Foire & Salon

Éditorial

Forward looking

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 3 février 2022 - 446 mots

PARIS

Notre éditorialiste explique pourquoi Art Basel a été préféré à la Fiac pour organiser une nouvelle foire d’art contemporain.

Le Grand Palais éphémère lors de la Fiac 2021. © Marc Domage
Le Grand Palais éphémère lors de la Fiac 2021.
© Marc Domage
Courtesy Fiac

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de la décision surprise de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais (RMN-GP) d’éjecter la Fiac au profit d’Art Basel. Le premier, le plus anecdotique, est qu’Emmanuel Macron n’a pas d’états d’âme. Le président qui avait pris l’habitude de convier le microcosme du marché de l’art contemporain à l’Élysée au moment de la Fiac n’a rien fait pour empêcher cette éviction. Chris Dercon, le patron de la RMN-GP a bien pris soin de nous dire que les six représentants de l’État à son conseil d’administration ont tous approuvé la décision.

Emmanuel Macron a validé cette révolution de palais – on n’imagine pas qu’il n’ait pas été consulté –, car le remplacement de la Fiac anticipe un possible changement en profondeur des foires d’art contemporain. Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Si RX France n’a pas été très habile dans sa gestion de l’appel d’offres, confirmant la réduction des équipes de la Fiac et de Paris Photo, et menant une rude campagne de lobbying, le fond de l’affaire est dans le futur. « On ne change pas une équipe qui gagne », dit l’adage. Reed devenu RX a fait du bon travail en replaçant la Fiac dans le peloton de tête des foires d’art contemporain, de sorte que sa disgrâce paraît étonnante.

Mais dans ce monde qui change à une allure incroyablement rapide, on ne peut plus se reposer sur ses lauriers. Il faut anticiper l’avenir – forward looking (*) disent les Anglo-Saxons –, comprendre les tendances, deviner les attentes des publics des salons et traduire cela en actions. Le numérique bien sûr, encore et toujours, la concurrence exacerbée avec les maisons de ventes qui sortent gagnantes de la crise sanitaire, mais aussi un changement de paradigme.

À l’heure où la mode, le luxe, le design et le cinéma s’emparent de l’art contemporain, il y a une opportunité pour les arts plastiques, à commencer par le marché et donc les foires, de s’emparer eux aussi de l’ensemble des arts visuels dans une manifestation qui de surcroît investit toute la ville. La Fiac avait su aussi mettre Paris à l’unisson de la foire, mais Art Basel dispose d’une expérience en matière d’articulation avec la cité (Miami, Bâle), d’une qualité d’exécution « suisse » et d’une capacité à se projeter dans le monde entier – ce que RX n’a pas su faire – qui ont emporté la décision.

Désormais, la pression sur les épaules de Marc Spiegler, le directeur d’Art Basel, est énorme. Le moindre insuccès sera sanctionné à mesure des attentes considérables qu’il a créées.

* Tourné vers l’avenir

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°582 du 4 février 2022, avec le titre suivant : Forward looking*

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