Décès du grand collectionneur d’art antique George Ortiz

Par Julien Rocha · lejournaldesarts.fr

Le 16 octobre 2013 - 435 mots

GENEVE (SUISSE) [16.10.13] – L’un des plus grands collectionneurs privés d’art antique et polynésien, George Ortiz, est décédé le 8 octobre 2013.

La Tribune de Genève a publié ce jour l’avis de décès de George Ortiz, décédé le 8 octobre 2013 et inhumé dans l’intimité familiale.

George Ortiz est né à Paris en 1927, issu d’une famille bolivienne aisée (son père était ambassadeur, sa mère fille d’un grand exploitant d’étain) et collectionneuse d’argenterie française du XVIIIe siècle. Après des études en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, il s’est installé à Genève, en Suisse, pour gérer les affaires familiales. Un voyage en Grèce en 1949 a provoqué sa passion pour l’art antique et son envie profonde de devenir collectionneur.

Sa collection comporte environ 1 500 pièces dont plus d’une centaine constituent des chefs-d’œuvre de première importance. Parmi elles, une statuette en bronze d’époque augustéenne représentant Ajax méditant son suicide, un rhyton bicéphale de Janus en argent partiellement doré du IVe siècle avant notre ère, un portrait indo-grec en marbre du IIe siècle identifié comme le prince du Gandhara Siddhartha Gautama, ou encore un torse en cuivre datant du XVIIIe siècle avant notre ère et représentant le pharaon Amenemhat III (XIIe dynastie). A partir de 1970 et un voyage en Nouvelle-Calédonie, Ortiz s’était également mis à collectionner l’art polynésien.

Centrée sur la figuration et principalement masculine (« l’homme est sacré, l’homme est au centre du monde »), sa collection est considérée comme l’une des plus importantes d’art antique en mains privées. Elle a fait l’objet de trois expositions dans les années 1990, en Russie (Ermitage de Saint-Pétersbourg et Musée Pouchkine de Moscou en 1993), à Londres (Royal Academy of Arts en 1994) et à Berlin (Altes Museum en 1996). Les quelques 300 œuvres qui y étaient exposées ont également été publiées dans un catalogue unanimement considéré comme une référence du genre.

George Ortiz s’était beaucoup investi dans la convention Unidroit (Institut international pour l’unification du droit privé) créé par l’UNESCO en 1995 comme une mesure pour lutter contre « l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels » . Il défendait ouvertement un marché de l’art libre qui seul pourrait « sauver [les] objets de la destruction » en les extrayant des lois trop restrictives et « utopiques » des Etats. Selon lui, les collectionneurs privés participent de la diffusion de la culture tout en étant garants de leur sauvegarde. « L’idée de considérer les œuvres comme des chiens perdus sans collier me déplaît », disait-il au Journal des Arts en 2001.
Rien n’a encore été évoqué concernant l’avenir de son importante collection.

Légende photo

George Ortiz présentant un buste de Demosthène (IIe siècle) de sa collection - Portrait paru dans Le Journal des Arts n°1 - Mars 1994

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