Le Nu, de Gauguin à Bonnard: Ève, icône de la modernité

Le musée du Cannet analyse la portée symbolique du nu féminin dans l’histoire de l’art de 1880 à 1950, à travers la figure d’Eve de Gauguin à Bonnard.

Archétype du nu féminin, la figure d’Eve est incontournable dans l’art occidental depuis la Renaissance. A partir du XIXe siècle ce personnage devient de plus en plus ambivalent et le prétexte à des représentations d’une intense sensualité. Personnification de l’éternel féminin, la première femme de l’humanité incarne tantôt l’idéal arcadien du paradis d’avant la Chute, tantôt la première pécheresse de l’histoire et l’essence même de la femme fatale. L’exposition du musée Bonnard du Cannet interroge la pérennité de ce thème dans l’art des Symbolistes aux Surréalistes. En effet chaque époque projette sur ce sujet ses propres fantasmes et aspirations. Si transposée par Gauguin dans un univers tropical Eve symbolise l’harmonie du paradis sur terre, les Fauves et les Cubistes lui confèrent, au contraire, une nudité primitive et débridée inspirée de la découverte des arts premiers. Enfin la résurgence de ce thème se manifeste jusqu’aux Surréalistes, chez qui la notion de péché est exacerbée dans des scènes éminemment oniriques et érotiques.