ST-ART 2010 : courageuse mais un peu esseulée

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 1 décembre 2010 - 589 mots

STRASBOURG [01.12.10] – Malgré un aspect professionnel et convivial, ST-ART, la foire d’art contemporain de Strasbourg n’est pas encore à son optimum. C’est dommage car elle occupe un créneau essentiel sur le marché de l’art contemporain. Il suffirait pourtant que le milieu joue le jeu.

La foire d’art contemporain de Strasbourg vient de fermer ses portes sur un bilan en trompe-L’ŒIL. Elle affiche une baisse de sa fréquentation (24 000 entrées au lieu de 28 000, rapporte l’AFP) qui ne rend cependant pas justice de ses efforts. ST-ART n’entend pas rivaliser avec les grandes foires internationales, que sont Bâle ou la FIAC, elle n’en a pas les moyens et surtout le marché n’a pas besoin d’un énième salon de plus sur ce créneau. Elle souhaite surtout attirer les acheteurs de la région, l’Alsace et la Lorraine en premier lieu mais aussi l’Allemagne toute proche, Karlsruhe n’est qu’à une heure de voiture. Economiquement cela se tient, le bassin rhénan est riche, le tissu culturel est dense, et Strasbourg abrite le Parlement européen.

Mais pour cela il faut attirer des galeries de bonne qualité, promouvoir le salon et créer l’envie. Si le niveau augmente d’année en année, il reste encore quelques galeries médiocres qui jettent une ombre sur la manifestation. Philippe Meder, le directeur de la foire, et Patrick-Gilles Persin, son directeur artistique jouent la carte des délégations européennes : faire venir un ensemble de galeries d’une même région de l’Europe. Cette année Bucarest et la Catalogne étaient les invités et il faut souligner que les galeries barcelonaises ont fait des efforts. En particulier la galerie Manel Mayoral qui exposait plusieurs modernes, dont quelques Picasso. Alors bien sûr, ce ne sont pas des Picasso à 100 millions de dollars, mais ils « posent » la manifestation.

On trouve surtout des artistes contemporains français, et beaucoup de peintures. Ce n’est pas à ST-ART que s’exhibe la création la plus échevelée ou les stars internationales. La photo est faiblement présente et le dessin quasi inexistant. Un peu comme pour Art Elysées, l’un des Off de la Fiac, c’est le règne des Combas, Di Rosa et des peintres de paysages, notamment les vues urbaines. Le comble de la provocation est dévolu à la galerie Laurent Strouk (Paris) et ses tableaux érotisés de Gérard Schlosser, c’est dire.

Un signe ne trompe pas : de nombreuses galeries indiquent le prix de vente sur les cartels. C’est exactement ce que les visiteurs aiment. S’il y a quelques habitués qui ont un œil contemporain, on voit aussi beaucoup de primo collectionneurs plus attirés par une belle image que par un concept. Or c’est précisément ici que la foire trouve son positionnement et son utilité. C’est une foire sympathique qui décomplexe les visiteurs et leur donne envie de sauter le pas et de commencer une collection. Car le marché ne peut pas fonctionner qu’avec les seuls collectionneurs de l’ADIAF, il faut bien élargir l’entonnoir. Selon les organisateurs, plus de 900 œuvres auraient été vendues sur la foire.

Malheureusement la région ne joue pas collectif. La Ville et l’Agglomération, qui sont pourtant actionnaires de la Société d’Economie Mixte qui gère la foire préfèrent promouvoir le marché de Noël qui ouvre ses portes en même temps. Plus ennuyeux, les musées et centres d’art contemporains de la région semblent tenir la foire à distance, un mouchoir sur le nez.

Sur le papier, ST-ART présente de nombreux atouts, reste à convaincre l’establishment local pour lui donner plus d’ampleur. Et le ciel, d’être plus clément et de ne pas faire tomber de la neige.

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