Disparition - Street art

Disparition du street artiste Nemo 

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · lejournaldesarts.fr

Le 28 septembre 2021 - 500 mots

PARIS

Célèbre pour ses silhouettes noires sur les murs de la capitale, Nemo s’est éteint le 15 septembre dernier à Paris. 

Œuvre du street artiste Nemo réalisée dans le quartier de Ménilmontant à Paris. © Jeanne Menjoulet, CC BY 2.0
Œuvre du street artiste Nemo réalisée dans le quartier de Ménilmontant à Paris.
Photo Jeanne Menjoulet, 2012

Les habitants du XXe arrondissement de la capitale sont familiers des personnages en noir de Nemo, qui ont orné leurs murs dès les années 1980. Le street artiste Christian Guémy (C215) rendait hommage, dans un tweet, à ce pionnier du street art français qui « peignait ses pochoirs monochromes et ses silhouettes à Paris au tournant du millénaire, avant Internet ». Nemo est décédé le 15 septembre dernier à l’âge de 63 ans.

Figure discrète de la scène street art française, Nemo, de son vrai nom Serge Faurie, est né en 1958 à Paris. Son pseudonyme a été choisi en référence au personnage de la bande dessinée Little Nemo in Slumberland créée en 1905 par Winsor McCay. D’abord enseignant en mathématique puis informaticien au sein d’une faculté de médecine, il fait ses débuts dans l’art urbain en investissant les murs de son quartier de Belleville. Il a réalisé son tout premier personnage lorsqu’il travaillait dans une pépinière d’entreprises. Il l’a ensuite reproduit dans les rues de son quartier, sur les murs du chemin vers l’école de son fils. 

Surnommé « L’homme à l’imperméable », le mystérieux personnage figuré en ombre chinoise, avec son imperméable et son chapeau mou, occupe toutes les fresques du peintre pochoiriste. L’artiste l’associait à des formes très simples qu’il voulait puissantes, permettant de faire jaillir des idées et des interprétations diverses chez les passants. Un chat, une valise ou un balai, représentés à l’aide d’une couleur primaire, rouge, jaune, bleu ou vert, venaient tour à tour égayer son bonhomme noir. 

En 2003 Nemo participe à la manifestation organisée par l’association les Lézards de la Bièvre et demande l’autorisation à Jérôme Mesnager de placer sa silhouette noire à côté d’un de ses personnages blancs, réalisé pour l’édition précédente. Suite à cette rencontre les deux street artistes ont collaboré sur plus de cent pièces. Il a également travaillé avec d’autres figures pionnières du street art comme l’artiste Mosko. Ensemble, ils réalisent L’Homme et la Girafe sur un mur du XXe arrondissement en 2013. La girafe de Mosko se voit associée à la silhouette noire et le ballon rouge de Nemo, inspiré du film le Ballon rouge réalisé en 1956 par Albert Lamorisse. 

L’artiste aimait susciter la surprise des spectateurs en choisissant comme support des murs abîmés, des portes condamnées ou des fenêtres murées, auxquelles il venait ajouter une touche de poésie. Ce travail, d’abord limité au XXe arrondissement de Paris, s’est exporté sur les murs de Bogota et de Medellín en Colombie où l’artiste a vécu de 1996 à 2000. 

Ses pochoirs ont été mis à l’honneur dans plusieurs événements dédiés à l’art urbain, ainsi en 2005 dans la section urbaine de l’Espace des Blancs Manteaux ou lors de l’exposition « Art Urbain - Mosko et Associés, Jérôme Mesnager, Nemo » en 2009. L’écrivain Daniel Pennac lui rendait également hommage dans un ouvrage intitulé Nemo paru en 2006. 

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