Disparition

Décès de l’artiste Per Kirkeby 

Par Stéphane Renault · lejournaldesarts.fr

Le 11 mai 2018 - 519 mots

COPENHAGUE / DANEMARK

Le « roi de la peinture danois » est mort le 9 mai, à l'âge de 79 ans, dans sa ville natale de Copenhague.

Figure majeure de l’art européen de l'après-guerre, sculpteur et réalisateur de films, Kirkeby a développé durant près de soixante ans de carrière un vocabulaire visuel très influencé par son observation de la nature à travers des oeuvres centrées sur les paysages, la lumière et la couleur. «  Les longues heures du coucher du soleil sont l’endroit où j’ai grandi  », avait-il déclaré.

Après avoir étudié l'histoire naturelle et la géologie à l’université dans les années 1950, il avait participé à plusieurs expéditions en Arctique et au Groenland. Ces dernières ont fortement inspiré sa palette chromatique et son style qu'il qualifiait lui-même de «  processus de sédimentation  ».

Après avoir rejoint l’Ecole d’Art Expérimental de Copenhague en 1962, abandonnant la géologie pour les arts, Kirkeby s'était lancé dans la performance (aux côtés de Joseph Beuys, Nam June Paik…) et l'architecture. En 1973, il avait produit sa première sculpture d'extérieur en briques, inspirée de l'architecture maya, découverte lors d’une expédition en Amérique centrale deux ans plus tôt.

Il y a quelques mois encore, on pouvait le saluer à Paris, déambulant en fauteuil roulant, poussé par Jean-Marc Bustamante, dans la cour vitrée du Palais des Etudes des Beaux-arts, qui consacrait une remarquable exposition à ces sculptures. Des blocs de briques, conçus comme le « squelette intérieur » de ses peintures, selon l’artiste. Soit le versant minimaliste de ses toiles abstraites lumineuses, dans une veine tantôt expressionniste, tantôt impressionniste dans leur évocation des Nymphéas de Monet, inspirées des promenades dans la nature de cet admirateur de Matisse et Turner.

Artiste mais aussi poète et essayiste influent (lire ses écrits d’artiste, Bravura, aux éditions Beaux-arts de Paris, 2017), ami du réalisateur Lars von Trier (ses tableaux servent d’ouverture au film Dancer in the Dark), il était membre de l’Académie depuis 1982 et a réalisé nombre de commandes publiques au Danemark, de la Bibliothèque royale au musée de Géologie, en passant par des costumes pour le Ballet royal.

Il a exposé régulièrement en Europe et aux Etats-Unis. Parmi ses plus importantes expositions muséales personnelles figurent celles au Van Abbe museum d'Eindhoven, à la Kunsthalle de Bern, la Whitechapel Art Gallery de Londres, le Musée Ludwig de Cologne, le Musée d'art moderne de Louisiana, Humlebæk, la Tate Modern, Londres, BOZAR Centre des Beaux-Arts, Bruxelles et les Beaux-arts de Paris.

Ancien professeur aux Beaux-arts de Karlsruhe, il a participé à la Biennale de Venise en 1976 et la Documenta 7 à Kassel en 1982.

Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques, notamment la Tate Modern, Londres ; le Centre Pompidou et le musée d’art moderne, Paris ; le Metropolitan Museum of Art, New York.

Très diminué depuis 2013 à la suite d’un accident vasculaire, il avait mis fin à sa carrière deux ans plus tard.

Représenté par la galerie Michael Werner, où il a exposé pour la première fois en 1974, l’artiste a fait don en 2004 de l’ensemble de ses archives au Kunstmuseum d’Aarhus. Il laisse une épouse et leurs quatre enfants.

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