Architecture

Ascenseur pour les expos

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 22 février 2018 - 499 mots

PARIS

Alors que, depuis quatre décennies, il essaime ses projets aux quatre coins de la planète, y compris dans quelques villes de l’Hexagone, paradoxalement, Rem Koolhaas n’avait pas encore montré sa « patte » dans la capitale française.

C’est chose faite avec l’ouverture de la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette. Une « patte » dans un gant de velours cependant, tant le territoire d’intervention de l’architecte batave était contraint. L’institution, d’une surface totale de 2 200 m2 (dont 840 m2 pour les expositions), se glisse au cœur d’un îlot du Marais, dans un édifice de trois et quatre étages en forme de « U », datant du XIXe siècle et entièrement restauré pour l’occasion.

Afin de satisfaire aux critères du plan de sauvegarde des quartiers version 2012, le seul endroit possible pour y ériger une partie contemporaine était la cour intérieure située au centre de ce fameux « U ». C’est là précisément que Koolhaas a démultiplié son effort et son effet, optant pour une « tour d’expositions ». Cette haute structure de métal habillée d’immenses parois de verre autoportantes – donc sans aucun élément raidisseur – s’insère au ras du bâtiment existant, sur la totalité de l’emprise de l’ancienne cour. Elle loge un étonnant dispositif, « clou » de cette nouvelle institution : une « machinerie » composée de quatre plateformes, deux grandes (surface : 50 m2 chacune) et deux petites (surface : 25 m2 chacune), se déplaçant indépendamment, grâce à une motorisation embarquée, le long de six monumentaux poteaux métalliques équipés de crémaillères.

Ce système permet de modifier à l’envi l’espace intérieur en faisant « stationner », ou pas, lesdites plateformes mobiles dans l’alignement des planchers existants. Leur combinaison offre un large répertoire de configurations spatiales (quarante-neuf au total), augmentant de manière exponentielle la « fluidité » verticale. Lorsque toutes ces plateformes sont rassemblées les unes sur les autres au sol, le volume se fait maximal, arborant une hauteur sous plafond de 18 mètres. Cette « fluidité » de l’édifice fonctionne également de manière horizontale, en particulier au rez-de-chaussée. Ainsi en est-il de ce « passage public » qui relie l’accès « officiel », rue du Plâtre, à la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. Celui-ci traverse le bâtiment de part en part et reprend, paraît-il, l’exact parcours d’une servitude historique. Tout un chacun pourra ainsi traverser cet espace librement, s’y arrêter ou continuer son chemin. On trouve notamment, à ce niveau, une boutique et un restaurant. Le sous-sol dissimule, lui, un atelier de production de 350 m2 qui permet aux artistes invités d’y réaliser prototypes et/ou œuvres définitives.
 

à savoir

Pritzker Prize 2000, Rem Koolhaas, 73 ans, a fondé son agence Office for Metropolitan Architecture, en 1975, à Rotterdam. Il est, entre autres, l’auteur, en 2015, de la Fondation Prada, à Milan, installée dans une ancienne distillerie au sud de la ville.

à voir

Souhaitant mettre en avant les arts plastiques, la performance, la mode et le design, la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, qui ouvre le 10 mars, se veut « un espace d’exposition et de production artistique, un laboratoire de création, d’innovation et de recherche ».
Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, 9, rue du Plâtre, Paris-4e, www.lafayetteanticipations.com

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : ASCENSEUR POUR LES EXPOS

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