Art contemporain

Farah Atassi se confronte aux avant-gardes

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2019 - 427 mots

CAMBRAI

Le Musée des beaux-arts de Cambrai a donné carte blanche à la peintre pour une exposition monographique en dialogue avec les collections.

Cambrai (Nord). Les occasions ne sont pas si fréquentes de voir les peintures de Farah Atassi (née en 1981). Celles exposées en ce moment au Musée des beaux-arts de Cambrai n’ont presque jamais été montrées en France. Il faut dire que le travail de cette jeune artiste, nommée pour le prix Marcel Duchamp en 2013, rencontre un vif succès. Aussitôt produites, les toiles quittent son atelier – plusieurs d’entre elles ont déjà été acquises par des institutions publiques.

À Cambrai, Alice Cornier, la directrice du musée, l’a invitée à concevoir une exposition en dialogue avec les collections. Ces dernières comportent en particulier un fonds emblématique de l’abstraction géométrique, courant qui offre d’évidentes correspondances avec le vocabulaire de formes simplifiées utilisé par Farah Atassi : l’artiste belge puise pour une part son inspiration dans les avant-gardes modernistes. Comme Malévitch ou Auguste Herbin, qu’elle convoque volontiers, Georges Braque fait ainsi partie de ses peintres de référence. Le tableau La Carafe et les poissons (1941), exposé dans la première salle, ne figure pas dans les collections de Cambrai, mais Farah Atassi tenait à sa présentation. Il s’agit d’un prêt du Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, en dépôt au LaM à Villeneuve-d’Ascq. Cette nature morte tardive établit avec Blue Collage (2015) « un lien moins direct que n’aurait pu le faire une toile de la période cubiste », souligne Alice Cornier. Car il ne s’agit pas tant ici de se livrer à une démonstration que d’ouvrir le regard à de nouvelles propositions formelles. D’ancrer aussi, dès le début du parcours, le travail de Farah Atassi dans une histoire de l’art que l’artiste ne cesse, littéralement, de mettre en scène. Plusieurs de ses tableaux dessinent d’ailleurs clairement les contours d’une estrade tapissée d’un motif. La profondeur de champ suggérée contraste avec l’aspect plan du « sujet » mis en avant, groupe d’objets (Circus, 2017) ou personnage (Nude in the Studio, 2016).

Marcelle Cahn, Sonia Delaunay, Geneviève Claisse

Dans la dernière partie du parcours, intitulée « L’atelier », une figure de peintre (The Painter, 2016) toise le visiteur. On pense, forcément, à Picasso. Pour lui faire la conversation, un Vasarely hésitant entre figuration et abstraction et une étude d’Aurélie Nemours, Les Lions (1973), interrogeant la question du rythme et de la répétition. Marcelle Cahn, Sonia Delaunay, Geneviève Claisse : Farah Atassi en profite pour rendre hommage aussi à ses aînées, parfois moins bien traitées par l’histoire de l’art. Au final, on la trouve ici en excellente compagnie.

Farah Atassi, œuvres en dialogue,
jusqu’au 17 mars, Musée des beaux-arts, 15, rue de l’Épée, 59400 Cambrai, www.villedecambrai.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°515 du 18 janvier 2019, avec le titre suivant : Farah Atassi se confronte aux avant-gardes

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