Nomination

ONG DU PATRIMOINE

Mathilde Augé rouvre le bureau du WMF

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 28 septembre 2023 - 567 mots

PARIS

Le World Monument Funds a confié à l’ex-responsable de la programmation culturelle du French Institute de New York les commandes de son antenne française.

Mathilde Augé à Paris en juin 2023. © David Atlan
Mathilde Augé à Paris en juin 2023.
© David Atlan

Paris. Le paysage patrimonial français s’enrichit d’une nouvelle organisation : la branche française du World Monument Funds (WMF). À vrai dire, ce n’est pas une nouveauté, il y a déjà eu un bureau en France de 1989 à 2017 ; si la structure est restée en veilleuse après 2017, les projets engagés (une trentaine) ont continué à être soutenus, comme la restauration de la chapelle Saint-Joseph à l’église Saint-Eustache, à Paris, qui vient d’être inaugurée.

L’antenne parisienne de cette ONG américaine créée en 1965 a été confiée à Mathilde Augé qui, à 33 ans seulement, affiche déjà un parcours singulier. Normalienne, titulaire d’un master en histoire de l’art et diplômée d’HEC, elle est partie aux États-Unis en 2017 pour intégrer les équipes du French Institute Alliance Française. Contrairement à ce que laisse supposer son nom, cette structure est indépendante du réseau culturel français à l’étranger et fonctionne comme une fondation américaine avec trustees et financements privés. Mathilde Augé y a développé un programme de conférences avant de gérer toute la programmation culturelle.

Un fonctionnement d’entreprise

C’est cette expérience des modes de fonctionnement des fondations américaines qui a convaincu la présidente du WMF, Bénédicte de Montlaur, également française, de lui confier le bureau français. Car le WMF agit comme une entreprise avec des objectifs stratégiques, un fonctionnement très professionnel et un conseil d’administration (CA). Mais, à la différence d’une entreprise, ce sont les membres du CA qui financent la structure « voulant rendre à la société ce que la société leur a apporté », selon le canon philanthropique américain. En complément, l’ONG profite de la notoriété de son CA pour lever des fonds pour des projets d’envergure, ce qui lui permet de disposer d’un budget confortable d’environ 20 millions d’euros par an, pour financer une quarantaine de salariés et des programmes au long cours. En France, le CA accueille des personnalités telles que le prince Amyn Aga Khan, Maryvonne Pinault ou Stéphane Bern.

La présence de l’animateur de télévision ne signifie pas que le WMF se positionne dans le même registre que la Fondation du patrimoine qui est très active sur le petit patrimoine, notamment à travers la Mission Stéphane Bern. « Nous finançons plutôt des projets autour de 500 000 euros », explique la directrice, cela dans une logique d’opérateur sur le moyen et long terme. Ainsi le WMF est présent sur le site archéologique d’Angkor depuis 1991 et a contribué à restaurer de nombreux édifices. En ce moment, il participe à la construction d’un centre d’interprétation.

Le WMF privilégie les opérations d’envergure. Il vient ainsi de signer un partenariat avec l’Unesco pour inventorier le patrimoine juif à travers le monde, doté d’une enveloppe de départ de 1 million de dollars (à peu près la même valeur en euros). Et c’est grâce à une donation de 1,5 million de dollars de la Fondation Florence Gould que l’antenne française va être relancée. Les premiers bénéficiaires en seront le potager du Roi à Versailles où le WMF est engagé depuis longtemps. Mathilde Augé compte sur son CA et le comité d’experts qu’elle est en train de constituer pour choisir les futurs projets qui devront répondre aux trois enjeux que veut relever l’ONG dans leurs interactions avec le patrimoine : le changement climatique, le tourisme durable et la cohésion sociale.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°617 du 22 septembre 2023, avec le titre suivant : Mathilde Augé rouvre le bureau du WMF

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