Musée

Le tableau du Douanier Rousseau donné au musée de Laval était un faux

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 10 avril 2019 - 414 mots

LAVAL

Des expertises ont démontré que le tableau offert en 2017 par un mystérieux donateur ne pouvait pas être du peintre naïf.

Le cadeau était trop beau pour être honnête. La directrice du Musée des arts naïfs et des arts singuliers de Laval, a révélé le 8 avril que Paysage avec pêcheur attribué au Douanier Rousseau (1844-1910) et offert par un donateur anonyme en août 2017 est un faux. C’est ce que confirme une analyse du laboratoire du Centre de recherche et de restauration des musées de France. L’information est rapportée par la radio France bleu.

Dans un courrier qui accompagnait l’œuvre, le donateur justifiait ainsi son geste : « J’ai été désappointé par le fait que le musée ne possède que trois œuvres d’Henri Rousseau, natif de Laval. Je suis quelqu’un d’âgé et je n’ai pas d’héritiers, aussi ai-je décidé d’offrir à votre établissement le Paysage avec pêcheur ». Malgré un appel à se manifester publié par la commune pour « attester définitivement son authenticité [de l’œuvre, Ndlr] », le mystérieux mécène n’a jamais souhaité révéler son identité.

Lors de sa réception, la donation avait suscité engouement et méfiance. « Je n’ai rien vu de tel dans ma carrière, un tel don qui peut s’avérer exceptionnel » s’enthousiasmait alors Antoinette Le Falher auprès de l’AFP. Mais la directrice du Musée de Laval se disait également soucieuse d’obtenir « des informations sur l’historique de ce tableau : d’où provient-il, quelle collection, est-ce qu’il a été acheté en galerie, est-il passé par le marché de l’art ? »

Le faux tableau du Douanier Rousseau Paysage avec pêcheur
Le tableau signé Henri Rousseau Paysage avec pêcheur et donné au musée s'est avéré être un faux.
© Ville de Laval
Courtesy Ville de Laval

Des étiquettes au revers de l’œuvre signalaient que la toile était passée par la galerie Charpentier et la galerie A.M Reitinger. En octobre 2017, Antoinette le Falher avait entamé des recherches dans leurs archives. « Cette œuvre n’a jamais été exposée dans ces galeries », concluait-elle.

Le tableau a ensuite été analysé par le laboratoire du Centre de recherche et de restauration des musées de France. « La signature contient du blanc de titane, qui n’a été commercialisé que quelques années après la mort du Douanier Rousseau », expliquent les experts, qui ont également détecté de fausses craquelures sur la toile.

C’est la deuxième fois que le Musée de Laval reçoit un faux Douanier Rousseau. En 1970, l’institution avait exposé La Moisson du Château jusqu’à ce qu’il se révèle être aussi une contrefaçon.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, l’an prochain, le musée organisera une exposition sur la thématique du faux en incluant bien sûr les deux œuvres.
 

Thématiques

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque