Musée

Le nouveau cachet du Musée de La Poste

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 23 novembre 2019 - 821 mots

PARIS

Après quatre ans de travaux, le musée consacré à l’histoire postale et à la philatélie française rouvre le 23 novembre, dans une version plus lumineuse et modernisée.

Façade du Musée de la Poste avec la sculpture de Robert Juvin. © Photo Musée de la Poste/Thierry Débonnaire, 2019.
Façade du Musée de la Poste avec la sculpture de Robert Juvin.
© Photo Musée de la Poste/Thierry Débonnaire, 2019.

Rue de Vaugirard, dans le 15e arrondissement, un passant perdu dans ses pensées ne verrait pas la différence : en apparence, le Musée de La Poste a à peine changé. La façade de ce bâtiment daté du début des années 1970, œuvre conjointe de l’architecte André Chatelin et du sculpteur Robert Juvin, a cependant été nettoyée, faisant ressortir les cinq modules sculptés de ce mur aveugle, hommage à la taille-douce chère aux philatélistes [voir ill.]. Une mise en valeur conduisant la direction du musée à envisager, pour ces ornements, une demande de label « Patrimoine du XXe siècle ».

Ainsi préservée, la façade côté rue ne laisse rien deviner du bouleversement qui est intervenu à l’intérieur du bâtiment depuis sa fermeture pour travaux et son chantier lancé en 2015. Inauguré en 1973, le musée avait été l’objet d’une rénovation en 2000, obtenant l’appellation « Musée de France » en 2002. « Le bâtiment présentait des difficultés d’accessibilité et une modularité impossible, avec des quarts de niveaux extrêmement contraignants », explique Anne Nicolas, la toute nouvelle directrice du musée qui a pris la suite de Mauricette Feuillas, en poste pendant huit ans. Il fallait également mettre le bâtiment aux normes muséales et de sécurité pour ce musée resté aux portes du XXIe siècle.

Au centre, un « totem »

Le projet architectural a été confié à l’architecte Frédéric Jung, la muséographie à Claudine Dreyfus, dans un même groupement. L’agence Jung Architectures, à qui l’on doit la réhabilitation des Magasins généraux de Pantin en 2016, a mené la restructuration complète du bâtiment dans sa volumétrie d’origine. Si la façade côté rue a été préservée, celle donnant côté cour a été largement ouverte, offrant un point de vue sur l’environnement à travers de grandes baies. La lumière entre ainsi sur les trois plateaux des collections permanentes, compensant le caractère aveugle de la façade sur rue.

Au cœur du bâtiment, une colonne de verre haute de 20 mètres et large de 7 organise la circulation intérieure des visiteurs et distribue la lumière naturelle. Baptisée « totem » par les architectes, ce puits de lumière est sans doute la pièce maîtresse du projet, et sa complexité une des raisons du retard pris par le chantier, qui aurait dû s’achever en 2018 selon les premiers calendriers.

Suspendus dans la colonne, des modèles à taille réelle en fils métalliques évoquent les moyens de transport postal : une poussette de facteur, un fourgon hippomobile des Postes et Télégraphes, une nacelle de ballon-poste, un vélo, une pirogue postale de Guyane. Effet garanti pour annoncer la richesse et la grande variété des collections permanentes.

Celles-ci, divisées en trois plateaux thématiques s’étalant sur 1 000 m2, tendent vers une même idée, celle que la Poste, au plus près des bouleversements du XXe siècle, « a souvent été précurseur pour diffuser des services au plus grand nombre : le courrier, le téléphone, la banque », affirme Anne Nicolas. À la fois musée d’entreprise, musée d’art, d’histoire et de société, le Musée de La Poste assume sa spécificité.

Du cheval à l’aéronautique

Sur le plateau dénommé « La conquête du territoire », l’histoire des liaisons postales s’expose du cheval à l’aéronautique, entre cartographies anciennes, enseignes de relais, objets du monde postal. Sur le plateau « Des hommes et des métiers », le facteur côtoie les opératrices téléphoniques et les conseillers bancaires. Avec les 37 000 œuvres qui forment ses collections d’histoire postale, le musée a pu être généreux dans l’accrochage et la médiation écrite, fournissant explications claires et chronologies bienvenues dans le parcours. Des douches sonores et des écrans multimédias enrichissent encore l’offre de médiation à destination du grand public.

Le troisième plateau, intitulé « La Poste, l’art et le timbre », est divisé entre les collections philatéliques (le musée possède 450 000 pièces à fort intérêt patrimonial dont 370 000 pièces pour les seules archives de fabrication du timbre-poste français depuis 1849) et le fonds d’art contemporain, riche de 5 000 numéros. Travaux préparatoires à la création de timbres, mail art, street art, œuvres de commande ou en rapport avec l’univers postal, boîtes aux lettres détournées par des artistes : là encore, la diversité des objets et des œuvres frappe le visiteur. Au centre du plateau, un espace semi-fermé réunit 5 300 timbres dans un large panorama de la production philatélique qui prend naissance en 1949. La muséographie est prévue pour exposer la production de timbres de La Poste jusqu’en 2025.

Au rez-de-chaussée, l’espace des expositions temporaires accueillera deux manifestations par an. Avant la fermeture du musée, la programmation temporaire attirait un public nombreux. « Nous allons retrouver cet équilibre entre l’exploitation de nos collections et l’ouverture à des horizons plus éloignés, et entre histoire et modernité », indique Anne Nicolas. Ouvert dorénavant le dimanche, le musée compte bien retrouver très vite son niveau de fréquentation, qui s’établissait en 2014 autour de 160 000 visiteurs annuels.

L’Adresse – Musée de La Poste,
à partir du 23 novembre, 34, bd de Vaugirard, 75015 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°533 du 15 novembre 2019, avec le titre suivant : Le nouveau cachet du Musée de La Poste

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