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Le Girafe, carte marine et séduction rétro

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 23 février 2022 - 462 mots

Palais De Chaillot -  Un peu comme les Champs-Élysées, le Trocadéro est un endroit prisé de la capitale où les Parisiens qui ne vivent pas dans le 16e arrondissement se rendent rarement.

Il faut un prétexte. Celui qu’offre une proposition amicale de dîner au Girafe, le restaurant de la Cité de l’architecture et du patrimoine, est déjà une invitation au voyage. Logé dans une aile du palais de Chaillot, le bâtiment du musée est un monument au style années 1930 dans toute sa splendeur. Avec ses hauts plafonds à caissons, ses lourds rideaux de velours champagne assortis aux banquettes, ses colonnades aux boiseries claires, ses lustres géants, le restaurant, aménagé par l’architecte d’intérieur Joseph Dirand, affiche à l’unisson un glamour nostalgique que renforce, le soir, un éclairage sépia. Nous voilà à l’intérieur de la carte postale, avec vue sur la tour Eiffel qui scintille en bleu. Aux tables alentour, on parle espagnol, anglais et d’autres langues encore, dans une atmosphère cosmopolite et une propension aux selfies in situ qui renforce l’envie d’évasion. On se sent comme un touriste dans sa ville, et c’est d’ailleurs avec le regard d’un vacancier que l’on a détaillé dans la Galerie des moulages, où il est exposé ces jours-ci, le coq de la flèche de Notre-Dame « retrouvé le lendemain de l’incendie dans les décombres de la cathédrale ». On ne l’avait jamais vu d’aussi près. Ce détour par les collections du musée, au long de ses salles tendues de rouge carmin, permet de saisissantes confrontations, comme celle, face à ce portail de style Renaissance qui nous transporte d’un coup en Poitou-Charentes, où, apprend-on, l’église Saint-Maurice d’Oiron – il y a là-bas aussi un château étonnant – s’orne, du côté de son transept nord, d’un fronton que souligne un bandeau de guirlandes de fruits et de têtes de chérubins ailés, avec « des niches en plein cintre à coquilles, des candélabres, des arabesques et des salamandres couronnées, emblèmes de François Ier ». On ne saura pas, en revanche, pourquoi cette belle brasserie contemporaine à la carte marine de paquebot de croisière (homard, rouget, sole, turbot, bar, daurade et autres plateaux de fruits de mer) a choisi de s’appeler Girafe. Le thon mi-cuit, enveloppé d’algues et de sésame, fond en bouche et s’agrémente d’une délicieuse salade d’avocats grillés. Le poulpe tendre grillé vient accompagné de légumes de saison. On recommande en dessert le millefeuille à la vanille, qui oublie presque d’être sucré dans l’onctuosité de sa crème, ou l’ultime baba au rhum. Le lieu ne s’épuise pas en une seule fois : on peut choisir de s’installer le long de son spectaculaire bar en marbre ou, aux beaux jours, de réserver en terrasse, après avoir découvert les trésors du Machu Picchu, la grande exposition d’été de la Cité de l’architecture et du patrimoine.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : Le Girafe, carte marine et séduction rétro

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