22 avril au 24 septembre.
Qu’il s’agisse d’une toile importante achetée récemment Le Havre, le bassin (1906, voir ill.) ou de dix-huit autres travaux d’Albert Marquet (1875-1947) que le musée possède, l’exposition de ce « fauve timide » se justifie. La particularité de cette présentation sera de se concentrer sur la Normandie, une région qui a inspiré à l’artiste de nombreux paysages ou vues urbaines. Toujours un peu à l’écart des différents mouvements artistiques qui se succèdent, Marquet invente, sans le théoriser, une forme de réalisme discret mais obstiné.

Man Ray dans tous ses états
Palais Lumière, Évian « Man Ray (1890-1976), un Américain à Paris ». Du 1er juillet au 5 novembre.
Le public connaît surtout Man Ray (1890-1976) pour ses photographies dont certaines sont très célèbres (Le Violon d’Ingres), sa participation au mouvement surréaliste et ses nombreuses muses. Mais cet Américain amoureux de la France – il est inhumé au cimetière du Montparnasse – a aussi été peintre, graveur, cinéaste… Le Palais Lumière à Évian, qui s’est fait une spécialité d’accueillir des expositions grand public pendant la saison estivale entend montrer toutes les facettes d’un artiste attachant.

Gengis Khan, sans la Chine
Château des ducs de Bretagne, Musée d’histoire, Nantes. « Gengis Khan. Le grand échange mongol ». Du 14 octobre 2023 au 5 mai 2024.
L’exposition sur le maître des steppes devait se tenir en 2020 au château des ducs de Bretagne. Mais le partenariat avec quelques musées chinois permettait à la censure de Pékin de s’immiscer dans le programme. Pour l’institution nantaise, il était impensable de continuer dans ces conditions. Trois ans plus tard, ce projet prend forme avec un autre partenaire, la Mongolie, qui a prêté de nombreux objets jamais vus en Europe. Le parti pris est resté le même : mettre en lumière la Pax Mongolica qui suivit les sanglantes conquêtes, ouvrant la voie au développement du commerce, des arts et des sciences.

L’art de la Grisaille
Musée de Flandre, Cassel. « Quand l’art de Hans Op de Beeck rencontre les maîtres flamands ». Du 31 mars au 3 septembre.
Nouveau parcours permanent, dépôts importants venus de Valenciennes, de Versailles et de Dunkerque, trois nouvelles salles : en 2022, le Musée de Flandre de Cassel (Nord) a connu une petite transformation. Pour faire vivre cet accrochage tout neuf, c’est à Hans Op de Beeck (né en 1969) que le musée départemental a fait appel. La palette colorée des maîtres flamands sera ainsi opposée aux camaïeux de gris du plasticien belge. Une confrontation pas si étonnante : l’art de la grisaille appartient aussi à la Renaissance flamande. 

DANS LE MONDE

Abstraction et mysticisme
Tate Modern, Londres. « Hilma Af Klint & Piet Mondrian : formes de vie ». Du 20 avril au 3 septembre.
D’un côté Piet Mondrian (1872-1944), reconnu comme l’un des pères de l’abstraction. De l’autre côté, Hilma Af Klint (1862-1944), une artiste suédoise dont l’œuvre, faite de formes florales, géométriques et biomorphiques, est restée confidentielle jusqu’en 1986, date de la grande exposition de Los Angeles. Les deux artistes partageaient un intérêt commun pour les nouvelles idées en matière de spiritualité et de son rapport à l’art. Bénéficiant de prêts exceptionnels en provenance du Kunstmuseum Den Haag, ce rapprochement inédit offrira une vision originale des sources de l’abstraction.

Vermeer généreux
Rijksmuseum, Amsterdam. « Vermeer ». Du 10 février au 4 juin.
Quelques mois avant l’ouverture de l’exposition événement, ce sont trois nouvelles toiles qui rejoignent le catalogue raisonné très restreint (une trentaine d’œuvres) du peintre de Delft. Le Rijksmuseum a une promesse à tenir, tout comme le Louvre, en 2019, avec Léonard de Vinci : réunir le plus grand nombre d’œuvres de Johannes Vermeer (1632-1675) en un seul endroit. Avec ce corpus élargi, la tâche est facilitée. Associé à la préparation de l’exposition, le Mauritshuis de La Haye a bien voulu se séparer de la Jeune Fille à la perle pour quelques mois. Washington, Francfort, Dublin : rares sont les toiles de Vermeer hors des Pays-Bas qui manqueront à l’appel.

Jean Dunand, chercheur d’art
Musée d’art et d’histoire, Genève. « Jean Dunand l’alchimiste ». Du 18 mars au 20 août.
Figure majeure de l’Art déco, le Suisse Jean Dunand (1877-1942), installé en France, a gardé des relations avec son pays natal. Sa famille et lui ont permis au Musée d’art et d’histoire de constituer une importante collection de ses œuvres – vases de dinanderie, bijoux et accessoires laqués, panneaux décoratifs et paravent de laque, sculptures… Fortement influencé par l’art japonais, Dunand a notamment réalisé de grands décors du paquebot Normandie dont des maquettes seront montrées. L’exposition s’intéressera notamment à ses recherches techniques et stylistiques dans les domaines de la dinanderie et du laque.

Du visible à l’indicible
Pointe de la Douane, Venise. « Icônes ». Du 2 avril au 26 novembre.
Le statut de l’image et son caractère polysémique sont au cœur de cette exposition à Venise qui joue sur le dialogue implicite et historique entre les cultures de l’Orient et de l’Occident. Cet accrochage vaudra aussi pour les dialogues inattendus qu’il instaurera, au travers d’une sélection d’œuvres (peintures, vidéos, installations), entre des artistes emblématiques de la Pinault Collection, comme David Hammons et Agnès Martin, Danh Vo et Rudolf Stingel, Sherrie Levine et On Kawara… Un programme de performances complètera cette présentation.

Les Fauves
Fondation Pierre Gianadda, Martigny (Suisse). « Les années fauves ». Du 7 juillet 2023 au 21 janvier 2024.
L’exposition réunira plus de cent peintures, œuvres graphiques, céramiques et sculptures des collections du Musée d’art moderne de Paris complétée par quelques prêts d’institutions et de collectionneurs. Créées entre 1898 et 1910, les œuvres d’Henri Matisse, André Derain, Albert Marquet, Maurice de Vlaminck, Henri Manguin, Charles Camoin, Georges Rouault, Raoul Dufy, Kees van Dongen, Georges Braque ou Othon Friesz. témoignent de l’extraordinaire effervescence artistique de la période, de l’atelier Moreau au scandale orchestré du Salon d’automne de la « cage aux fauves » de 1905 et aux dernières cordées de travail dans le Sud, à l’Estaque.

Le roman des Rossetti
Tate Britain, Londres. « The Rossettis ». Du 6 avril au 24 septembre.
Dante Gabriel Rossetti (1828-1882), l’un des fondateurs du préraphaélisme, est aussi connu pour ses amours avec des femmes artistes belles, fortes et inspirantes. La première rétrospective que la Tate lui consacre racontera cette vie romanesque et permettra d’entendre des lectures de ses poèmes. On y verra également, pour la première fois, l’ensemble des dix-sept peintures et des dessins qu’a laissés son épouse, Elizabeth Siddal. Cette relation de douze ans s’achevant par la mort de la jeune femme reste pour les Britanniques un mythe qu’a chanté la sœur du peintre, la grande poétesse Christina Rossetti (1830-1894).

Le sphynx Léon Spilliaert
Fondation de l’Hermitage, Lausanne. « Léon Spilliaert. Avec la mer du Nord… ». Du 27 janvier au 29 mai.
Le clair de lune sur l’eau calme, la jetée fantomatique, les vagues mourant sur la plage, le sillage d’un bateau, l’ombre des constructions sur la digue, le port d’Ostende et ses mâts, une cabane sur la plage immense (cube blanc sur dégradé de gris), des femmes regardant le large… La mer du Nord fut le socle du Belge Léon Spilliaert (1881-1946) mais son œuvre, essentiellement sur papier ou carton, comprend aussi des natures mortes, des paysages ou des autoportraits que cette grande rétrospective présentera pour tenter de cerner un artiste étrange, envoûtant et à jamais énigmatique.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°602 du 6 janvier 2023, avec le titre suivant : Les expositions à ne pas manquer en 2023

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