Vols dans les lieux touristiques : 17 personnes jugées à Paris

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 2 septembre 2015 - 582 mots

PARIS [01.09.15] - Dans le flot des visiteurs, les pickpockets sévissaient dans les musées du Louvre, d'Orsay, au château de Versailles, ou à la tour Eiffel, parfois avec des complicités internes. Dix-sept personnes sont jugées à partir de jeudi à Paris dans une vaste affaire de vols dans les hauts lieux touristiques de la capitale.

Confrontés à une recrudescence des agressions commises par des voleurs qu'ils prenaient sur le fait, les agents du Louvre avaient même cessé le travail, entraînant en avril 2013 la fermeture du musée pour une journée.

L'émoi suscité par l'affaire fait craindre chez les avocats de la défense, à l'instar de Mes Thibaud Cotta et Julien Fresnault, un "procès pour l'exemple".

Avant même ce mouvement social, la direction du musée avait porté plainte au parquet de Paris en décembre 2012, dénonçant des vols perpétrés depuis 18 mois. Pour le seul mois d'août 2012, 138 vols, pour un préjudice total de 138.000 euros, ont été déclarés.

Lorsqu'ils étaient appréhendés par le personnel, il arrivait que les auteurs des vols se débattent, courent, ou même se déshabillent, provoquant le désordre dans les salles du musée.

L'enquête a permis d'interpeller des membres de deux équipes de voleurs, qui opéraient par groupes de deux ou trois personnes, pour distraire les victimes, fouiller poches et sacs, faire le guet.

L'une de leurs principales cibles étaient les touristes asiatiques, réputés pour avoir sur eux d'importantes sommes d'argent en liquide.

La plupart des prévenus, principalement originaires de Roumanie, ont contesté le caractère organisé des vols. Parmi eux figurent des "petites mains", mais aussi des donneurs d'ordres.

- Rencontrés en volant dans le même sac à main -

L'accusation met en avant de nombreux éléments recueillis pendant l'enquête, écoutes téléphoniques, achats de billets d'avions et locations de chambres d'hôtels en nombre, qui attestent une organisation structurée et supervisée.

Le produit des vols était majoritairement envoyé par mandat en Roumanie. Si les faits poursuivis concernent essentiellement l'année 2013, les investigations ont permis d'établir qu'entre 2005 et 2013, certaines des personnes mises en cause ont participé à 414 transferts d'argent, pour un montant avoisinant les 700.000 euros.

Parmi les prévenus, figurait un couple, qui s'était rencontré en volant dans le même sac à main en 1994 à Rome, propriétaire de biens immobiliers en Roumanie. Ils menaient un train de vie sans rapport avec leurs revenus officiels.

L'avocate de la jeune femme, Me Sophie Hagège, fait valoir que sa cliente a "énormément évolué" depuis 20 mois qu'elle se trouve en détention provisoire. Elle craint par ailleurs une stigmatisation, "qu'on juge tous les Roumains à travers ce dossier".

La page Facebook d'une autre jeune femme poursuivie dans l'affaire contenait deux vidéos montrant un bébé jouant avec des billets de 100, 200 ou 500 euros.

L'enquête a mis au jour des complicités au sein du personnel de sécurité au Louvre ou à la Tour Eiffel, sans pouvoir les identifier formellement.

En revanche, un agent de sécurité du château de Versailles doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris. Après avoir été, dit-il, menacé de mort par des "gens de l'est, des voleurs", approché par une jeune femme d'une trentaine d'années, il avait finalement accepté de fermer les yeux et même de livrer des renseignements sur la présence de ses collègues le plus efficaces.

Il a reconnu avoir reçu grâce à son concours au total 10.000 euros. Son avocat n'a pas souhaité s'exprimer avant l'audience.

Le procès doit se tenir jusqu'au 11 septembre devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Légende photo

Le bas de la tour Eiffel derrière des immeubles © Photo Romanceor - 2008 - Licence CC BY-SA 3.0 

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