De Londres à Nancy, de 1848 à 1901, les capitales de l’Art nouveau

Par Michel Draguet · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2000 - 613 mots

1848, Londres. Création de la Confrérie des Préraphaélites, qui réunit Dante Gabriel Rossetti, John Millais et William Hunt et que ralliera ensuite Edward Burne-Jones. Marqués par la pensée de Ruskin, ceux-ci donnent au réalisme une dimension symboliste en jouant du sens caché des éléments représentés. À leurs côtés, William Morris développera une conception ouverte aux arts décoratifs comme expression d’un idéal gothique. La fusion de l’artisanat et de l’industrie constituera pour les Arts & Crafts le moteur d’un progrès voulu pour tous.

1889, New York. Révélé à l’Exposition universelle de Paris, l’œuvre du verrier Louis Comfort Tiffany influence de façon décisive les recherches des artistes européens, auxquels il sert aussi de modèle sur le plan de l’organisation industrielle ; il marquera le jeune Frank Lloyd Wright.

1893, Bruxelles. Alors que le Cercle des Vingt cède la place à la Libre Esthétique, ouverte aux arts décoratifs, Victor Horta donne naissance à l’Art nouveau en réalisant l’Hôtel Tassel. Il donne au style son inflexion végétale et fait de Bruxelles la première capitale de l’Art nouveau, avec des artistes comme Paul Hankar, Henry Van de Velde ou Philippe Wolfers.

1894, Paris. L’engagement des travaux d’Hector Guimard pour le Castel Béranger marque le début de l’Art nouveau à Paris, dans un style floral qui touche davantage à l’ornement qu’il n’influence la structure. À partir de 1899, ses réalisations pour le métro parisien marquent l’apogée d’un imaginaire lyrique nourri de formes dynamiques.

1896, Budapest. Les célébrations du millénaire de la fondation de l’État hongrois témoignent de l’essor de l’Art nouveau, qui se développe avec l’architecte Odön Lechner et le peintre et graphiste József Rippl-Rónai. Ces artistes sont liés à la France, et aussi à Vienne et aux grands centres allemands.

1897, Glasgow. Charles Rennie Mackintosh reçoit la commande de la School of Art de Glasgow. Entouré d’Herbert MacNair et des sœurs MacDonald, Mackintosh crée un style à la fois linéaire et symbolique.

1897, Munich. La création des Vereinigen Werkstätte für Kunst und Handwerk (ateliers d’art et d’artisanat) réunit des artistes comme Hermann Obrist ou Bruno Paul qui développent un style ornemental marqué par un lyrisme abstrait. Né à Munich, le mouvement se propage à travers le monde germanique avec, un an plus tard, la création des ateliers de Darmstadt qui, sous l’influence de Peter Behrens, se tournent vers la production de masse.

1898, Vienne. Gustav Klimt, Josef Olbrich et Josef Hoffmann fondent la Sécession, qui trouve dans la revue Ver Sacrum (1898-1903) un support actif. L’Art nouveau se défait peu à peu du lyrisme à l’œuvre chez un Otto Wagner pour privilégier une sensibilité géométrique inscrite dans le volume cubique et dans le jeu rigoureux de la ligne droite. En 1903, la création des Wiener Werkstätte témoigne de l’intérêt croissant des artistes pour l’art social. L’objet supplante alors l’architecture comme art total pour modifier le rapport au quotidien.

1900, Barcelone. Antonio Gaudí entame la réalisation du parc Güell. Avec Lluis Domenech i Montaner, il fait de l’Art nouveau un élément de l’identité catalane : la combinaison des matériaux, le jeu gothique des structures, la conception organique de l’édifice et les références à la culture mauresque caractérisent cette architecture ludique qui triomphe avec la construction de la Casa Battló (1904-1906) et de la Casa Milá (1905-1910).

1901, Nancy. Tardivement créée, l’École de Nancy ou “Alliance provinciale des industries d’art” traduit l’inquiétude de la création nancéienne devant le développement d’une industrie d’art allemande et viennoise. Autour de Gallé, les Daum et Majorelle innovent, tant dans le domaine du verre que du mobilier ou de la céramique, en créant un artisanat de luxe et de qualité dont les inventions sont ensuite déclinées en d’infinis produits à l’enseigne de l’art pour tous.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°100 du 3 mars 2000, avec le titre suivant : De Londres à Nancy, de 1848 à 1901, les capitales de l’Art nouveau

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