Italie - Église - Restauration

Le baldaquin du Bernin de la basilique Saint-Pierre va être restauré pour la première fois

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 20 février 2024 - 484 mots

ROME / ITALIE

Le chantier doit s’achever d’ici à la fin de l’année en prévision du Jubilé 2025.

Le Bernin, baldaquin surmonte le maître-autel, basilique Saint-Pierre, Rome
Le Bernin, baldaquin surmonte le maître-autel, basilique Saint-Pierre, Rome

Rome. Plus qu’un simple monument, un véritable manifeste du mouvement artistique baroque. Mouvement au sens propre puisque les quatre colonnes cannelées et torsadées en bronze doré du baldaquin s’élèvent avec grâce en plein cœur de la basilique Saint-Pierre. Une vivacité empreinte de majesté que l’on doit à l’architecte et sculpteur Gianlorenzo Bernini, dit « le Bernin ». Urbain VIII lui confie en 1624 la supervision de ce qui sera l’un de ses plus célèbres chefs-d’œuvre. Les baldaquins, également appelés « ciboriums », apparaissent vers le IVe siècle dans les églises où l’autel semblait trop petit par rapport à la taille de l’édifice. La construction de celui de la basilique Saint-Pierre a duré neuf ans, pour s’achever en 1633. Sa valeur est hautement symbolique puisqu’il surplombe le tombeau de l’apôtre et premier pape. Son lointain successeur Maffeo Barberini n’avait pas lésiné sur les moyens et, pour obtenir le métal nécessaire, fait même enlever et fondre les sculptures antiques en bronze du Panthéon de Rome. Au nombre des sculpteurs, fondeurs et ouvriers spécialisés talentueux recrutés pour l’occasion figurait également Francesco Borromini.

Le monument qui célèbre ses 400 ans cette année sera restauré en vue de l’année jubilaire de 2025. Il n’avait connu qu’une légère restauration, s’apparentant plus à un dépoussiérage, au XVIIIe siècle. Cette fois, les travaux seront d’ampleur pour redonner tout son lustre à cette grandiose pièce. Elle mesure 29 mètres et pèse près de 60 tonnes. Au sommet des colonnes des anges d’une hauteur de 4 mètres domine la foule des fidèles qui se massent régulièrement dans la basilique.

Les Chevaliers de Colomb, organisation de bienfaisance active dans le monde catholique, se sont engagés à financer le chantier qui devra s’achever en fin d’année pour un montant total de 700 000 euros. La magnificence du baldaquin masque une certaine fragilité qu’une inspection minutieuse a révélée. Ses parties supérieures sont recouvertes de lourdes patines sombres constituées des substances graisseuses et particules atmosphériques qui se sont accumulées au fil des siècles. Certaines structures en bois seraient également en cours de décollement. Des dommages liés en partie à l’afflux massif de visiteurs dont le nombre atteint parfois jusqu’à 50 000 pèlerins et touristes par jour.

Pietro Zander, responsable de la nécropole et des biens artistiques de la Fabrique de Saint-Pierre, chargé de la restauration, précise que sera installée une sorte d’échafaudage en « poupées russes » qui englobera le baldaquin tout en laissant l’accès libre au maître-autel de la basilique. Une équipe composée d’une douzaine de personnes est à l’œuvre depuis ce mois de février pour rendre le baldaquin« aux fidèles dans son intégrité retrouvée et son éclat originel à l’occasion de la prochaine Année sainte que va lancer le pape François en décembre 2024 », promet-il. Le souverain pontife ouvrira alors la porte sainte inaugurant le Jubilé de 2025 qui devrait attirer quelque 30 millions de pèlerins à Rome.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°627 du 16 février 2024, avec le titre suivant : Le baldaquin du Bernin de la basilique Saint-Pierre va être restauré pour la première fois

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