Art contemporain

Paris-4e

La machine à formes de Vera Molnár

Centre Pompidou – Jusqu’au 26 août 2024

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 26 mars 2024 - 305 mots

PARIS

Géométrie  - À l’entrée de l’exposition, modeste mais élégamment agencée, la lettre M est tracée sur le mur.

Plus précisément, ce sont quelques dizaines de M qui pratiquent une drôle de gymnastique. Pivotant sur elles-mêmes, les lettres deviennent E, W,Э ou tout autre signe, plus ou moins lisible. Ce choix n’est pas innocent – un hommage à Mondrian ou à Malevitch, les références majeures de cette artiste hongroise (1924-2023), ou tout simplement un clin d’œil autobiographique. Chez Molnár, l’humour n’est jamais loin. À commencer par les titres. Ainsi, avec la série 100 carrés poussés au bout (1976), le carré, sa forme fétiche, éclate et se transforme en une série de tracés qui se chevauchent. Ailleurs, elle nomme Molnaroglyphes (1975-1976), d’autres carrés qui en s’approchant et s’éloignant, forment des structures vacillantes. Avec elle, les lettres, les figures géométriques ou les lignes, sous une apparence ordonnée, voire rigide, ne sont jamais uniques, ni définitives. Molnár cherche à explorer les structures et les motifs répétitifs en utilisant la « Machine imaginaire », en quelque sorte un prototype de l’ordinateur qu’elle invente en 1959. À l’aide de programmes simples qu’elle met en œuvre à la main, étape par étape, l’artiste obtient des séries ou des variations sur un thème précis. Puis, à partir de 1968, Molnár a accès aux véritables ordinateurs pour générer des compositions selon les paramètres qu’elle définit. Pour autant, comme son ami François Morellet, elle ne laisse jamais le contrôle de ses œuvres aux seuls algorithmes. Le hasard ou le désordre qu’elle introduit à petites doses dans l’univers de la machine est la source de la poésie qui se glisse au sein de cadres stricts. Il faut croire que Molnár, qui affirmait être inspirée à ses débuts par le cubisme, connaissait la phrase de Georges Braque : « J’aime la règle qui corrige l’émotion. J’aime l’émotion qui corrige la règle. »

« Vera Molnar. Parler à l’œil »,
Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, Paris-4e.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°774 du 1 avril 2024, avec le titre suivant : La machine à formes de Vera Molnar

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