Inde - Musée

Un nouveau musée audacieux en Inde

Par Alexandre Clappe · lejournaldesarts.fr

Le 23 février 2023 - 688 mots

BANGALORE / INDE

A Bengalore, le musée d’art se veut ouvert à toutes les communautés et en pointe dans l’utilisation du numérique.

Vue d'architecte du Museum of Art and Photography à Bengalore, Inde. © MAP
Vue d'architecte du Musée d'art et de photographie à Bengalore, Inde.
© MAP

Situé au cœur de Bangalore, une ville de 8 millions d’habitants du sud de l’Inde, le Museum of Art and Photography (MAP) a officiellement ouvert ses portes le 18 février. Premier grand musée privé de la ville, il vise à préserver le riche héritage artistique de l'Inde et à le rendre accessible au plus grand nombre. 

Le MAP était d’abord un musée en ligne. Conçu en 2020 par le mécène et collectionneur Abhishek Poddar - qui a fait fortune dans le commerce du thé et les explosifs miniers – ce qui était la première galerie d'art et de photographie en ligne de l'Inde est devenu, trois ans après son lancement numérique, un bâtiment de briques. Conçu par les architectes indiens Soumitro Ghosh et Nisha Mathew du cabinet Mathew & Ghosh basé à Bangalore, il s'étend sur cinq étages et 4 000 m². Il abrite cinq galeries, un auditorium de 130 places, une boutique, une bibliothèque, un centre de recherche et de conservation, un centre éducatif, et un restaurant sur le toit en cours de réalisation.

Les salles principales sont entourées d'enceintes opaques qui protègent les œuvres d'art de l'exposition aux rayons ultraviolets tout en assurant le contrôle de la température et de l'humidité. Les murs des zones de circulation sont en verre, donnant à voir la nature environnante. Quelques vitres offrent un effet chatoyant qui change de couleur en fonction de la lumière et de la position de l'observateur. La terrasse donne une vue imprenable sur la ville et le parc Cubbon de 120 hectares, l'un des symboles historiques de Bangalore.

De l'extérieur, le bâtiment fait penser à un réservoir d'eau post-industriel, peut-être un rappel des réservoirs de l'époque coloniale révolue de Bangalore (la ville est réputée pour ses nombreux espaces verts, elle est surnommée « la cité-jardin de l’Inde »). Le bâtiment s'élargit également au fur et à mesure qu'il s'élève, ce qui optimise l’espace par rapport à l’empreinte au sol et permet aux galeries du dessus d'être plus spacieuses avec un minimum de piliers.

La collection du MAP compte plus de 60 000 œuvres (dont environ 500 sont actuellement exposées au musée). Elles racontent l'histoire de toutes les communautés qui composent l'Inde. Les collections couvrent l'art prémoderne, moderne et contemporain, la photographie, les textiles, l'artisanat et le design, les traditions vivantes et la culture populaire, comme les affiches et les scénarios de films de Bollywood (l'industrie cinématographique indienne est la plus productive au monde). Sa collection de photographies est considérée comme l'une des plus riches du pays, avec des artistes et des œuvres du milieu du XIXe siècle à nos jours.

Dans le cadre de son programme inaugural, le MAP a dévoilé quatre expositions temporaires inédites. Parmi elles, « VISIBLE / INVISIBLE » examine le décalage  entre le rôle des femmes dans l'histoire de l'art indien et leur place dans l’espace public. Une exposition consacrée à Jyoti Bhatt présente plus de 160 photographies du graveur, peintre et photographe moderniste indien.

À l'intersection de l'art et de la technologie, le MAP se distingue par ses intégrations numériques. Dans l'atrium d'accueil, par exemple, des lampes numériques clignotantes, éclairées par des QR codes, rendent hommage à la tradition indienne qui consiste à placer une lampe près de la porte. De même, le personnage numérique de l’artiste défunt Maqbool Fida Husain (1915-2011) permet aux visiteurs « d'interagir » avec l'artiste. Des technologies telles que la modélisation 3D d’objets, les hologrammes, les projections interactives, les murs tactiles interactifs, et les recherches d'art et de motifs assistées par intelligence artificielle font partie des outils disponibles pour donner vie à chaque exposition et offrir au visiteur une expérience personnalisée. Un goût pour la technologie en cohérence avec Bangalore, capitale informatique du pays (parfois appelée la « Silicon Valley de l'Inde »).

Pour Abhishek Poddar et Kamini Sawhney la directrice du musée, l'ambition est que le musée d'art et de photographie puisse attirer la jeune génération grâce à ses médiations numériques. Plus de la moitié la population indienne a moins de 25 ans, un record mondial. 

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