Fleur Pellerin succède à Aurélie Filippetti à la Culture

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 27 août 2014 - 507 mots

PARIS [27.08.14] - La promotion de cette brillante jeune femme, pur produit de la méritocratie est l’une des attractions du remaniement gouvernemental. Mais Fleur Pellerin va devoir très vite prendre la mesure d’un secteur complexe attentif au verbe.

Deux heures à peine après l’annonce de la nouvelle composition du gouvernement par le secrétaire général de l’Elysée, avait lieu la passation de pouvoirs rue de Valois entre Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin. La première, très souriante mais d’une voix parfois un peu tremblotante a eu à cœur de remercier tout le monde et de faire son bilan. Le discours de la seconde, tout aussi souriante mais qui parlait sans note et avec plus d’aisance, trahissait cependant son manque d’expérience dans la culture.

Chargée de l’économie numérique à Bercy jusqu’en avril 2014, puis secrétaire d’Etat au commerce extérieur et au tourisme, auprès de Laurent Fabius, dans le premier gouvernement Valls, Fleur Pellerin est manifestement plus à l’aise sur le terrain de la stratégie économique que sur celui de la création ou du patrimoine.

Mais on peut parier que cette belle mécanique intellectuelle va vite apprendre le vocabulaire qui sied dans un ministère « à part » comme elle l’a souligné. Née en Corée en 1973 puis adoptée par un couple de Français, Fleur Pellerin affiche un bagage universitaire impressionnant : diplômée d’une école de commerce (l’Essec) et de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, c’est aussi une ancienne élève de l’ENA (promotion Averroès) qui lui permet de rejoindre à seulement 26 ans la Cour des Comptes.

Elle entre en politique, sans jamais avoir affronté le suffrage universel, dès 2002 en étant l’une des plumes de Lionel Jospin. En 2007 elle s’engage dans la campagne présidentielle de Ségolène Royal. En 2012 elle est dans l’équipe de campagne de François Hollande.

Les chantiers qui l’attendent Rue de Valois sont nombreux. Si la formule peut paraître convenue, elle décrit bien la réalité. Dans l’immédiat elle va devoir procéder aux derniers arbitrages budgétaires dans son ministère avant la présentation en septembre. Une tâche moins difficile que pour Aurélie Filippetti qui a « bataillé » pour conserver un budget équivalent en 2015. Il lui faut très vite s’atteler au dossier des intermittents sur lequel elle n’a pas vraiment la main, puis remettre sur les rails la loi sur le patrimoine et celle sur la création, sans cesse repoussées. Il est naturellement un domaine où son expertise acquise dans ses deux précédents postes ministériels lui sera très précieuse : celui du numérique. Aurélie Filippetti n’a mis en œuvre aucune des propositions du rapport Lescure pourtant remis en mai 2013.

Ni politique, ni spécialiste de la culture, cette technicienne symbole de la diversité, de la jeunesse et de la réussite des femmes qui a su conquérir l’estime des entrepreneurs dans le numérique va devoir trouver le ton juste avec des acteurs culturels très sensibles au verbe. En 2010, une journaliste de Libération rapportait que Fleur Pellerin faisait des copies de tableaux de Hopper et Rothko qu’elle expose dans son salon. Un viatique sympathique mais un peu court.

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Fleur Pellerin - © Photo Lionel Allorge - 2012 - Licence CC BY-SA 3.0

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