États-Unis - Disparition

Disparition de Faith Ringgold

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 16 avril 2024 - 556 mots

ENGLEWOOD / ÉTATS-UNIS

L’artiste afro-américaine et activiste féministe, connue pour ses œuvres engagées, s’est éteinte à l’âge de 93 ans.

L’artiste afro-américaine Faith Ringgold s’est éteinte samedi 13 avril à son domicile à Englewood (New Jersey), à l’âge de 93 ans. Son décès a été annoncé par ACA Galleries, sa représentante de longue date à New York. Fervente activiste engagée en faveur de la diversité et de l’inclusion, elle a placé les notions de genre, de race et de classe sociale au centre de son art. Au cours de ses soixante-dix ans de carrière, elle a expérimenté un grand nombre de médiums qui mêlent art et artisanat, à l’instar de ses représentations narratives peintes ou tissées qui immortalisent l’histoire afro-américaine.

Faith Ringgold est née en 1930 à Harlem, d’un père chauffeur de camion et d’une mère couturière. Diplômée de la George Washington High School, elle poursuit des études artistiques au City College de New York. Elle enseigne ensuite l’art dans les écoles publiques de New York, avant d’arrêter dans les années 1970 pour se concentrer sur sa pratique.

« Dans un monde où le pouvoir de s'exprimer ou de faire quelque chose est réservé à un très petit nombre, l'art m'est apparu comme un domaine où tout le monde pouvait le faire », avait-elle expliqué au Orlando Sentinel en 1992. Sa production artistique, d’abord exclusivement picturale, est marquée par un profond engagement politique. Ces toiles allégoriques, figuratives et colorées, explorent les relations interraciales et entre les genres en Amérique. En 1967, elle peint American People Series #20: Die, un tableau qui représente un enchevêtrement d’hommes, femmes et enfants noirs et blancs se battant, recouverts de sang. Ce tableau devient la pièce phare de sa première exposition personnelle, organisée la même année à la Spectrum Gallery de New York.

En parallèle, elle milite pour la reconnaissance des femmes et des Afro-américains dans le milieu de l’art. Elle cofonde notamment le Ad Hoc Committee of Women Artists, mouvement avec lequel elle manifeste devant le Whitney Museum pour une meilleure représentation féminine dans l’art. En 1970, elle est arrêtée pour sa participation au People’s Flag Show, une exposition contre la guerre du Vietnam qui conteste les lois interdisant aux artistes d’utiliser le drapeau comme matériau.

À partir des années 1970, Faith Ringgold se réapproprie des techniques traditionnelles en intégrant fils et tissus dans ses œuvres. Elle expérimente d’abord la sculpture en fabriquant des masques suspendus et poupées costumées, avant de réaliser Echoes of Harlem en 1980, un assemblage de visages d’Afro-américains. Ces œuvres, peintes à l’acrylique et bordées de tissu, comprennent progressivement du texte écrit. Sa plus célèbre, intitulée Tar Beach (1988), raconte l’histoire d’une fillette s’envolant dans le ciel nocturne et a ensuite été adaptée en livre d’images, devenu un incontournable de la littérature jeunesse. Elle a rédigé et illustré par la suite plus d’une douzaine de livres pour enfants.

A partir des années 2000, Faith Ringgold s’impose peu à peu sur la scène artistique internationale. Ses œuvres intègrent les collections du Metropolitan Museum of Art, du Guggenheim Museum, de l’American Craft Museum de New York et du Museum of Fine Arts de Boston. En 2022, le New Museum de Manhattan lui a consacré une importante rétrospective, qui a voyagé au Musée Picasso à Paris l’année suivante. Plus récemment, elle a fait l’objet d’une exposition au Museum of Contemporary Art de Chicago.

Faith Ringgold

Thématiques

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque